Fondation Cartier, Paris – Du 12 octobre 2024 au 16 mars 2025

Olga de Amaral, pionnière du Fiber Art, redéfinit le textile depuis les années 1960 en lui conférant une dimension sculpturale et mystique. La Fondation Cartier lui rend hommage avec une grande rétrospective – la première en Europe – qui déploie une carrière où fil, matière et lumière s’entrelacent dans des paysages vibrants.
Ses œuvres monumentales aux surfaces dorées transforment le textile en un médium hybride, entre peinture, sculpture et installation. Sa technique – minutieuse et alchimique – repousse les limites du matériau pour créer des pièces où chaque fil devient une part d’elle-même.
La matière comme langage
Dès ses débuts à la Cranbrook Academy of Art, aux États-Unis, Amaral se distingue par une approche qui conjugue structure et texture. Si son enseignante, Marianne Strengell, lui transmet l’importance de la grille textile, Olga de Amaral la transcende en explorant des mélanges inattendus de matériaux. Lin, coton, crin de cheval ou papier génèrent les premières pièces où l’ordre structurel est abandonné au profit d’une liberté formelle éblouissante.
La technique d’Amaral repose sur la transformation des matériaux : gesso pour rigidifier les textiles, feuilles d’or ou de palladium pour capturer et refléter la lumière. Le textile se métamorphose en un écran brillant et mouvant.
Dans les séries Brumas ou Estelas, les formes flottantes et les textures denses créent des paysages abstraits, invitant le spectateur à une immersion contemplative.
Une expérience sensorielle à la Fondation Cartier
L’exposition conçue par Lina Ghotmeh, architecte renommée, révèle toute la puissance spatiale de l’œuvre d’Olga de Amaral. Les salles jouent avec les contrastes d’échelle et de lumière pour souligner l’évolution de l’artiste.
Au rez-de-chaussée, on découvre ses œuvres historiques des années 1960 et 1970, jamais présentées hors de Colombie. Ici, les textiles s’affranchissent du mur : certaines pièces flottent tandis que d’autres s’érigent en structures massives. L’audace de l’artiste défie la bidimensionnalité du textile.
Au centre de l’exposition, les œuvres dorées éblouissent. Dans les séries Oro et Alquimia, les feuilles d’or appliquées sur les fibres créent un effet mystique. La matière s’anime, reflet changeant au gré des pas du visiteur. Chaque mouvement devient une rencontre unique.
Le parcours se conclut par ses créations récentes, où Amaral explore la couleur avec une intensité nouvelle. Des éclats de bleu cobalt, de rouge profond et de jaune solaire explosent sur des surfaces texturées. Ces compositions témoignent d’une artiste en quête de renouvellement, capable d’embrasser l’abstraction tout en restant ancrée dans une rigueur artisanale exemplaire.
L’influence d’Olga de Amaral : Une artiste hors du temps
Olga de Amaral refuse les catégories imposées. Ses œuvres ne sont ni tapisseries, ni sculptures, ni peintures, mais un mélange subtil de tout cela. Son influence dépasse l’art textile pour inspirer des artistes contemporains dans des domaines variés, de l’architecture au design.
L’exposition à la Fondation Cartier rappelle le rôle décisif d’Amaral dans l’émergence du Fiber Art, aux côtés de Sheila Hicks ou Magdalena Abakanowicz. Mais surtout, elle révèle une artiste pour qui matière, couleur et lumière sont les outils d’une poésie visuelle universelle.
Pour plus d’informations: Fondation Cartier.