Pour sa première série en langue anglaise, le réalisateur mexicain oscarisé de Gravity et de Roma s’attaque à l’adaptation du roman à succès de l’autrice britannique Renée Knight, Disclaimer. Un thriller psychologique riche en secrets et en révélations, porté par la magistrale Cate Blanchett.
Catherine Ravenscroft est une journaliste de réputation internationale. Une femme puissante, comme l’ont été d’autres personnages interprétés par Cate Blanchett récemment – on pense évidemment à l’héroïne de Tár de Todd Field. Et comme Lydia Tár, Catherine Ravenscroft est persuadée d’avoir le total contrôle de son destin. Un fils et un mari aimant (Sacha Baron Cohen, méconnaissable), un grand appartement, une stature professionnelle respectée et enviée. Mais, un jour, elle reçoit à son domicile un livre dont l’un des personnages centraux lui ressemble énormément. Par l’entremise de ce personnage, le livre dévoile un secret terrible, profondément enfoui. Quelque chose qu’elle n’a jamais raconté à personne.
Comme dans tout habile thriller psychologique, Alfonso CuarÓn s’amuse à perdre le spectateur dans un labyrinthe d’intrigues a priori sans lien les unes avec les autres. Jusqu’à la fin du premier épisode où les choses commencent délicatement à se connecter. Le tout dans une mise en scène qui joue allégrement de la voix off littéraire – il est après tout question d’un livre aux graves secrets –, avec des effets de cinéma gentiment désuets (la fermeture à l’iris en guise de fin de séquence) qui peuvent rappeler les polars d’antan, variations hitchcockiennes ou adaptations d’Agatha Christie.
Il ne faudrait malgré tout pas se méprendre : le ton de Disclaimer est tout à fait sérieux, et son sujet très contemporain.
Ce terme même de « disclaimer », sorte de clause de non-responsabilité difficile à traduire en français, s’est popularisé ces dernières années dans les oeuvres de fiction littéraires ou cinématographiques : « Toute ressemblance avec des événements ou des personnes ayant réellement existé ne saurait être que fortuite. » Évidemment, il est tentant d’explorer le contraire. Et si ce n’était pas si fortuit que cela ? Et si la fiction était en réalité la seule manière de dire une certaine vérité enfouie ? Une jolie réflexion philosophique, qui sert évidemment surtout de prétexte au récit de l’effondrement d’une femme de pouvoir bien sous tous rapports, que l’on suit pas à pas avec terreur et plaisir, tant l’histoire est racontée d’une main de maître par un grand cinéaste et de merveilleux comédiens.
DISCLAIMER D’ALFONSO CUARÓN
SUR APPLE TV+ DEPUIS LE 11 OCTOBRE