Sous les lumières de la Paris Design Week Factory, les objets Indalo ont immédiatement frappé par leur présence sculpturale et la poésie de leurs matières. Balais qui deviennent des compositions colorées, bougeoirs taillés dans la pierre à savon, vanneries métamorphosées en pièces de design contemporain : tout ici respire l’inventivité et l’élégance.

Plus qu’une exposition, Indalo est une véritable expérience esthétique, où l’artisanat traditionnel d’Eswatini rencontre la créativité de designers internationaux. Cet échange donne naissance à des collections hybrides, à mi-chemin entre œuvres d’art et objets du quotidien, capables de séduire les amateurs de design comme les professionnels les plus exigeants.
En Swati, « Indalo » signifie à la fois « nature » et « créer ». Une définition qui résume à merveille la philosophie de ce collectif : transformer des savoir-faire ancestraux en pièces contemporaines sans jamais rompre le fil de la tradition.
Né d’une initiative de l’International Trade Centre (ITC) et soutenu par l’Union européenne, Indalo accompagne des artisanes d’Eswatini dans la création de produits au potentiel international. Matériaux naturels, gestes anciens et design global s’entrelacent pour redéfinir la fonction, la forme et l’usage.
Au cœur de cette alchimie se trouve le lutindzi. Cette herbe sauvage, à la fois robuste et souple, récoltée de façon durable dans les montagnes d’Eswatini, se prête à un travail plastique d’une richesse infinie. Tressée, teintée, sculptée par les mains expertes des artisanes, elle devient support d’exploration artistique autant qu’outil utilitaire.
Les coopératives Siyaphambili Handcraft (« aller de l’avant ») et Indzaba Yami (« mon histoire ») insufflent leur créativité, donnant à voir des pièces dont chaque fibre a quelque chose à raconter.
La collection « Umtsanyelo », inspirée des balais traditionnels, illustre cette fusion entre mémoire et imagination. Avec le concours des designers parisiennes Delphine Mériaux et Agathe Pautrot, ces objets du quotidien se réinventent en véritables icônes design, arborant des lignes audacieuses, des couleurs éclatantes, des finitions précises.
La série « Tihlangu Tekukhanya » (« boucliers de lumière »), née de la collaboration entre le sculpteur Mnqobi Mnisi et la designer Sharon Venancio, sublime quant à elle la pierre locale en candélabres sculpturaux, à la fois fonctionnels et chargés de symboles.
Cette approche singulière n’a pas échappé aux observateurs avertis. Lors de la Paris Design Week Factory, les créations Indalo ont non seulement conquis le public, mais aussi retenu l’attention des rédacteurs du magazine Acumen, toujours en quête de projets capables de marier esthétique, innovation et impact culturel. Une reconnaissance qui confirme la force artistique de cette aventure collective.
Derrière la beauté des pièces se dessine aussi une transformation sociale. En trois ans, le nombre d’artisanes impliquées est passé de 15 à 25. Les ventes à l’international, du Canada à Taïwan, ont amélioré leurs revenus et ouvert la voie à la construction d’un atelier indépendant. Un signe fort pour les jeunes générations, qui voient désormais dans ces métiers une perspective d’avenir durable.
Les prochaines collections, parmi lesquelles des tabourets réalisés avec un menuisier local, ou de nouvelles lignes de brosses, promettent de poursuivre cette dynamique entre usage et art.
Indalo va au-delà de l’exposition d’artisanat. C’est une initiative esthétique et sociale, qui prouve que l’alliance entre savoir-faire local et design contemporain peut engendrer de nouvelles écritures visuelles tout en renforçant l’autonomie des communautés.
Avec son ancrage dans l’artisanat durable et sa projection sur la scène internationale, Indalo s’impose comme un acteur incontournable d’un design global et conscient.