Audeum, l’étonnant musée de l’audio à Séoul

L’architecte japonais Kengo Kuma signe, avec l’Audeum à Gangnam, quartier chic et moderne de Séoul, l’un des premiers musées dédiés à l’audio, qui va au-delà du concept muséal traditionnel. 

Depuis plus de trente ans, l’architecte japonais emblématique de 70 ans ouvre de nouvelles relations entre la nature, la technologie et les êtres humains. Avec son agence Kengo Kuma & Associates (KKAA), ses édifices, qu’ils soient publics ou privés, restent toujours proches des milieux naturels, utilisant souvent le bois et la pierre comme matériaux pour une harmonie avec l’environnement. Une exposition au Karuizawa New Art Museum à Nagano, au Japon, présente notamment jusqu’au 31 août certaines de ses œuvres qui sondent le thème du paysage. 

Mais ici, c’est l’Audeum à Séoul, en Corée du Sud, qui nous intéresse particulièrement. Ce bâtiment fait partie de ses plus récentes constructions. Et pas des moindres. Cette architecture, considérée comme « le premier musée de l’audio au monde », s’étend sur sept niveaux et un peu plus de 11 000 mètres carrés. Les différents intérieurs expérimentent les éléments visuels, la lumière, le vent et le parfum. « Ce n’est pas seulement un lieu pour écouter le son, c’est également un instrument architectural qui ramène les humains à un état naturel, leur permettant de faire l’expérience des cinq sens », explique le bureau de Kengo Kuma. 

Drapé de bois

La structure est ainsi composée de 20 000 tubes en aluminium qui créent des ombres changeantes, rappelant la portée des rayons de soleil dans une forêt de bambous. L’équipe de conception a disposé les tuyaux de manière aléatoire. L’effet vient harmoniser à la fois le désordre et l’ordre naturel pour mieux souligner la beauté et la puissance de la lumière qui change selon le climat, le temps, l’heure et la saison. 

Dans les salles d’exposition, Kengo Kuma utilise sa technique appelée « drapé de bois », qui diffère des finitions typiques de ce matériau naturel, soulignant sa douceur et son caractère. Ce procédé du drapage n’est pas seulement dédié aux murs en bois. Les arches de tissu translucides, qui se prolongent jusqu’au plafond, diffusent également une lumière légère avec leur forme organique et florale.

Les galeries sont ainsi rehaussées par les plafonds sombres et l’acoustique de la coque intérieure, quand les couloirs sombres créent un espace liminal dramatique grâce aux projections lumineuses de la façade.

Extérieur-intérieur

Depuis la rue, l’apparence structurelle incorpore tout autant les caractéristiques aléatoires de l’environnement urbain et de la nature dans l’architecture. La transition se fait d’ailleurs en douceur, entre l’aluminium dur en façade et le cyprès d’Alaska doux installé dans l’atrium du hall, dont l’odeur se répand agréablement dans les lieux. La finition en bois est en outre conçue dans un souci d’acoustique, créant un espace qui stimule tous les sens humains. 

Une autre salle, recouverte de finitions murales en tissu, met en valeur la capacité du matériau à transmuter la lumière et le son. Ailleurs, de magnifiques gramophones accueillent les visiteurs le long d’un couloir, conçu entre un mur en bois et de grandes vitres. Kengo Kuma joue ainsi superbement avec les matériaux dans des variations de verre et de miroirs. Des galeries immaculées aux espaces sombres, le matériel acoustique et les objets audiovisuels se font rois. 

Pour l’architecte japonais, le son joue un rôle essentiel dans « la guérison » du stress du quotidien. Avec l’Audeum, il remet ainsi en question la notion d’espace d’exposition, dépassant l’ambition curative du musée pour une expérience à la fois sonore et visuelle, symbolique et sensorielle.

kkaa.co.jp

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