Premier film posthume de Jean-Luc Godard, coproduit par le directeur artistique de Saint Laurent, Anthony Vaccarello, Drôles de guerres (surtitré Film annonce d’un film qui n’existera jamais) est une sorte de haïku pictural, musical et littéraire, dans la lignée des oeuvres les plus radicales du cinéaste.

Après un moyen métrage de Gaspar Noé (Lux Æterna), un documentaire d’Abel Ferrara (Sportin’ Life) et un court métrage de Pedro Almodovar Strange Way of Life), un autre nom respectable du septième art – et pas des moindres – vient ajouter une réalisation à la filmographie très arty de la branche production de la maison Saint Laurent : Jean-Luc Godard.

Fidèle à la dernière période du cinéma de Godard, ce court film de vingt minutes est un objet étrange, un art de collage plastique, où se mêlent photographies, photogrammes, peintures et citations littéraires, dans le sillage des fameuses Histoire(s) du cinéma (1988). On y retrouve aussi ces violons lyriques chers à l’auteur de Je vous salue, Sarajevo (1993), dans une bande son souvent coupée net et qui laisse une place généreuse au silence, qu’on retrouvait déjà dans Nouvelle Vague (1990), et qui compose ce style peaufiné par Godard depuis près de quarante ans.

Cependant, il n’y a pas dans Drôles de guerres cette voix off chevrotante du maître lui-même à laquelle le cinéaste nous avait tant habitués. On l’entend pourtant, dans ce qui semble une discussion de travail. Sa voix, mais aussi d’autres commentaires off et textes présents à l’image évoquent pêle-mêle un prix Goncourt oublié et divers pays qui sont autant de guerres : l’Algérie, l’Espagne et même l’Ukraine. Le tout donne un objet godardien radical, où chacun pourra comprendre ce qu’il souhaite, mais qui s’apprécie d’abord comme une peinture abstraite ou un ultime poème.

FILM ANNONCE D’UN FILM QUI N’EXISTERA JAMAIS : DRÔLES DE GUERRES DE JEAN-LUC GODARD
EN SALLES DEPUIS LE 8 MAI 2024

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