Il y a des séries qui ne se contentent pas de distraire. Elles grattent, questionnent, obsèdent. Elles installent des climats, font naître des vertiges, révèlent des fêlures. Dans cette sélection “Acumen”, nous avons réuni cinq œuvres à la tension magnétique, qui placent leurs personnages face à des moments charnières.
Papillon Noir
Un écrivain en panne d’inspiration accueille un inconnu chez lui pour écrire son histoire. Mais ce qu’il croyait être une simple narration devient un engrenage mental. Papillon Noir s’inscrit dans cette tradition française du thriller à huis clos, où chaque regard peut devenir une menace, et chaque silence, une révélation. Le duo Niels Arestrup / Nicolas Duvauchelle livre un combat à mots feutrés, glaçant et captivant.

Mon Petit Renne
Inspirée de la véritable expérience de son créateur Richard Gadd, cette mini-série britannique trace la lente dérive d’un comédien harcelé par une femme qui s’immisce dans sa vie, ses failles, ses secrets. À travers cette autofiction viscérale, Mon Petit Renne explore la frontière troublante entre empathie et manipulation, entre victimisation et responsabilité. Rarement l’écran aura été aussi intime, et dérangeant, dans son approche du trauma.
Monstres
Derrière la figure du tueur en série ultra-médiatisé, Ryan Murphy livre un portrait glacial de l’Amérique urbaine des années 80, gangrenée par le racisme systémique, l’homophobie et l’indifférence policière. Portée par la performance magistrale d’Evan Peters, Monstres met mal à l’aise non pas tant pour ses crimes, que pour ce qu’ils révèlent : une société qui a laissé faire. Un thriller social au scalpel.
Love & Death
Au Texas, dans les années 80, une femme rangée tue son amie à la hache. Accident ? Légitime défense ? Crime passionnel ? Elizabeth Olsen, bouleversante, incarne Candy Montgomery, entre banalité domestique et rage contenue. Love & Death dissèque avec une lenteur chirurgicale l’hypocrisie morale d’une Amérique coincée entre Bible Belt et désirs enfouis. La violence surgit comme un cri étouffé depuis des années.
Sharp Objects
Adaptée du roman de Gillian Flynn, cette série magnétique suit Camille Preaker (Amy Adams), journaliste brisée, de retour dans sa ville natale pour couvrir des meurtres d’adolescentes. Mais l’enquête devient surtout un retour sur soi, un effondrement intérieur. Entre hallucinations, cicatrices invisibles et fantômes familiaux, Sharp Objects est un poème noir où la douleur se lit dans chaque plan, chaque silence.
Un chef-d’œuvre atmosphérique sur les traumatismes qui s’infiltrent dans les murs.
Des séries comme des états d’âme
Les cinq œuvres de cette sélection ont en commun de parler de vérités enfouies, de fractures intimes, de moments de rupture où rien ne sera plus jamais comme avant. Elles montrent des corps fatigués, des esprits hantés, des visages qu’on croyait connaître.
Ce sont des séries à regarder lentement, à ressentir plus qu’à consommer. Des séries d’introspection, où la fiction devient un miroir dérangeant.
Des séries de moment, comme aime les raconter Acumen.