ELMGREEN & DRAGSET LA PUISSANCE DE L’ABSURDE

ELMGREEN & DRAGSET THE ONE & THE MANY, 2010 TECHNIQUE MIXTE, 1020 X 921 X 821 CM – AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LES ARTISTES
THE OUTSIDERS, 2020 MERCEDES W123, FIGURES EN SILICONE, VÊTEMENTS, OEUVRES D’ART EMBALLÉES, OBJETS DIVERS, 140 X 455 X 194 CM – COLLECTION D. HOLDER
© ADAGP, PARIS, 2023 – © PACE GALLERY / PHOTO ANDREA ROSSETTI ET HÉCTOR CHICO

Une boutique Prada factice installée en plein désert texan en 2005, un collectionneur noyé flottant dans une piscine à la Biennale de Venise en 2009, un centre d’art contemporain transformé en foire d’art fictive à Pékin en 2016, une piscine en forme d’oreille géante dressée à la verticale au Rockfeller Center à New York, la même année, une voiture encastrée au milieu de la Galleria Vittorio Emanuele II à Milan, une ville de buildings miniatures renversée, accrochée au plafond de la Moynihan Train Hall, en plein coeur de Manhattan en 2021… les installations et environnements immersifs d’Elmgreen & Dragset ont marqué le monde de l’art contemporain au cours des vingt dernières décennies.

ELMGREEN & DRAGSET ALL DRESSED UP, 2022 FIGURE EN SILICONE ET DÉGUISEMENT, 37 X 207 X 25 CM – AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE DEARTMATTERS.
DIRECTION, 2023 BOIS, POIGNÉES, SERRURES ET CHARNIÈRES EN MÉTAL, 209,5 X 130,5 CM – AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DES ARTISTES
© ADAGP, PARIS, 2023 – © PACE GALLERY / PHOTO ANDREA ROSSETTI ET HÉCTOR CHICO

Invité à investir la grande nef, le forum et les toits des galeries du Centre Pompidou-Metz, le duo scandinave formé par le Danois Michael Elmgreen et le Norvégien Ingar Dragset revient en force pour nous déstabiliser. Reproduisant des environnements urbains peuplés de personnages en silicone très réalistes, absorbés par diverses activités, comme autant de protagonistes de récits à imaginer, ils parviennent toujours à en faire des espaces de désolation…

C’est que leur univers teinté d’ironie et de désinvolture, volontiers impertinent et burlesque, frôlant l’absurde, voire, parfois, le surréalisme, est aussi profondément mélancolique. Et souvent macabre. Ainsi de leurs adolescents pensifs enfermés sur des balcons accrochés dans le vide, de la porte ouverte sur un cadavre au milieu des alignements de compartiments métalliques d’une morgue, de lits superposés face à face ou de lavabos attachés par leurs tuyaux… Saugrenues ou morbides, ces installations sont destinées à bouleverser les repères sociaux et spatiaux ancrés dans notre inconscient collectif. « […] il est possible de changer […] les perceptions, les conventions esthétiques – en surprenant les gens », affirmait Elmgreen dans Artspace en 2020.

ELMGREEN & DRAGSET WHAT’S LEFT?, 2021 FIGURE EN SILICONE, VÊTEMENTS, CÂBLE DE TRACTION
ET BALANCIER, DIMENSIONS VARIABLES AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DES ARTISTES
© ADAGP, PARIS, 2023 – © PACE GALLERY / PHOTO ANDREA ROSSETTI ET HÉCTOR CHICO
ELMGREEN & DRAGSET, UNTITLED, 2011
ACIER, BOIS, SILICONE, TISSU, 343 X 457 X 218 CM
AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE : PERROTIN
PHOTOGRAPHE : GUILLAUME ZICCARELLI

OBSTRUCTIONS ET DÉSTABILISATION

Ainsi, Elmgreen & Dragset bouleversent nos repères spatio-temporels dès le début de l’exposition, en brouillant les limites entre l’intérieur et l’extérieur et en érigeant, au coeur du forum du musée, un HLM grandeur nature. Dans la grande nef, « la frontière entre fictif et réel s’estompe davantage » : proie d’un espace labyrinthique égrainant les scènes de la vie quotidienne, de la salle de théâtre aux toilettes publiques, en passant par un laboratoire, une salle de conférence, une morgue, une salle de surveillance et un bureau désaffecté, le visiteur découvre « un monde à la fois familier et inquiétant, où l’ordinaire est réinventé pour devenir extraordinaire ». « Comme dans un rêve (ou un cauchemar ?), des situations ordinaires suivent une logique incohérente où les règles n’ont plus cours. Dans une familiarité presque troublante, ces situations engendrent un sentiment d’inconfort et de malaise. L’étrangeté s’intensifie au fur et à mesure que le spectateur rencontre des personnages loufoques, tels un jeune homme endormi sur la table de la salle de conférence, vêtu d’un costume de lapin, ou un funambule qui a glissé et s’accroche à son fil d’une seule main 1. » Autant de « réalités fictionnalisées » et de situations incongrues pouvant évoquer les surprises et les embûches d’« un jeu vidéo à l’échelle humaine 2 ». D’où le titre de l’exposition : « Bonne chance »…

1 Chiara Parisi, commissaire de l’exposition (extrait du catalogue)
2 Elmgreen & Dragset, extrait de la conversation avec Chiara Parisi, publiée dans le catalogue de l’exposition

« ELMGREEN & DRAGSET – BONNE CHANCE » CENTRE POMPIDOU-METZ
1, PARVIS DES DROITS-DE-L’HOMME, METZ
JUSQU’AU 1ER AVRIL 2024
CENTREPOMPIDOU-METZ.FR
ET AUSSI À VENIR
« ELMGREEN & DRAGSET » GALERIE PERROTIN
76, RUE DE TURENNE, PARIS 3E
DU 14 OCTOBRE AU 18 NOVEMBRE 2023
PERROTIN.COM

Des experiences et une culture qui nous définissent

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