SUZANNE JOUANNET : L’EXIGENCE EN HÉRITAGE

Révélation de Les Choses humaines d’Yvan Attal, puis confirmation dans La Voie royale, Suzanne Jouannet débarque comme une tempête dans le paysage cinématographique français. Sa bonne humeur va contaminer le pays et elle compte bien devenir l’une des actrices de référence de ces prochaines années.

François Berthier : Il paraît qu’on te demande souvent si tu es de la même famille que Chloé Jouannet [fille d’Alexandra Lamy et Thomas Jouannet, ndr]. Du coup, je te pose la question (rires).

Suzanne Jouannet : Ah, ça, c’est LA question qu’on me pose tout le temps ! En casting, quand je suis prise sur un film… On me l’a déjà demandé alors que j’avais déjà été prise.

Et quand t’as dit non, ils ont fait : « Ah bon, ben on te vire alors » ?

Ah non, non, jamais !

Mais t’as senti qu’il y avait une déception, des fois ?

Non. Bon. Après, on peut bien me le cacher, tu vois, mais je ne vois pas de déception. Juste, je pense que c’est cool quand même pour ma famille aussi, quand je dis que non. C’est… j’ai fait mon chemin par moi-même. Mais par contre, je ne décrédibilise pas du tout ceux qui viennent d’un milieu artistique. Je l’ai déjà vu, d’ailleurs, j’ai tourné avec Ben [Attal]. Ce n’est pas forcément plus facile non plus. Ils ont leurs avantages, mais aussi de gros inconvénients, parce qu’on attend beaucoup d’eux. Moi, par contre, j’ai le mérite de m’être faite par moi-même.

Moi, à mes débuts, j’ai fait beaucoup de photos de gens qui étaient justement des « fils de ». J’ai photographié Alysson Paradis, Léo Lanvin… des « fils de ». J’ai aussi fait Laurent Cotillard, tu vois. Et en fait, je voyais chez eux… pas forcément dans leurs yeux, mais presque, ce truc de : « J’ai un truc à prouver, il faut que je sois meilleur ».

Mon père m’avait dit : « Tu veux changer ton nom de famille ? » J’ai répondu « Ben non ». Mais pour mon père, ça avait été un vrai sujet.

Entre nous, ce n’est pas non plus comme si tu t’appelais Suzanne Scorsese, tu vois.

Ouais, voilà, c’est stylé ! Je crois que j’aurais voulu, là (rires). Enfin, ce n’est pas grave. Mais je trouve ça fou qu’on me le demande autant.

Parle-moi un peu plus de comment tu es arrivée là-dedans. Tu n’avais pas de famille dans le sérail. C’est quoi ton premier rapport au cinéma ?

Ben, déjà, j’allais au cinéma avec ma grand-mère, ce qui était fort. Je pense que ça aide. Après, pour moi, ça a été un peu par hasard. Maintenant, avec le recul, je peux analyser plein de facteurs. Ma sœur faisait du théâtre, et je voulais la copier. Étant la dernière d’une fratrie de quatre, j’avais envie de suivre ses pas. Mais mes parents n’étaient pas d’accord : « Chacun son activité ! », disaient-ils. Donc, quand elle a arrêté, j’ai voulu reprendre. Et puis, de fil en aiguille, j’ai continué. Ce sont mes professeurs qui m’ont encouragée, un peu comme dans le rôle que j’ai joué dans La Voie royale. Ils m’ont dit : « Peut-être que tu devrais faire ça ». Et là, un déclic s’est produit, une petite étincelle. Je me suis dit : « Ah bon ? J’ai peut-être quelque chose… ». Et ça m’a fait plaisir. J’ai voulu creuser. Ce qui m’a vraiment accrochée, c’est la lecture des textes. Avant, je lisais rarement. À l’école, je ne faisais pas grand-chose, même si je n’avais pas de problème particulier.

T’as le bac ?

