Fermé en 1807 sur ordre de Napoléon, cet ancien théâtre abritant des femmes aux mœurs légères renaît sous les traits d’un hôtel, aux usages plus convenables, sans pour autant oublier son passé sulfureux. Acumen vous raconte.

Théâtre aux propositions discutables puis couvent, le bâtiment situé au 6, rue de Saintonge dans le 3e arrondissement parisien semble avoir eu plusieurs vies diamétralement opposées. Après avoir accueilli le couvent des Filles-du-Calvaire, il ferme ses portes pour les rouvrir plus d’un siècle plus tard. Désormais classée, la bâtisse est aujourd’hui un hôtel qui répond au titre de Boudoir des Muses, ouvert depuis septembre 2024. Une identité singulière sur laquelle surfent les propriétaires de l’endroit. Cet ancien lieu de plaisirs est ressuscité via les nombreuses photos de jeunes femmes dénudées accrochées ici et là. Dans les couloirs des étages nous menant à notre chambre, un serpent, symbole évident de la tentation, vient orner la moquette. Pour ce qui est de la dimension théâtrale, elle est convoquée à travers les lourdes étoffes à franges que l’on retrouve un peu partout dans les parties communes, ou encore par le biais de quelques palmiers artificiels qui viennent recréer une sorte de palmeraie sous verre. Quant à « l’ambiance couvent », elle est à retrouver dans les « chambres d’inspiration monacale », dans ce podium en forme de croix qui trône en plein milieu du bar, mais aussi, de manière plus ou moins subtile, dans le cocktail Le Verset du 6.9 qui vous est servi non pas dans un verre, mais dans une flasque dissimulée dans un livre pseudo-religieux. Enfin, des ogives, sous forme de miroirs et de niches, viennent nous rappeler également le passé religieux de l’hôtel, tout comme des inscriptions en latin tirées de l’Apocalypse.
Si l’on n’est pas totalement conquis par cette esthétique bien particulière, la carte des cocktails saura nous séduire. Parmi nos préférés, La Flamme du Péché, avec bourbon et amaro, ou encore le très rafraîchissant Les Fleurs du Mâle avec tequila, piment frais et mezcal. Ils sont à déguster sous la coupole en verre et acier d’époque Directoire, au centre d’un étonnant atrium bordé de coursives qui distribuent les différentes chambres. En plus de ses suites plutôt efficaces, l’hôtel offre un vrai plus, ses bains privatifs. À retrouver au sous-sol, ils sont au nombre de deux. Le premier, Vénus, propose bain à remous et sauna, tandis que Hédoné (nom de la déesse du plaisir) nous offre hammam et piscine. Cette dernière se niche sous une voûte de pierres, dans une semi-pénombre, et invite à un vrai moment de détente. Un temps à apprécier avec quelques coupes de champagne ou d’autres cocktails aux titres inspirés.
Boudoir des Muses
6, rue de Saintonge
Paris 3e











