SHSadler, un regard acéré sur la beauté

Le duo de photographes SHSadler, composé de Julia Sandberg Hansson et de Nic Sadler, joue à subvertir les concepts de beauté et à remettre en question l’esthétique prédominante de la société consumériste.

Fresh Meat (Miki) – ©SHSadler

Depuis quinze ans, la Suédoise Julia Sandberg Hansson et le Britannique Nic Sadler, connus sous le nom de SHSadler, confrontent l’omniprésence des normes occidentales, des standards de beauté, des diktats de l’apparence et de la culture consumériste. L’esthétique léchée, les couleurs vives et l’humour cinglant rivalisent ainsi au premier plan de leurs séries photographiques. À l’exemple de Fresh Meat, Messy Fruit, Mugshots et Clusters

« Toutes ces images peuvent être résumées en un seul objectif primordial », explique Nic Sadler. « Nous les pensons comme une forme de sculpture. Nous pensons aussi aux objets et aux personnes, mais pas à la photographie. Elles deviennent un enregistrement de ce que nous créons physiquement et de ce qui se passe dans ce processus. Nous avons un ensemble d’objectifs directeurs et restons ouverts à la sérendipité. » 

L’influence esthétique de l’image

Les deux virtuoses, installés à Los Angeles, remettent ainsi en question l’évolution sans cesse grandissante des pressions sociales à l’ère du numérique. Ensemble, ils combinent à merveille leurs visions, leurs compétences et leurs idées sur l’évolution du médium. 

Julia SH est diplômée de la Central Saint Martins et de la Slade School of Fine Art à Londres dans les domaines du film, de la vidéo, de la performance et des médias. Elle est récipiendaire de plusieurs prix en photographie. Nic Sadler, passé par la Curtin University à Perth, en Australie, agit également en tant que directeur photo pour des clips musicaux, des publicités et des longs métrages. Il a remporté un Emmy en 2018 pour son système d’application Artemis, dédié aux cinéastes et aux photographes.

« Quand nous étions enfants, la photographie était une activité onéreuse », rappelle Nic Sadler. « Les photos étaient prises avec parcimonie. Soigneusement composées. Dans une conscience de coût. Aujourd’hui, tout a changé. Elle est devenue démocratique. L’impact sur la société est dû au fait que les jeunes connaissent les mécanismes et la manière dont ils sont représentés. Cela leur donne un certain contrôle sur le processus. Et tout comme les mannequins du passé étaient des personnes pour qui l’apparence physique était une marchandise, c’est désormais un facteur dans l’identité des jeunes : leur image sur Instagram, Snapchat ou TikTok. Nous vivons à l’ère de la marchandisation de soi. C’est l’idée de base de Fresh Meat : quel est son point final ? »

L’aliénation de la perfection physique

Si Mugshots transcende l’idée de la photo d’identité, Fresh Meat est sans doute la plus satirique de leurs séries. La plus relayée aussi. Le duo explore cette folie obsessionnelle de la jeunesse, de la beauté, du selfie et des filtres dans la culture du paraître et de la (sur)consommation, et ses répercussions environnementales et alimentaires. À travers leur regard acerbe, elle ne semble être ici « qu’une question d’emballage et d’étiquettes adaptées ». 

Les visages grimés des modèles sont empaquetés dans du plastique comme des morceaux de viande au supermarché. Tout y est : la date d’expiration (4 numéros), le nom des femmes/produits (Emory, Bad Wolfy), le détail des ingrédients (yeux, glow, lèvres) et le prix HT et TTC. Ces images démontrent ainsi par leur exagération, dans ce découpage de tranches humaines, le délire inassouvi de l’apparence vaine et éphémère. 

Un thème très bien établi que le duo continue de développer dans ses futurs projets afin d’explorer plus avant « les représentations de la beauté et la combinaison d’influences dans une marchandise qui confronte ». À l’été 2025, tous deux ont prévu d’exposer leur travail à Los Angeles et à Ibiza.

shsadler.com

Fresh Meat (Outtake – 1) – ©SHSadler

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