La photographe néerlando-croate nous transporte dans un autre monde à travers ses images surréelles, oniriques et saturées de couleurs, comme une échappatoire temporaire à la réalité.


Autoportraits mystérieux, paysages désolés et couleurs vibrantes : les photographies de Sanja Marušić sont un pur émerveillement. Cette virtuose de 32 ans, installée à Amsterdam, s’impose depuis quelques années sur la scène artistique. Son portfolio nous invite à pénétrer dans un monde parallèle qu’elle façonne minutieusement au fil de ses nombreux voyages. Cette ancienne diplômée en photographie de mode de la Royal Academy of Art de La Haye a une approche expérimentale et pluridisciplinaire du médium, manipulant à la fois le numérique et les techniques de peinture et de collage. Ses mises en scène nous plongent dans des décors surréalistes, baignés de couleurs vives, avec des costumes imaginatifs et une géométrie des corps née des performances qu’elle chorégraphie elle-même. Si l’art soviétique des années 1930 fait partie de ses périodes de prédilection, elle puise également ses influences chez les peintres polonais, russes et mexicains, ainsi que dans les broderies et les peintures sur objets. En résultent des récits visuels énigmatiques et personnels qui abordent l’intime, l’amour, le couple, la maternité, l’évasion et la recherche de l’équilibre dans les relations humaines.


CORPS ET MONDES MAJESTUEUX
Sanja Marušić part ainsi en quête de lieux qui l’inspirent et la poussent à l’abstraction des formes humaines. À l’exemple d’Eutierria. Cette série dépeint sa lune de miel, montrant son corps et celui de son mari contorsionnés pour former des êtres hybrides aux membres multiples. Dans ce mélange de numérique et de peinture (corporelle), elle donne cette unité surréaliste par le biais de ces « statues temporaires » où elle explore l’équilibre, l’union ainsi que l’abandon l’un à l’autre et à la nature. Mais aussi la recherche du calme et de la connexion au milieu d’un mouvement. Pour Before You, la photographe documente sa grossesse, examinant le corps et la femme en phase de transition. Son ventre, sa poitrine et sa silhouette ondulante marquent ce changement heureux, épousant la géométrie de l’arrière-plan saturé de couleurs. Quant à la série Sasha and Sanja, elle évoque sa maternité. « J’aime quand l’art est un monde autonome qui permet au regardeur d’entrer dans la tête d’un artiste », avoue-t-elle. Paru dans les grands magazines internationaux comme le New York Times, son travail a aussi été exposé au Musée Van Gogh et à Paris Photo. En 2023, Sanja Marušić a publié son deuxième livre (cette fois avec un éditeur) et a présenté au Nederlands Fotomuseum de Rotterdam sa première exposition personnelle, « Out of This World », qui montre toute la puissance émotionnelle de cette artiste à suivre.
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