En mariant porcelaine et béton, ce tandem artistique parvient à une harmonie des contraires aussi symbolique que subtile. Reflet d’une nature en constante évolution, elle entre en résonnance avec l’âme humaine.
Portant le même regard sur le monde, en quête d’un idéal et d’une liberté de pensée qui ont nourri leurs pratiques artistiques, Yulia Batyrova et Marat Mukhametov ont choisi d’associer celles-ci en 2020, afin d’aller plus loin dans leurs recherches esthétiques. Ils se sont rejoints autour de la céramique, expérimentant diverses argiles et glaçures avant de s’enflammer pour la porcelaine, point de départ de leurs premières œuvres d’art. « Sa surface soyeuse, sa translucidité et sa délicatesse fragile correspondaient à tout ce que nous cherchions », expliquent-ils. Leur complicité s’est enrichie d’une nouvelle dimension en 2021, grâce à leur découverte de la forêt, seul espace de liberté dans un monde confiné. Expérience sensuelle et quasi mystique, ramenant l’échelle du temps à celle de la pousse d’un brin d’herbe et faisant prendre conscience de notre propre vulnérabilité, cette immersion a été ressentie par le duo comme une forme de libération intérieure, qu’ils cherchent désormais à retranscrire : « Nous avons vécu la joie de nous dissoudre dans la nature, que nous nous évertuons à comprendre de manière intuitive, à travers notre imagination et notre art. » Plutôt que de la représenter pour elle-même, ils cherchent à évoquer ce qu’elle incarne et à illustrer les émotions qu’elle provoque, comme autant de mouvements insaisissables figés dans leurs sculptures : « La nature transparaît seulement à travers du mouvement, de l’air et une lumière sur le point de s’évanouir. Non pas un objet, mais une trace de présence, de quelque chose qui a à peine existé, et dont il ne reste plus que l’écho. »
Texturée de mille et une manières pour prendre un aspect organique, adoptant des formes abstraites irrégulières qui semblent animées par une vie propre, la porcelaine se prête admirablement à ce jeu subtil de réminiscences. Semblant flotter en apesanteur, la forme aérienne se pose en équilibre sur une surface de béton avec laquelle elle contraste et interagit. Ce socle fait partie intégrante de la sculpture. Il participe à l’impression de mutation émanant de l’œuvre : fragile et évanescente, la porcelaine semble naître et croître spontanément comme une plante, à partir de l’ancrage métaphorique du béton. L’arrivée des artistes russes en France, où ils ont choisi de s’installer à la campagne, non loin des forêts propices à leur inspiration, a coïncidé avec un nouvel élan de créativité. Ils ont ainsi intégré de nouveaux matériaux à leurs œuvres, utilisant notamment des textiles pour donner un aspect givré à la porcelaine.
Début 2025, ils ont poursuivi leurs expérimentations, grâce à leur résidence artistique à l’Office culturel de Saint-Quentin-la-Poterie, dans le Gard, accueillant des céramistes du monde entier pour encourager l’innovation et la création contemporaine. Recherchant « un effet plus “pictural” et des teintes plus riches » que celles obtenues par l’intégration des pigments dans l’argile – jugées trop fades par les artistes, et ne pouvant pas être adaptées –, ils ont trouvé le moyen de rendre la porcelaine plus absorbante pour atteindre leur but. Les résultats obtenus étant prometteurs, la couleur est appelée à jouer un rôle plus important dans leurs futures créations. Dans le même contexte, ils ont eu tout loisir d’explorer le potentiel du silicone, qui « apporte une nouvelle vitalité et accroît l’impression de fragilité » de leurs œuvres mouvantes se déployant sans contraintes. En laissant s’exprimer la matière, le tandem poursuit ainsi sa quête d’harmonie, fil directeur de son art à la croisée de la céramique et de la sculpture. Après avoir exposé leurs dernières œuvres conçues en résidence à la 40e édition de Terralha – le festival européen céramique estival de Saint-Quentin-la-Poterie –, Yulia Batyrova et Marat Mukhametov se préparent pour d’autres expositions internationales, notamment grâce à l’accompagnement de la galerie Mia Karlova.
Représentés par Mia Karlova Galerie
La galerie Mia Karlova exposera les œuvres de Yulia Batyrova et Marat Mukhametov sur son stand, lors des salons suivants :
PAN Amsterdam
Amsterdam RAI
Hall 8, Europaplein, Amsterdam (Pays-Bas)
Du 2 au 9 novembre 2025
Les œuvres de Yulia Batyrova et Marat Mukhametov sont également présentes aux expositions suivantes :
63e Faenza Prize
MIC Faenza, Viale A. Baccarini, 19, Faenza (Italie)
Jusqu’au 30 novembre 2025
17e Biennale internationale de la céramique artistique d’Aveiro
Musée d’Aveiro / Santa Joana
Avenida de Santa Joana, Aveiro (Portugal)
Du 18 octobre 2025 au 18 janvier 2026
Never gonna snow again
Fungus Lunae
All that`s left of color
