Le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) présente une rétrospective sur l’iconique Ed Ruscha, retraçant plus de soixante ans de carrière à travers ses peintures, ses dessins, ses gravures, ses photographies et ses livres.
Il s’agit de la première rétrospective de l’artiste de 86 ans depuis plus de vingt ans. L’institution muséale californienne poursuit sa collaboration de longue date avec Ed Ruscha et met en lumière ses oeuvres les plus emblématiques et des aspects moins connus de sa pratique. « Ed Ruscha / Now Then » sonde ainsi, de 1958 à aujourd’hui, plus de 250 créations réunissant peintures, dessins, gravures, films, photographies, livres et installations. Ce natif d’Omaha dans le Nebraska a bâti l’art de Los Angeles. Nourri de références aux médias de masse et à la culture de consommation, il s’est très vite affilié aux courants du pop art, du minimalisme et de l’art conceptuel. On lui doit le logo de la 20th Century Fox (Large Trademark with Eight Spotlights), la fameuse série des Standard Stations ou encore les billboards Hollywood et The Back of Hollywood, s’inspirant du CinemaScope, des panneaux d’affichage en bordure de route et du paysage de l’Ouest américain.
Washington, DC; gift of Joseph Helman, 1972. © Ed Ruscha, photo credit: Paul Ruscha
APPROCHE INTERDISCIPLINAIRE
Le génie d’Ed Ruscha est d’avoir su multiplier les médiums qui ont fait de lui l’une des figures les plus influentes de l’art américain d’après-guerre. C’est à partir des années 1950 qu’il étudie l’art commercial au Chouinard Art Institute (aujourd’hui CalArts). Du graphisme aux beaux-arts, il fusionne les approches, ordonnant texte et images au sein de compositions peintes. Très vite, il oriente son regard vers la signalisation, l’architecture et les objets du quotidien. En 1963, il publie son premier ouvrage, Twentysix Gasoline Stations, considéré comme le premier livre d’artiste moderne. Son incursion dans la photographie offre tout autant un regard nouveau sur l’architecture californienne. À l’image du Los Angeles County Museum Of Art on Fire (1965-1968), représentant les bâtiments de l’architecte William Pereira, envahis par les flammes. Une perspective aérienne oblique forte, issue d’une série réalisée depuis un hélicoptère. Dans la foulée, il documente Sunset Boulevard avec un appareil photo fixé sur le toit d’une camionnette. En résulte Every Building on the Sunset Strip (1966), un livre au format accordéon qui dévoile un tronçon d’un kilomètre et demi de cette célèbre artère.
© Ed Ruscha, photo © Museum Associates/LACMA
MÉLANGE DES MATIÈRES
L’autre particularité d’Ed Ruscha est d’expérimenter tout un processus de langage à travers des matériaux non conventionnels (poudre à canon, tabac à mâcher) et des matières organiques (chocolat, eau de l’océan Pacifique, sang). En ressort, entre autres, l’installation Chocolate room (1970/2023), faite du sol au plafond de pâte de chocolat sérigraphiée sur des centaines de feuilles de papier. Dans les années 1970, l’artiste
revient aux matières traditionnelles (huile, pastel) avant de choisir de limiter sa palette de couleurs la décennie suivante, en rappel à la photographie noir et blanc et au film celluloïd. Au passage du XXIe siècle, ses oeuvres comprennent davantage de peintures, notamment pour
la Biennale de Venise en 2005 (Course of Empire).
Comme le souligne Michael Govan, patron du LACMA, directeur de Wallis Annenberg et co-commissaire de l’exposition : « Ed Ruscha a toujours tendu un miroir à la société américaine, transformant certains de ses attributs déterminants – de la culture de consommation et du divertissement populaire au paysage urbain en constante évolution – en sujet même de son art. »
« ED RUSCHA / NOW THEN »
LOS ANGELES COUNTY MUSEUM OF ART (LACMA)
5905 WILSHIRE BLVD., LOS ANGELES (ÉTATS-UNIS)
JUSQU’AU 6 OCTOBRE 2024
LACMA.ORG