I’m So Happy You Are Here

Longtemps, la photographie japonaise a été dominée par des figures masculines comme Daido Moriyama et Nobuyoshi Araki. Pourtant, des artistes femmes ont marqué le paysage visuel du pays, sans pour autant recevoir la reconnaissance qu’elles méritaient. L’exposition I’m So Happy You Are Here: Japanese Women Photographers from the 1950s to Now, présentée au Fotomuseum Den Haag aux Pays-Bas du 18 janvier au 5 mai 2025, vient réparer cet oubli. Elle rassemble le travail de vingt-six photographes japonaises, offrant un nouveau regard sur l’histoire de ce médium à travers des œuvres audacieuses et introspectives.

Nomura Sakiko, Untitled, 1997; from the series “Hiroki”. Courtesy the artist and Aperture

Une reconnaissance longtemps retardée

L’exposition, conçue par Pauline Vermare, Mariko Takeuchi et Lesley A. Martin en partenariat avec Aperture, s’inscrit dans une dynamique de revalorisation des artistes femmes.

Depuis plusieurs décennies, les photographes japonais ont trouvé leur place dans les musées occidentaux. Mais leurs homologues féminines ont été largement ignorées. I’m So Happy You Are Here corrige cette omission en mettant en lumière des artistes qui ont transformé la photographie au Japon. Leur regard incisif et novateur ouvre de nouvelles perspectives sur la société et l’identité féminine.

Quotidien, identité et expérimentation : une exploration photographique

L’exposition se déploie autour de trois thématiques majeures qui se croisent et dialoguent.

Le quotidien est une source d’inspiration pour de nombreuses photographes. À travers leur objectif, des scènes anodines deviennent de puissants récits visuels. Ushioda Tokuko, par exemple, transforme un simple réfrigérateur en une métaphore du foyer et de la féminité domestique.

D’autres artistes questionnent la place des femmes dans la société japonaise. Tokiwa Toyoko documente la vie des travailleuses du sexe et des infirmières dans les années 1950 et 1960, révélant une réalité souvent invisibilisée. De son côté, Yanagi Miwa met en scène des figures féminines interchangeables, illustrant la pression sociale qui impose aux femmes un rôle figé.

Enfin, certaines photographes repoussent les limites du médium en explorant de nouvelles approches visuelles. Katayama Mari fait de son propre corps un sujet d’expérimentation. Ses portraits intègrent ses prothèses comme des extensions artistiques, questionnant ainsi l’identité et la perception du corps. Ishiuchi Miyako, quant à elle, capture des objets du quotidien, tels qu’un tube de rouge à lèvres, et leur confère une charge émotionnelle intense, comme dans sa série Mothers.

Une exposition essentielle

Loin d’être une simple rétrospective, I’m So Happy You Are Here propose une immersion dans une histoire méconnue. Elle enrichit notre compréhension de la photographie japonaise en dévoilant des récits longtemps restés dans l’ombre.

L’exposition s’accompagne d’une publication ambitieuse, éditée par Aperture et dirigée par Lesley A. Martin et Pauline Vermare. Des contributions de Carrie Cushman, Kelly Midori McCormick et Takeuchi Mariko viennent approfondir cette réflexion.

Explorer ces œuvres, c’est réévaluer notre regard sur l’art japonais contemporain. Ces images, à la fois poétiques et percutantes, renouvellent les représentations de la féminité et de la création artistique. Une exposition incontournable qui rétablit une juste reconnaissance des femmes photographes et de leur rôle fondamental dans l’histoire de la photographie.

Okabe Momo, zonder titel, 2020; uit de serie “Ilmatar”. Courtesy de kunst

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