Entrer dans une galerie. Entendre un « Bonjour ! » plutôt neutre qui semble venir d’un anonyme au visage caché derrière un immense écran d’ordinateur. Vous n’en aurez pas plus, si ce n’est le plaisir de découvrir par vous-même le travail des artistes exposés. Un accueil un peu froid, et pourtant assez commun, pour qui aime à s’aventurer dans ces temples de l’art. Une habitude que souhaitent modifier Laure Decock et Evelyn Simons, les deux fondatrices de RendezVous – Brussels Art Week, qui a agité la capitale belge du 4 au 7 septembre dernier.
Née sur les cendres de Brussels Gallery Weekend, cette manifestation tient à célébrer l’art, mais en proposant une formule plus accueillante. En témoignait The Tip Inn, épicentre de la manifestation, où était reproduit en version XXL un détail d’une œuvre de Jan Sanders van Hemessen, accompagné de guirlandes de miches de pain et de saucisses. En plus d’offrir un événement artistique furieusement chaleureux, RendezVous – Brussels Art Week rappelle la diversité et la qualité de ce qu’on peut voir dans la capitale. Tour du propriétaire.
« La Fin du Monde » d’Alfredo Jaar, à la Patinoire Royale Bach jusqu’au 23 décembre
L’artiste chilien Alfredo Jaar est connu pour ses réalisations aux concepts puissants et aux allures architecturales. Celles-ci abordent des sujets graves comme l’éthique, les droits de l’Homme ou encore des questions sociales. Dans le cadre de cette exposition bruxelloise, il se concentre sur l’industrie extractive, les chaînes d’approvisionnement de minéraux nécessaires aux instruments numériques et technologiques aujourd’hui indispensables à nos vies. Des matériaux dont la quête donne lieu à des drames écologiques comme l’extraction de lithium dans le désert d’Atacama, ou à des guerres pour le contrôle de ressources. Ainsi, l’œuvre exposée dans l’immensité de la nef de la galerie se compose de dix des minéraux les plus précieux au monde : le cobalt, les terres rares, le cuivre, l’étain, le nickel, le lithium, le manganèse, le coltan, le germanium et le platine. Le contraste entre la petitesse de la pièce et la vastitude de l’espace l’entourant est poignant et en fait une œuvre très forte.
« Still Lifes and Street Scenes » d’Alice Neel, chez Xavier Hufkens jusqu’au 22 novembre
Alice Neel, peintre américaine née en 1900 et décédée en 1984, n’avait pas d’atelier. Une absence qui se traduit par des vues intérieures de son appartement ou encore sur des extérieurs new-yorkais, dans sa production de 1928 à 1981. C’est durant cette même période que l’artiste connaît des drames personnels, qui semblent résonner dans certaines de ses toiles. L’exposition de la galerie Xavier Hufkens est l’occasion de poser un autre regard sur le travail de cette peintre, plutôt connue et célébrée pour ses portraits.
Riverside Drive, 1965
« Des géométries instables » de Brooklin A. Soumahoro et Léon Wuidar, chez Rodolphe Janssen jusqu’au 25 octobre
Brooklin A. Soumahoro et Léon Wuidar semblent ne pas avoir grand-chose en commun. Le premier est né en 1938 à Liège en Belgique où il vit encore, tandis que le second est né en 1990 à Paris et poursuit sa carrière à Los Angeles. Pourtant, grâce à la galerie rodolphe janssen, leurs toiles semblent joyeusement se faire écho. Quand le premier évoque l’abstraction géométrique, le deuxième aime à se plonger dans la répétition de triangles. Des œuvres qui convoquent leur enfance, rappelant un père tailleur à Liège pour l’un et les tissus colorés de la culture ivoirienne pour l’autre. Une abstraction qui n’est pas si vide de sens, et qui se raconte ici sur deux générations.
Léon Wuidar, 19 décembre 21, 2021, Oil on canvas, 46 x 38 cm, 18 1/8 x 15 in, (LWui1354), © Hugard & Vanoverschelde
« Slow Noise » d’Alain Biltereyst, chez QG Brussels jusqu’au 31 octobre
Alain Biltereyst se saisit de l’imagerie et du graphisme propres à l’univers du camion. Furieusement pop, ils sont ici capturés dans des peintures réalisées sur des panneaux de bois, pour devenir des œuvres d’art abstrait qui illustrent avec poésie le quotidien.
