À l’occasion de Paris Photo 2025, la Galerie Rouge réunit 5 voix majeures de la photographie, toutes liées par un rapport aigu au corps, à l’intime et à la présence humaine. Les œuvres de Sheila Metzner, Claude Batho, Erica Lennard, Barbara Crane et Édouard Boubat forment une constellation où la mémoire se mêle à la poésie visuelle.

Du 13 au 16 novembre 2025, au Grand Palais, la Galerie Rouge proposera un accrochage à la fois sensible et audacieux. Grâce à une sélection d’œuvres signées par des photographes au regard profondément pénétrant, la galerie parisienne écrit un récit transgénérationnel. Chaque série présentée explore la relation intime que l’image entretient avec les corps, les objets, le quotidien ou le mouvement des foules.

La figure centrale de cette exposition est Sheila Metzner, photographe de mode américaine née en 1939 à Brooklyn. Elle fut la première femme à collaborer régulièrement avec le magazine Vogue dans un univers dominé par les hommes. Ses compositions picturales et sensuelles révèlent une esthétique unique, influencée par le pictorialisme de Stieglitz et Steichen. Son usage du procédé Fresson, technique artisanale au rendu granuleux, confère à ses tirages une texture veloutée et nostalgique. Metzner floute les frontières entre photographie commerciale et création artistique, comme en témoignent Uma, Patou Dress ou Saxophone Vase, deux images aussi sculpturales que mystérieuses.

À ses côtés, la galerie propose la vision tout en retenue de la Française Claude Batho. Dans ses photographies en noir et blanc des années 1970, l’appareil s’arrête sur des scènes de vie domestique : du linge mouillé, un couloir désert, des enfants absorbés dans leur monde. Ce sont des fragments d’une vie vécue pleinement, même dans la maladie, que la photographe transforme en poèmes silencieux. Elle disait : « Elles sont remplies du temps qui passe, sur les enfants, les gens et les choses. J’ai voulu rendre sensibles des instants très simples, en retenir les silences. »

Le parcours se poursuit avec la série Les femmes, les sœurs d’Erica Lennard, exposée cette année aux Rencontres d’Arles. Ces portraits réalisés dans les années 1970 sont une ode à la sororité. Lennard y photographie sa sœur Elizabeth et ses amies dans des décors élégants, naturels ou urbains. Loin d’un regard objectivant, elle met en lumière des femmes libres, conscientes de leur beauté, dans une recherche d’identité personnelle et collective. L’intimité devient ici un manifeste politique, à une époque où les luttes féministes s’intensifient en France.

Plus loin dans l’exposition, le visiteur pourra découvrir une série emblématique de Barbara Crane : People of the North Portal. Entre 1970 et 1971, la photographe installe une caméra à la sortie du Musée des Sciences et de l’Industrie de Chicago. Elle capte, dans une succession d’instantanés formels, les gestes et attitudes des visiteurs. Le résultat est à la fois documentaire et expérimental, révélant un portrait fragmenté de la société américaine de l’époque. Crane, figure majeure de la photographie expérimentale aux États-Unis, n’a cessé de remettre en question les codes du médium, en travaillant la répétition, les séries, les surimpressions et les changements d’échelle.

Enfin, la Galerie Rouge présente plusieurs tirages rares de Lella, muse d’Édouard Boubat. Ces photos, prises à la Libération, représentent un moment suspendu entre jeunesse, amour et renaissance. À travers les mains, les regards ou les ombres, Boubat esquisse le portrait d’une femme libre, sujet de l’image plus qu’objet, révélant la force d’un lien artistique et amoureux.

En réunissant ces œuvres, la Galerie Rouge propose bien plus qu’un simple accrochage. Elle offre une méditation sur le regard, le souvenir, la présence féminine, la douceur et la puissance contenue dans l’ordinaire, faisant de Paris Photo le théâtre d’une conversation entre générations, territoires et esthétiques, où chaque image est un fragment de récit à recomposer.

Paris Photo
Grand Palais
Du 13 novembre au 16 novembre 2025

www.parisphoto.com