Oui, j’ai le bac. Ma sœur me donnait des extraits de pièces de théâtre en me disant : « Puisque tu es dedans, lis ça ! ». Elle avait plus de culture que moi. À force, j’ai commencé à lire, à suivre des cours de théâtre. Et puis, j’ai eu la chance de rencontrer des professeurs qui m’ont montré à quel point le théâtre pouvait donner du sens. Dès l’adolescence, j’étais en quête de sens. Je trouvais que, comparé au lycée, je m’épanouissais mille fois plus en faisant quelque chose qui avait une vraie signification. J’ai découvert des textes puissants, qui mettaient des mots sur ce que je ressentais. Je me souviens, je jouais Électre, un personnage qui a des problèmes avec sa mère. Il y avait cette scène… Je me suis rendu compte que je n’étais plus seulement en train de jouer, mais d’interpréter. Et là, j’ai compris la puissance de ce métier. Je me suis dit : « J’aimerais faire ça pour raconter d’autres histoires, pas seulement la mienne ». Je suis très empathique, et je pense que ça me va bien pour ce métier. Maintenant, je me rends compte que tout fait sens. J’ai toujours été sensible, et aujourd’hui, je me dis que c’était évident. Il y a un besoin de reconnaissance, un besoin d’être aimée, d’être vue. Ça compense quelque chose qui a pu manquer dans la vie. Moi, j’ai toujours eu cette sensation que je devais accomplir quelque chose d’exceptionnel. J’ai toujours cru que j’étais quelqu’un d’exceptionnel, une sorte de mégalomanie. Mais derrière la mégalomanie, il y a un énorme manque de confiance en soi.

Clairement, clairement. C’est un truc qu’on voit moins aujourd’hui : l’honneur, le devoir, les principes. Je suis hyper old school.

Moi aussi. J’ai ce truc du romantisme, du sens de l’honneur. Je pense que je le tiens de mon père.

Il était militaire ?

Oui, il l’a été. Puis il a travaillé à la DGSE. Mais il a gardé ces valeurs, et il me les a transmises. [Pour la mégalomanie, chez moi], c’est exactement l’inverse : un manque de confiance en moi qui cache un grand narcissisme. Je trouve fascinant d’analyser ces mécanismes. Ce qui me fascine dans notre métier, c’est qu’on explore la psychologie humaine. On n’est jamais tout blanc ou tout noir, et c’est passionnant de comprendre comment nos contradictions nous définissent.

Dans notre monde, toutes tes faiblesses sont exploitées. J’ai grandi avec des modèles hyper virils, dans un cinéma très patriarcal. Ces images d’hommes qui prennent ce qu’ils veulent, c’était la norme dans les films de mon époque. Et puis un jour, tu ouvres les yeux et tu te rends compte que ce n’est pas du tout comme ça que tu vois le monde. Moi, j’ai remis tout ça en question très tard. Mais c’est important de déconstruire ces modèles pour avancer.

Mais je comprends tellement que ça prenne du temps. C’est la culture. Tu nais là-dedans, c’est comme ces livres dont on parlait… C’est tellement dur à déconstruire, un truc pareil ! Alors que pour la nouvelle génération, c’est presque évident. Ils sont nés dans un monde où beaucoup de choses ont déjà été déconstruites. On leur a déjà tout donné, alors forcément, pour eux, c’est incompréhensible. Ils se demandent : « Mais comment vous avez pu… ? ». Sauf que oui, en fait, on n’a pas eu la même éducation. Et du coup il n’y a pas ce truc de gris, de nuance. 

Pour revenir à ta carrière, tu as déjà eu des moments de doute ?

J’étais en cours de théâtre, en classe libre au Cours Florent, et je jouais Hamlet. Je faisais « Être ou ne pas être ». Et c’était horrible ! Je me disais : « Mais c’est une catastrophe ! Il y a tellement de monstres sacrés qui ont fait ce monologue avant moi ».

Donc, des problèmes de confiance ?

Problèmes de confiance, encore et toujours. Une vraie question de légitimité.

Tu ressens toujours ça aujourd’hui ?

Ouais… mais moins, forcément. Avec le temps, on apprend à travailler là-dessus. Je me suis rendu compte que la confiance, ça se travaille comme une technique, au même titre que la diction. Et ça, ça m’a fait du bien. Parce que la confiance, c’est tellement émotionnel ! Je me suis dit : « Non, considère-la comme quelque chose de technique, pas dans l’affect ». Comme quelqu’un qui doit apprendre à mieux articuler. Et ça, ça m’a vraiment aidée.

Tu arrives maintenant à séparer l’émotion de la logique ?

