La 7e édition du Prix de l’artisanat de la Fondation Loewe continue de célébrer la vision créatrice et artistique d’une nouvelle génération d’artisans à travers le monde.

Depuis 2016, sous l’impulsion du directeur de création Jonathan Anderson, la Fondation Loewe récompense l’excellence artisanale pour mettre en valeur la volonté d’innovation et le mérite artistique des métiers d’art. Pour la maison madrilène, il s’agit également de perpétuer les savoir-faire, depuis la création de ses ateliers en 1846, et de transmettre sa passion toujours plus obsessionnelle pour l’artisanat, l’art contemporain et la culture dans toutes les disciplines. Cette 7e édition réitère ce dessein. Les oeuvres ont révélé les tendances 2024 à travers leurs formes organiques et biomorphiques, réutilisant des matériaux souvent trouvés ou recyclés pour mieux élever et transformer le quotidien.

LES ARTISANS DE DEMAIN

Céramique, bois, textile, cuir, verre, métal, bijouterie, laque… La matérialité se fait reine ! Au Palais de Tokyo ont été présentés 30 objets d’art de 16 pays, sélectionnés parmi les créations de 3 900 candidats issus de 124 pays. L’exposition « A Celebration of Craft », qui s’est déroulée du 15 mai au 9 juin, découle du Prix remis cette année au Mexicain Andrés Anza pour sa sculpture en céramique grandeur nature (I only know what I have seen). Avec son allure anthropomorphique et totémique, faite de milliers de « protubérances en céramique », l’oeuvre est constituée de cinq parties assemblées de manière quasi architecturale. L’artiste explore les abstractions et les dualités qui habitent le royaume de l’imaginaire.

Le jury, constitué de personnalités du monde du design, de l’architecture, de la presse et des musées, a également attribué trois mentions spéciales. À commencer par la création du Français Emmanuel Boos. Sa table de salon (Comme un Lego) est réalisée à partir de 98 briques de porcelaine creuses, perturbant les attentes sur les objets utilitaires. L’ensemble de pièces de la Japonaise Miki Asai (Still Life) a été salué pour sa maîtrise des techniques et sa combinaison étonnante des matières, associant papier, kashu, coquille d’oeuf, coquillages et pigments minéraux. Quant à la sculpture du Coréen Heecham Kim (#16), se présentant comme un vaisseau sculptural, elle invite le spectateur à voyager à travers l’espace intérieur et extérieur de la chambre du navire. Là encore, la technique a été félicitée, usant de moyens traditionnels employés dans la fabrication de bateaux, avec du frêne et du fil de cuivre.

CRÉATIVITÉ À FOISON

La Fondation Loewe continue ainsi d’encourager les créateurs de tout âge à réinterpréter les méthodes classiques dans l’artisanat moderne. Parmi le panel innovant de cette 7e itération, cinq autres oeuvres retiennent notre attention. La tapisserie en céramique du Nigérien Ozioma Onuzulike (Embroidered Royal Jumper for Peter Obi), composée d’argile, de glaçure de cendre, de verre recyclé et de fil de cuivre, rend hommage aux textiles d’Afrique de l’Ouest. La sculpture en verre soufflé (Bloom IX) d’Aya Oki envoûte également avec son alchimie inattendue. L’artiste japonaise, installée en Californie, poursuit son exploration de la verrerie pour raconter l’histoire d’un processus. La sculpture en forme de gros rocher du Chinois Yuefeng He (Bamboo Rock), conçue en bambou avec des pans de lin laqués, réinterprète avec dextérité les pierres des érudits chinois anciens.

Il en va de même pour la sculpture dramatique de l’orfèvre britannique Kevin Grey (Displaced), fabriquée en métal et en feuilles de bronze patiné, qui illustre le traumatisme cyclique du déplacement. Le meuble sculptural jouant sur la forme des polygones de Weon Rhee (Primitive Structures), fait en bois recyclé teinté de pigments verts et couleur perle, vient clore cette riche sélection. L’artiste coréen transforme ici l’acte de création en une émulation des motifs multidimensionnels de l’univers.

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