L’art de l’infiniment petit pour dire l’immensité du monde. Avec ses toiles texturées peuplées de miniatures, Werner Bronkhorst transforme la matière brute en paysages intimes. Un univers poétique et accessible, où l’abstraction rencontre le quotidien et l’énergie des passions humaines.


À seulement 24 ans, Werner Bronkhorst s’impose comme une figure singulière de l’art contemporain australien. Né à Pretoria, il s’installe à Sydney en 2020, laissant derrière lui un atelier de mobilier pour se consacrer à une peinture qui marie monumentalité et précision microscopique. Sur des surfaces épaisses faites de matériaux « pauvres », il fait surgir des surfeurs, skieurs ou promeneurs miniatures que l’œil découvre en s’approchant. De loin, l’abstraction domine ; de près, l’univers se peuple.
Le jeune artiste a trouvé en Instagram et TikTok des tremplins décisifs. En filmant son processus, il a séduit plus d’un million de spectateurs, transformant les réseaux en galeries accessibles à tous. Refusant l’exclusivité des galeries traditionnelles, Bronkhorst revendique une démocratisation de l’art, qu’il compare volontiers au sport : un loisir partagé, source d’énergie collective, qui permet de s’évader du quotidien.
Ses séries portent des titres empruntés à la sphère rock – The Strokes, White Lines, Forbidden Grass, Wet – et jouent sur le contraste entre l’excès qu’évoquent ces mots et la réalité paisible de sa vie de jeune père. L’ironie douce devient un moteur, apportant à son œuvre une touche de complicité et d’humour.
À côté de ces microcosmes colorés, il réalise de grands dessins au fusain, où des voitures apparaissent brouillées sous l’effet de la vitesse. Ces œuvres intenses et sombres dialoguent avec des textes ou slogans qui résonnent comme des aphorismes visuels.
« Tout le monde est miniature si l’on regarde d’en haut », confie-t-il. Une phrase simple et vertigineuse, qui résume une ambition : faire du monde entier une toile où chacun, petit ou grand, trouve sa place.