J’espère. J’essaye. C’est en progrès, mais en tout cas, je le vis mieux. Et surtout, j’essaye de me dire : « Les faits sont là, pour l’instant, ça se passe bien ». Je vis mieux ma vie quand je n’y pense pas trop. Je ne suis jamais à 100 % satisfaite de ce que je fais, mais je suis contente du…

Heureusement ! Sinon, on arrête.

…Je suis d’accord. Mais il y a des gens un peu excessifs comme moi… Mais j’aime ce que je fais. Pas forcément le résultat, mais j’adore ce métier.

Tu revois tes films ?

Non.

Pourquoi ?

Je les regarde une fois, par respect. Mais sinon, je ne peux pas.
Ça me rassure de voir que je ne suis pas la seule dans ce cas. Il y en a plein comme moi. Vraiment, je n’y arrive pas. C’est impossible.

Tu arrives à voir quand c’est bon ou quand ça ne l’est pas ?

J’ai l’impression, oui.

Pour toi, d’accord… Et pour les autres ?

Non. Ça, c’est quelque chose que j’aimerais travailler. Je suis très bon public, je trouve toujours des qualités chez les autres. Du coup, je me dis qu’il faudrait que j’apprenne à faire pareil pour moi.
Avec les autres, je n’ai pas cette proximité, donc je leur trouve toujours quelque chose d’intéressant. Chaque personne est unique, avec ses propres merveilles… Mais moi, comme je me connais par cœur, c’est plus compliqué. Après, je peux voir quand quelque chose ne passe pas. Et si ça ne passe pas à l’écran, c’est qu’il y a un problème.

Tu fais déjà ce genre de retour sur ton travail ?

Très peu. Et je ne sais pas trop…

Tu aimerais qu’on t’en fasse ?

Oui, mais il faudrait que ce soient des personnes en qui j’ai confiance. Et je ne saurais pas trop qui croire. J’ai du mal à entendre les compliments, et comme tout le monde, je retiens plus facilement le négatif. Ça aussi, c’est quelque chose sur lequel je travaille, et ça va mieux.

Sur ton talent ou sur ton apparence ?

Oh, mon apparence… Heureusement, on ne m’en parle pas trop. Je m’en charge déjà bien assez toute seule ! Je trouve ça inhumain, de se voir à l’écran. Ce n’est pas normal. L’être humain, à l’origine, n’avait même pas de miroir. Donc déjà, il y a un truc étrange là-dedans. Mais bon, je relativise, je ne vais pas non plus me flageller pour ça.

Et si on te dit que tu es belle ?

Je le reçois.

Tu le crois ?

C’est là toute la question : est-ce que je crois les gens ? Est-ce que j’ai confiance ? C’est un peu trop deep, là, on va croire que… (rires) Non, mais t’as compris. Je ne sais pas toujours à qui faire confiance. C’est un métier un peu fou, un monde particulier. Mais je pense qu’il y a des choses qui ne trompent pas. Je suis très sensible au regard de l’autre. J’accepte les compliments, mais quand ça touche à mon travail, c’est plus compliqué. Je ne me fie pas trop aux médias, parce que c’est toujours soit « amazing », soit « c’est nul ». Je parle plutôt des retours des proches, des réalisateurs, des producteurs, de mon agent…

Et quand tu regardes un film, tu arrives à juger ton travail ?

Je vois si le film fonctionne ou pas, oui. Mais dès qu’il s’agit de moi, je suis très dure avec moi-même.
C’est pour ça que je me déteste parfois en me regardant. J’ai toujours envie de faire plus, d’aller plus loin. Mais au fond, ça veut dire que je suis au bon endroit, dans le bon métier. Parce que j’ai du désir. Et si je n’en avais pas, ce serait inquiétant. 

Et tu veux quoi, alors ?

Au niveau du jeu, j’aimerais être plus satisfaite… Mais je pense que je ne le serai jamais totalement. Et j’ai fait la paix avec ça. Je serai éternellement insatisfaite, et c’est peut-être ça qui me pousse à avancer. J’ai juste envie qu’on puisse dire qu’il y a eu une vraie composition, un vrai travail… Mais en fait, je le fais déjà. Donc c’est marrant que je dise ça. Je le fais, je compose, je bosse.

