UN PREMIER FILM SAISISSANT SUR LE SUICIDE CHEZ LES ADOLESCENTS
Premier film d’un jeune couple de cinéastes, I Feel Fine est une chronique adolescente abordant le sujet sensible des troubles mentaux provoquant d’irrépressibles envies suicidaires. Un drame filmé avec une grande tendresse, et porté par de brillants comédiens débutants.
Dans l’Amérique rurale, Ozzy vit une adolescence heureuse en apparence, entre ses virées avec ses potes, ses parents aimants, et la nouvelle du lycée qui semble particulièrement l’apprécier. Pourtant, il a des idées noires. Il pense à la mort, obstinément. Ozzy fait même plusieurs tentatives de suicide. Autour de lui, personne ne comprend. Lui-même ne parvient pas à l’expliquer. Pour leur premier long métrage, le couple Austin et Hailey Spicer aborde un sujet particulièrement sensible : les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) suicidaires, qui provoquent des pensées obsédantes tournées vers le suicide.

Tout en étant très édifiant et émouvant, I Feel Fine est aussi une tendre chronique adolescente se déroulant à une époque incertaine, quelque part entre les années 1970 – au vu du look des personnages et de leurs voitures – et aujourd’hui (il est question, au détour d’une discussion, d’Ariana Grande, de Billie Eilish et de Lady Gaga). De quoi donner à l’ensemble une certaine intemporalité et un parfum mélancolique. Il faut dire que le film a été construit sur des souvenirs personnels. La propre adolescence des cinéastes, bien sûr, mais aussi des expériences vécues par les comédiens, débutants pour la plupart – à commencer par Elijah Passmore, impressionnant dans le rôle principal, tout en subtilité et en tendresse, et dont c’est la première apparition au cinéma.


Le sujet tragique qu’aborde I Feel Fine peut ainsi effrayer de prime abord. Pourtant, le couple de cinéastes parvient, tout en respectant son sujet, à ne pas faire un film plombant, tant la chronique adolescente présentée est douce et tendre. On pense aux séquences entre Ozzy et celle qu’il verrait bien devenir sa petite amie (la formidable Nandi Summers), à celles avec ses potes, mais aussi à celles avec sa soeur aînée, jouée par la vraie soeur de l’acteur (Tori Passmore). Un aspect documentaire de la relation fraternelle qui n’est pas sans ajouter de l’émotion au film. Si le côté parfois trop théorique du scénario et quelques maladresses de mise en scène empêchent d’être totalement bouleversé, elles sont vite rattrapées par la fraîcheur des jeunes comédiens inconnus de ce premier film. Des visages que l’on espère revoir à nouveau sur les écrans du cinéma indépendant américain.

I FEEL FINE D’AUSTIN ET HAILEY SPICER
SORTI EN NOVEMBRE 2024








