Le Musée cantonal de design et d’arts appliqués contemporains se plonge, le temps d’une exposition, dans l’univers survivaliste, aussi connu sous le nom de mouvement « prepper ». Une exposition qui embrasse aussi bien les aspects scientifiques que matériels qui entourent cette mouvance.

© Mudac / Photo © Tapio Snellman
La fin du monde – et le nouvel univers qui en découlera. C’est ce qu’attendent, ou plutôt anticipent, les « preppers ». S’il peut paraître farfelu, notamment à notre regard hexagonal, ce mouvement réunit plusieurs millions de personnes sur notre planète, notamment aux États-Unis, qui développent une véritable culture et façon d’être. Celles-ci sont racontées dans une exposition qui présente plus de 400 oeuvres, dont des maquettes d’architecture, des photos, des dessins, mais aussi des archives vidéo évoquant des mondes postapocalyptiques fantasmés. Sont également de la partie des pièces de design spéculatif ainsi que 300 produits conçus par la communauté populaire des preppers. À noter également que certaines oeuvres ont été spécifiquement réalisées pour l’exposition par des artistes tels que Ronan & Erwan Bouroullec, Martí Guixé, Jasper Morrison ou encore Simo Heikkilä.
© Mudac / Photo © Atelier de numérisation – Ville de Lausanne, Danielle Caputo
Si le thème de l’exposition vous dit quelque chose, c’est qu’elle avait pris une première forme à l’occasion de la dernière édition du Salone del Mobile de Milan, où l’installation Prepper’s Pantry: Objects that Save Lives présentait une série d’objets et d’outils susceptibles de sauver des vies et de répondre à des besoins existentiels en cas de catastrophe.
© Mudac / Photo © Khashayar Javanmardi
© ECAL / Minna Holenweg
« We Will Survive » déroule son propos à travers trois axes. Le premier se concentre sur les dangers qui menacent l’existence de l’être humain. On y découvre le Bulletin of the Atomic Scientists des États-Unis et son « horloge de la fin du monde ». Jusqu’en janvier 2023, celle-ci estimait que l’humanité n’était qu’à 100 secondes avant minuit, une façon de signifier notre proximité folle avec la fin des temps. Depuis, l’horloge a revu son calcul et estime que nous serions à 90 secondes avant minuit.
Le deuxième axe concerne les mesures mises en oeuvre par certains gouvernements en vue des catastrophes à venir. Il y est notamment question des campagnes américaines des sixties incitant les citoyens à se procurer un abri antiatomique dans leur jardin, mais aussi, plus proches de nous, des plans de réinstallation temporaire de la population napolitaine, en cas d’intensification de l’activité volcanique. Le dernier axe de l’exposition s’attache à la préparation individuelle pour survivre, en présentant le « Prepper Supermarket », soit tout le nécessaire pour assurer une vie postapocalyptique réussie. Au programme, des banques de graines ou encore un kit pour allumer un feu manuellement.
Si ce mouvement, né aux États-Unis durant la guerre froide, peut nous paraître bien lointain et étranger, il est difficile de ne pas y voir une urgence. Une urgence qui fait furieusement écho à notre monde en proie aux changements climatiques. Une question s’impose alors. Ne devrions-nous pas également devenir survivalistes ?
« WE WILL SURVIVE » MUDAC
PLACE DE LA GARE 17, LAUSANNE (SUISSE)
JUSQU’AU 9 FÉVRIER 2025
MUDAC.CH