Dans ses clichés, elle immortalise les traces des identités perdues avec une infinie poésie, réveillant le souvenir des Indes hollandaises en révélant ses fantômes à la manière d’un peintre du clair-obscur.


Contemplation, 2024
Diplômée de la Fotoacademie d’Amsterdam en 2019, Ilona Langbroek a plongé dans le passé de ses grands-parents pour nous faire ressentir un vécu universel. Retracée par sa série Silent Loss, l’expérience de leur déracinement, quand ils durent abandonner les Indes néerlandaises devenues la république d’Indonésie en 1945, pour gagner les Pays-Bas où ils se sentaient étrangers, renvoie métaphoriquement à la quête de nos origines diluées par le temps. Les photographies de l’artiste se présentent comme la réminiscence d’un monde évanoui devenu une vision de l’esprit. Tenant autant du rêve que de la réalité, elles agissent comme un révélateur du passé oublié, dont elles captent l’essence même. Une fenêtre s’ouvre dans l’espace et le temps, qui semble suspendu dans ces clichés empreints d’une douce mélancolie. Entre ombre et lumière, l’atmosphère devient vaporeuse, propice à toutes les manifestations. Présences absentes, des silhouettes de femmes vêtues avec sophistication, et dont les visages se dérobent, semblent attendre que la vie revienne dans les pièces silencieuses d’élégantes demeures désertées. Ici, une porte s’ouvre sur une pièce, qui dévoile une fenêtre donnant sur un jardin. Là, une enfilade de portes révèle une infinité de pièces… Soulignées par les lignes du parquet accentuant ces perspectives, ces mises en abyme créent une sensation d’éternité. Face à ces tableaux photographiques d’une grande minutie, on ne peut s’empêcher de penser à Vermeer. Laissant planer un certain mystère, les images laissent la part belle à l’imagination du spectateur, invité à un voyage mental qui le renvoie à ses propres nostalgies. Cette aventure introspective est favorisée par la sérénité émanant de la douceur des camaïeux aux tonalités neutres, où seules quelques fleurs reprennent les couleurs de la vie. Elles évoquent l’Asie, au même titre que d’autres détails subtilement distillés : un papier peint « aux Chinois », une ombrelle, une précieuse soierie, la coupe d’un vêtement ou encore un bijou. Précisément documentés par le travail préparatoire de l’artiste, ces éléments donnent corps à l’histoire, au même titre que les dentelles anciennes des corsages néerlandais, les coiffures élaborées, ou encore l’architecture d’un manoir du XVIIIe siècle. Le symbolisme des photographies d’Ilona Langbroek lève le voile sur des notions indissociablement liées à la mémoire, comme la perte et l’acceptation, l’identité et l’appartenance. Ses images invitent à une immersion poétique au cœur de la richesse des émotions humaines.
Longing for Insulinde #6, 2021
Mists of time #2, 2023
Nostalgia, 2023
ilonalangbroek.com
@ilona.langbroek
L’artiste est représentée par la galerie Bildhalle
bildhalle.ch
@bildhalle
« Blooming », exposition de groupe
Galerie Bildhalle
Stauffacherquai 56, Zurich (Suisse)
Du 10 avril à fin mai 2025
bildhalle.ch
The Photography Show
Présenté par AIPAD au Park Avenue Armory
643 Park Avenue, New York (États-Unis)
Du 23 au 27 avril 2025
aipad.com
Photo London
Somerset House
Strand, Londres (Angleterre)
Du 15 au 18 mai 2025
photolondon.org
Paris Photo
Grand Palais
3, avenue du Général-Eisenhower, Paris 8e (France)
Du 13 au 16 novembre 2025
parisphoto.com
PAN Amsterdam
RAI Amsterdam
Europaplein 24, Amsterdam (Pays-Bas)
Du 2 au 9 novembre 2025
pan.nl/nl
Art Miami
1 Herald Plaza (NE 14th Street & Biscayne Bay), Miami (États-Unis)
Du 2 au 7 décembre 2025
artmiami.com