Le somptueux palais du Belvédère à Vienne présente dans son espace muséal deux belles expositions autour de l’art de Gustav Klimt, l’un des maîtres de la Sécession viennoise.

© Belvedere, Vienna
Le Belvédère occupe une place centrale dans l’histoire du modernisme viennois, exposant depuis plus d’un siècle l’art autrichien dans un contexte international. La majorité des oeuvres de Gustav Klimt (1862-1918), dont Le Baiser et Judith en points d’orgue, et de celles d’Egon Schiele (1890-1918) et d’Oskar Kokoschka (1886-1980), font partie de la collection permanente de ce musée à Vienne, l’une des plus importantes d’Autriche.
En 2025, ce joyau baroque d’architecture propose de découvrir deux expositions, scindées dans ses deux grands quartiers, le Belvédère supérieur et le Belvédère inférieur, autour du travail de celui qui fut sans doute l’artiste le plus éminent de l’Art nouveau.
© Belvedere, Vienna
L’OR, LA COULEUR ET L’IA
La première exposition, « Pigment & Pixel », donne un nouvel éclairage sur la méthode de création et la pratique artistique du peintre autrichien. Le commissaire Franz Smola nous fait ainsi redécouvrir son art grâce à la nouvelle technologie. À commencer par la reconstruction hypothétique des couleurs de certaines de ses peintures, représentant ses « allégories de la philosophie, de la médecine et de la jurisprudence ».
À l’origine, ces toiles monumentales avaient été commandées pour le plafond du grand hall de l’université de Vienne, mais furent détruites dans un incendie au crépuscule de la Seconde Guerre mondiale. Google Arts & Culture, en collaboration avec le Belvédère, a reconstitué leurs couleurs grâce à l’intelligence artificielle sur la base de photographies en noir et blanc.
L’exposition revient également sur sa technique spécifique d’application de la feuille d’or, avec pour exemple l’emblématique Judith I (Judith et Holopherne) de 1901, imprégnée d’érotisme, de danger et de sainteté, l’une de ses premières oeuvres à incorporer cette valeur refuge.
GRAPHIC DESIGN: SCHIENERL D/AD, VIENNA
SA DERNIÈRE ALLÉGORIE
La seconde exposition, « In-sight », se concentre sur l’histoire et l’influence de l’oeuvre allégorique inachevée La Mariée, peinte entre 1917 et 1918, avant la mort inattendue et prématurée de l’artiste. Si elle était détenue par la femme la plus importante de sa vie, Emilie Flöge (1874-1952), sa muse et héritière, elle fut ensuite acquise par son premier fils illégitime, Gustav Ucicky. Aujourd’hui, elle appartient à la Fondation Klimt depuis 2013 et fait partie des oeuvres en prêt au Belvédère depuis 2014.
Dans cet accrochage, le curateur met ainsi en lumière la fameuse image du photographe Moriz Nähr, qui capture La Mariée et La Dame à l’éventail dans son dernier atelier au coeur de sa villa située dans le quartier de Hietzing à Vienne. Cet espace de création devient notamment le point central de l’exposition pour évoquer ses rencontres et ses amitiés importantes, comme ses homologues Egon Schiele et Felix Albrecht Harta, ses mécènes Eugenia Primavesi et Serena Lederer, ou encore le connaisseur d’art japonais Kijiro Ohta.
Figurent également ses esquisses au crayon qui mettent en contexte la toile et, surtout, des radiographies récemment réalisées sur le tableau, dont les résultats seront exposés dès l’ouverture.
« GUSTAV KLIMT – PIGMENT & PIXEL: REDISCOVERING ART THROUGH TECHNOLOGY »
BELVÉDÈRE INFÉRIEUR
RENNWEG 6, VIENNE (AUTRICHE)
DU 20 FÉVRIER AU 7 SEPTEMBRE 2025
BELVEDERE.AT
« IN-SIGHT: GUSTAV KLIMT. THE BRIDE »
BELVÉDÈRE SUPÉRIEUR
PRINZ EUGEN-STRASSE 27, VIENNE (AUTRICHE)
DU 15 MAI AU 5 OCTOBRE 2025