Tu voudrais réaliser ?

J’aimerais bien, ouais. Je pense que ça me ferait du bien, monsieur. Mais, oh là, ça a l’air compliqué aussi ! Tout le processus dont tu parlais, c’est long… mais génial. Ah ouais, mais l’étape avant… Moi, je veux bien juste le tournage.

L’écriture, c’est génial. T’es tout seul avec toi-même… 

Comme moi avec la préparation d’un rôle. J’adore être seule. T’es avec toi-même, c’est ton délire.

Et puis, le casting, c’est vraiment le moment où le film commence à exister dans ta tête. Tu vois un acteur et, parfois, juste un mail te fait comprendre que c’est la bonne personne. Et au final, elle était incroyable. Le talent, c’est ce qui prime, bien plus que la beauté ou la notoriété. C’est fascinant de voir comment les choix qu’on fait influencent tout.

Et aujourd’hui, on le voit bien, regarde Vingt Dieux, pas besoin d’un casting de stars. Le film a cartonné avec uniquement des inconnus !

Et ta prépa, tu la fais seule ou avec le réalisateur ?

Seule. Parfois, un réalisateur propose une lecture, mais ce n’est pas vraiment une prépa. J’adorerais qu’un réalisateur fasse toute cette aventure avec moi. Moi, au casting, je propose déjà quelque chose, mais si je sens que mon approche doit changer, j’appelle le réalisateur pour en parler. C’est pourquoi la prépa avec le réalisateur est essentielle.

Tu as passé un casting pour Yvan. Comment ça s’est passé ?

J’avais joué dans une pièce de théâtre, et une agente m’a repérée. Puis le Covid est arrivé. Pendant cette période, elle m’a proposé de faire une self-tape. À l’époque, je ne connaissais rien aux self-tapes, ni aux agents, ni aux callbacks.

C’était avec Brigitte Descormiers ?

Oui, Brigitte Descormiers, qui est chez UBBA. C’est elle qui m’avait repérée dans ce cours de théâtre. Moi je croyais que cette self-tape servait à entrer dans son agence, mais en fait, c’était un casting pour Yvan. J’ai été rappelée plusieurs fois… jusqu’à ce que j’obtienne le rôle. C’était mon premier casting, et ça a été plusieurs étapes. Je n’avais encore jamais fait mes preuves, je sortais de nulle part. Je pense que la production et Yvan voulaient être sûrs de ne pas prendre n’importe qui, surtout que c’était la première fois que je jouais devant une caméra. Finalement, j’ai eu le rôle, et à ce moment-là, j’étais très consciente de tout ce qui se passait. Ensuite, avec La Voie royale, j’ai eu énormément de chance, comme pour mon premier film. À chaque fois, j’ai reçu un bel accueil, que ce soit du public ou de la presse. Peu importe que certains films n’aient pas forcément rencontré le succès espéré par leurs réalisateurs, j’ai toujours eu de bons retours sur mon travail. Ces deux films avaient un véritable engagement, parfois politique, parfois plus subtil, et je me rends compte à quel point j’ai eu de la chance. Pour un début de carrière, je n’aurais jamais espéré autant. C’est vraiment cool, et tant mieux si cela continue dans cette direction. J’espère que mes prochains projets auront aussi du sens.

Ton prochain projet, c’est quoi ?

Je ne peux pas encore en parler, mais j’ai plusieurs films en préparation où je change de style, et ça me fait vraiment plaisir. Ce sont des rôles différents, et j’aime cette diversité. Mais il y en a un que je peux évoquer, car il est déjà tourné. Il s’appelle L’Épreuve du feu, c’est le premier film d’Aurélien Peyre, avec Félix Lefebvre dans le rôle principal. C’est un film qui parle d’adolescents, et ça m’a permis de jouer avec des acteurs plus proches de mon âge, ce qui n’était pas vraiment le cas sur La Voie royale. C’était une super expérience ! Je ne sais pas encore quand il sortira, mais c’est un beau projet. J’adore ! Je suis nulle pour pitcher, mais en gros, c’est l’histoire d’un jeune garçon qui arrive avec sa copine, une fille très extravertie, colorée, qui n’a pas les mêmes codes que son groupe d’amis d’enfance. Lui a changé physiquement : avant, il était en surpoids, et maintenant, il a un nouveau corps. Cette transformation, combinée à sa relation, va créer un choc avec ses amis, qui viennent d’un milieu différent et ont d’autres valeurs. Ça parle de ce conflit, de l’envie de prouver quelque chose, et du jugement que subit sa copine. C’est une histoire d’apprentissage et de jeunesse, et je trouve ça vraiment cool. En plus, j’ai tourné avec Félix Lefebvre, qui est un de mes meilleurs potes. On était ensemble en classe libre, et on se disait toujours qu’on aimerait jouer ensemble un jour. Le faire sur un vrai tournage, c’était génial.

