Une histoire d’amour qui rapproche un peu trop, un couloir de métro qui se répète à l’infini, la vie d’une communauté rom près de Madrid et le dilemme moral d’un ancien soldat devenu gibier : quatre films à découvrir, et autant d’univers cinématographiques différents.
Together de Michael Shanks.

Tim (Dave Franco) et Millie (Alison Brie) sont ensemble depuis longtemps, et ils ont l’âge des grands projets. Par nécessité économique, ils s’installent à la campagne où Millie a trouvé une place d’institutrice. Mais leur couple bat de l’aide. Il faut dire que le côté artiste adolescent de Tim, qui autrefois avait séduit Millie, commence doucement à l’exaspérer. Malgré leurs efforts, tout porte à croire qu’ils sont en voie de s’éloigner. Mais un jour, lors d’une marche en forêt, un phénomène étrange se produit, et à partir de ce moment, une force irrépressible va les rapprocher bien plus qu’ils ne l’auraient voulu. Pour sa première réalisation, Michael Shanks a l’idée géniale de mêler récit amoureux et film d’horreur : un scénario aussi jouissif qu’efficace, doublé de frappantes trouvailles visuelles.
En salles le 13 août
Exit 8 de Genki Kawamura.
C’était un jeu phénomène dans le monde vidéoludique : un petit couloir du métro de Tokyo, un virage à gauche, puis un autre, puis retour au point de départ. Pour sortir de cette boucle sans fin, le joueur d’Exit 8, jeu vidéo japonais téléchargé plus d’un million de fois depuis fin 2023, devait analyser le décor de ce couloir somme toute banal, à la recherche d’anomalies, de ce qui avait changé depuis son dernier passage. Genki Kawamura adapte très fidèlement le jeu, jusqu’à reprendre le décor et les personnages au pixel près. En résulte un film-concept très prenant et original qui donne envie, à l’instar du héros, de déceler le mystère derrière les murs semblables de l’un de ces couloirs de métro qu’on arpente sans vraiment les regarder.
En salles le 3 septembre
Ciudad sin sueño de Guillermo Galoe.
Dans les faubourgs de Madrid, une ville parallèle s’organise, séparée du reste de la société espagnole – c’est, paraît-il, le plus grand bidonville d’Europe. Mais pour Toni, jeune adolescent rom, c’est sa maison : il ne quitterait ce quartier pour rien au monde. Il est fier d’appartenir à la communauté soudée des Roms, et admiratif de son grand-père, qui fait figure de chef tribal. Mais un jour, les bulldozers arrivent. Le quartier de bric et de broc est partiellement démoli et des solutions de relogement, dans des HLM de banlieue, sont offertes aux habitants. Toni est divisé : faut-il accepter le deal et partir vivre dans de meilleures conditions ou bien rester là pour assurer la survie d’une identité ? Quelque part entre le western aux héros burinés et le film documentaire au plus proche du réel, Ciudad sin sueño est un voyage passionnant au sein d’une communauté peu filmée au cinéma, posant habilement la complexe question de la survie des identités marginales dans des sociétés modernes.
En salles le 3 septembre
Les Tourmentés de Lucas Belvaux.
Si Lucas Belvaux (La Raison du plus faible, Chez nous) n’avait pas tourné depuis Des hommes en 2020, c’est qu’il s’était entre temps consacré à l’écriture de son premier roman, Les Tourmentés (éditions Alma). Il en signe donc l’adaptation cinématographique, avec Niels Schneider, Ramzy Bedia, Linh-Dan Pham et Déborah François. Un ex-légionnaire devenu SDF (Schneider) retrouve par hasard son ancien sergent (Bedia). Ce dernier lui propose un job extrêmement bien rémunéré, mais un peu spécial : devenir du gibier pour une milliardaire fan de chasse (Pham). Film théorique aux enivrants dilemmes moraux, Les Tourmentés n’a peut-être pas la force ou la radicalité d’un Battle Royale, mais reste une intéressante réflexion sur ce que l’argent peut offrir, et jusqu’où un individu peut aller pour assurer le confort de ses proches.
En salles le 17 septembre