ENTRE MYTHE, SACRÉ ET RÉALITÉ
Cet été, à la galerie Metaxu de Toulon, une installation collective totale repoussait les limites des arts visuels, décoratifs et sonores, inspirée du poème épique The Earthly Paradise de William Morris.

David Herman, directeur créatif et curateur d’expériences narratives globales, continue de faire preuve de créativité, d’imagination et d’innovation. Depuis plus de quinze ans, son parcours s’ouvre à différentes expérimentations transversales entre mode, arts décoratifs, gastronomie, musique et cinéma. De Condé Nast au Centre Pompidou en passant par le Festival de Cannes et Pierre Yovanovitch, il collabore avec nombre d’artistes, d’agences et de magazines pour créer des univers et des mises en scène à forte teneur narrative.
Cet été, à Toulon, au sein de la galerie Metaxu, lieu de recherche et de création, il s’est entouré des artistes multidisciplinaires Audrey Guimard, Lia Rochas-Pàris et Clara Gobert pour concevoir « The Earthly Paradise : Aux sources du monde d’après ».
Cette installation totale était inspirée du poème épique de William Morris, un recueil de récits mythiques et légendaires, publié pour la première fois en 1868. L’auteur exprimait alors son besoin et sa quête d’une vie meilleure sur Terre. David Herman en a extrait la substantifique moelle dans un récit lyrique, combinant les arts visuels, décoratifs et sonores.
LE SACRÉ ET LA MODERNITÉ
Cette réappropriation de The Earthly Paradise se conçoit dès lors comme un univers où les origines mythiques du monde se mêlent à l’esthétique raffinée et réaliste d’une chambre d’hôtel. L’exposition offrait un mélange d’oeuvres sculpturales en plâtre, de collages muraux de silhouettes surréalistes, d’objets uniques et de mobilier monumental. Ces décors fantasmagoriques étaient enrichis par des nappes contemplatives de Benoît Bottex, des antiquités choisies par la galeriste arlésienne Anne Carpentier, et une sélection de pièces du designer Axel Chay.
Les visiteurs ont ainsi été entraînés dans une expérience holistique où s’enchevêtraient le sacré, l’art et l’innovation, avec pour thème central l’eau, symbole de vie, de purification et de renaissance. « Avec l’épuisement de cette ressource aussi vitale, l’exposition pose surtout la question de la sacralisation de nos espaces domestiques », explique David Herman.
PASSÉ LOINTAIN ET FUTUR COSMIQUE
Les artistes ont réinsufflé à cet élément sa portée salvatrice « sans se perdre dans l’illusion que le paradis est ailleurs ». À l’image du poème épique de William Morris, ce monde hybride sondait les mythologies grecques et nordiques, quand la bande sonore venait souligner la crainte d’un chaos imminent, en écho à la société contemporaine.
Plus encore, il poussait la réflexion au croisement de « l’archaïsme historique et de l’avant-garde poétique, de la minéralité brute et de la sensualité féminine, de l’iconographie mythologique et de l’étrangeté ésotérique ». Tout participait ainsi à illustrer la vision d’une fin de civilisation et la quête d’un futur meilleur. Cette approche immersive s’est ponctuée d’une série de happenings durant l’exposition, renforçant par là même le rôle de la galerie Metaxu en tant qu’acteur clé de la scène artistique méditerranéenne.
METAXU.FR