Dans les rôles que tu n’as pas encore joués, lequel te plairait le plus ?

J’ai plein d’envies ! J’aimerais explorer tous les genres. Pourquoi pas de l’action ? Mais surtout, j’aime les personnages complexes, ceux qui ne sont pas évidents, qui ont une certaine ambiguïté. J’aime bien quand un rôle pousse à se poser des questions, quand tout n’est pas limpide. Jusqu’ici, je n’ai pas encore vraiment eu l’occasion de montrer ce côté-là, à part un peu dans Les Choses humaines. J’aime aussi les personnages très purs et authentiques, mais je suis fascinée par ceux qui sont plus troubles, qui oscillent entre plusieurs facettes. J’aime creuser ces nuances, défendre des figures qu’on ne comprend pas forcément tout de suite. Ça me fait grandir en tant que personne et en tant qu’actrice. Au final, c’est autant pour moi que pour les autres ! J’aime bien… Forcément, quand ce n’est pas facile ni limpide, ça m’intrigue, c’est intéressant. Du coup, j’ai envie de défendre des personnes qui sont moins évidentes à comprendre. J’ai envie de me poser des questions, de creuser des personnages, de raconter des histoires. Et puis, je grandis. C’est beaucoup pour moi. C’est bien. C’est pour les autres aussi, mais d’abord, c’est beaucoup pour moi.

T’es exigeante avec les équipes quand tu travailles ?

Non, pas du tout. Enfin, dans quel sens ? Parce que parfois, les gens qui sont exigeants avec eux-mêmes ont tendance à attendre la même chose des autres… Mais non. Par contre, si je vois des gens qui ne travaillent pas, ça, je vais pas aimer. Mais j’ai toujours travaillé avec des gens investis. Moi, je suis surtout exigeante envers moi-même.

Mais tu peux pas savoir à l’avance si l’autre va bien bosser ou pas ?

Non, mais jusqu’à présent, j’ai toujours eu de la chance. J’ai jamais eu à travailler avec quelqu’un qui ne faisait pas son boulot. Un professeur m’a un jour dit un truc qui m’a marquée – et qui est un peu agaçant d’ailleurs. Il disait toujours : « C’est à toi de travailler mieux. C’est à toi de t’adapter. » Et en vrai, c’est une approche intéressante. Parce que même si l’autre n’est pas au niveau, au lieu de le blâmer, tu te dis : « OK, comment je peux faire pour que ça fonctionne quand même ? ». Bon, c’est exigeant aussi, parce que ça met toute la responsabilité sur mes épaules, mais c’est une manière de progresser.

D’ailleurs, j’ai un ami, Xavier Laurent, qui est acteur et qui fait du coaching, et il m’a dit un truc similaire : « Tu ne dois jamais te soucier de l’autre et surtout, tu ne dois jamais intervenir. Tu ne peux pas aller voir quelqu’un et lui dire comment il doit travailler. » Ça m’a marqué. Du coup, c’est bien que tu aies confiance en toi, que tu saches ce que tu veux.

Ouais, parce que ça aurait pu me freiner à un moment. Mais je me rends compte qu’il faut que j’écoute mon intuition. Pendant longtemps, j’accordais trop d’importance à la parole des « grands », des experts. Je me disais qu’ils savaient forcément mieux que moi. Mais aujourd’hui, je réalise que non. Beaucoup de gens parlent avec certitude sans avoir vérifié, sans avoir travaillé vraiment le sujet. Moi, je me dis : « Avant d’avoir des certitudes, fais ton travail ». Et puis, j’ai compris un truc essentiel : faut arrêter d’écouter tout le monde. Écoute le réel. C’est tout.

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