La deuxième édition de ce salon du design, sise au cœur du jardin des Tuileries, a su conjuguer passé et présent, innovation et excellence, continuant de faire le pont entre les mondes de l’architecture, de l’art et de la mode. Zoom sur cinq collections.
Matter and Shape a marqué son retour en grande pompe à Paris pendant la Fashion Week de mars. Ce nouveau salon du design a rendu cette année hommage au 100e anniversaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Cet événement a popularisé l’Art déco, ouvrant la voie à l’innovation moderniste, l’expression artistique et la fonctionnalité industrielle.
Matthieu Pinet, fondateur et directeur de Matter and Shape, en collaboration avec Dan Thawley, directeur artistique, journaliste et éditeur australien, ont ainsi fait honneur « aux projets ambitieux et aux pavillons nationaux qui ont essaimé dans le centre de Paris il y a cent ans ». Et particulièrement au Pavillon de l’Esprit nouveau, conçu par Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Amédée Ozenfant.
Une cinquantaine d’exposants, de tout pays, ont ainsi dévoilé pendant quatre jours leurs pièces et collections en design industriel, d’objet et d’intérieur, tout en s’alliant à la mode et aux arts décoratifs. Le salon a investi deux espaces éphémères du jardin des Tuileries, avec deux pavillons face à face sur 5 000 mètres carrés. Matter and Shape poursuit savamment son approche transversale du XXIe siècle entre tradition, innovation et nostalgie en répondant aux préoccupations culturelles et artistiques.
© Masayuki Hayashi – Flow painting, Daisuke Yamamoto
Daisuke Yamamoto
Le designer japonais a présenté sa collection « Flow painting ». Ce projet est issu de sa série « Flow », basée sur le concept de création d’un cycle de vie fluide des matériaux. Il s’agit d’une méthode de reconstruction de matériaux qui minimise les déchets industriels. En résultent des meubles à l’état brut. Daisuke Yamamoto utilise des matériaux récupérés sur des sites de démolition dans un processus appelé « scrap and build ». Cette collection fait acte de restauration, se concentrant sur l’acier léger (LGS), le matériau le plus utilisé et le plus éliminé. Il continue ainsi d’utiliser des matériaux sans les jeter et d’explorer cette esthétique née de l’unicité et de la couleur des matériaux. Le thème présenté était « Blossom », où chaque fleur détenait une âme à fleurir.
Jeremy Maxwell Wintrebert
L’artiste et designer franco-américain se démarque avec ce superbe lustre, tout de verre vêtu, son matériau de prédilection. Lui ayant donné le nom Marie-Antoinette, en référence aux perles de la reine, Jeremy Maxwell Wintrebert (JMW) revisite cet objet historique et culturel de la noblesse, explorant l’histoire monarchique et révolutionnaire de la France. Ici, il fait le choix de le décrocher de sa hauteur, le laissant flotter juste au-dessus du sol. Avec le verre, il veut lui donner une vision plus libre, plus poétique, plus contemporaine. Il nous invite à reconsidérer « l’objet lui-même » et « notre relation à la matière, à l’espace et aux récits esthétiques » dans l’histoire du design et l’imaginaire collectif. Son travail dans l’art du soufflage à main levée ne cesse ainsi de repousser les limites artistiques au sein de son studio, qui fête cette année ses dix ans d’existence.
SolidNature x Marte Mei
La marque de pierre naturelle a collaboré avec l’artiste et designer néerlandaise pour une collection durable qui vise à réduire les déchets et à repenser les matériaux. Ces créations transforment ainsi la pierre naturelle récupérée en pièces contemporaines. Marte Mei a développé une technique permettant de scanner et de retravailler des fragments brisés pour concevoir de nouveaux motifs. La collection présente un banc et une table basse, fabriqués à partir de fragments de pierre soutenus par des cadres en chêne massif. S’ajoute la lampe Mark, une réinterprétation du modèle en porcelaine de Marte Mei, réalisée dans l’onyx translucide de SolidNature. La collection allie ainsi des tons naturels et sereins à des touches dynamiques et colorées.
NM3
La marque milanaise, spécialisée dans le design industriel et adepte du fonctionnalisme (solution de problème) et du modernisme (forme d’expression), a exposé une série de modèles entre table basse, canapé et paravent. Les fondateurs Francesco Zorzi, Nicolò Ornaghi et Delfino Sisto Legnani se sont fait connaître à travers leur combinaison de matières premières entre acier, aluminium, marbre et verre. Le studio joue avec l’esthétique moderniste, la précision géométrique et l’élégance fonctionnelle. Leur philosophie continue ainsi de s’inspirer des lignes strictes et minimalistes de Ludwig Mies van der Rohe et de mettre en valeur l’extraordinaire dans l’ordinaire.
Willo Perron x NO GA
Il s’agit de la première collaboration pour Nordiska Galleriet (NO GA) avec Willo Perron. Le directeur artistique et designer montréalais est connu pour ses productions scéniques des tournées de Beyoncé, Drake ou Rihanna, et ses scénographies pour les défilés de mode comme ceux de Chanel. Par ce biais, NO GA, référence en matière de design en Suède depuis 1912, continue de vouloir relier son riche héritage à l’avenir de l’habitat. Cette collection de mobilier modulaire est de cette trempe. Ces pièces, composées de tables et de miroirs, garnis d’un revêtement ultra-brillant, s’inspirent d’un intérieur et d’un style de vie plus flexibles. Toutes sont conçues à la main par des artisans spécialisés dans la fabrication en fibre de verre. Cette gamme, à l’inspiration rétrofuturiste, est proposée en cinq couleurs (blanc, gris, vert, marron, rouge) et disponible depuis le 7 mars.
Matter and Shape 2025
Jardin des Tuileries
La Caserne
12, rue Philippe-de-Girard, Paris 10e