Dans l’agitation prévisible de chaque nouvelle saison, il est des rencontres qui suspendent le tumulte. Des croisements d’univers qui, sans forcer le trait, tracent une ligne singulière dans le paysage saturé de la mode. En 2025, les collaborations sacs et accessoires échappent au simple exercice de style pour se faire récits à plusieurs voix. Des manières de dire l’époque autrement, à travers une couture, une silhouette de cuir, une visière d’aluminium. Voici les plus saisissantes.
Polène x Róisín Pierce : un murmure venu d’Irlande
Tout commence dans un souffle, celui des collines brumeuses d’Irlande que semble transporter Róisín Pierce jusque dans l’atelier feutré de Polène. La marque française, aux lignes épurées et aux gestes sûrs, s’unit ici à la délicatesse textile de la jeune créatrice irlandaise dans une collection présentée à la Paris Fashion Week. Résultat : une capsule tout en retenue, qui parle bas mais touche juste.
Deux modèles : le Button Bow Box, à la géométrie maîtrisée, et le Button Bow Sphere, tel un galet façonné par les marées. Les courbes sont douces, les tons feutrés – gris cendre, bleu nuage – et partout, des boutons cousus main, comme des ponctuations sur un poème en cuir. On y perçoit la patience des artisans, l’éloge du geste lent, qui rappellent cette phrase de John O’Donohue : « Beauty is that in the presence of which we feel more alive. »


Manolo Blahnik x Mytheresa : sur la route de la Riviera
Il y a dans cette collaboration un parfum de citronniers en fleur et des coloris bleus de volets provençaux. Pour sa capsule avec Mytheresa, Manolo Blahnik convoque la Côte d’Azur dans ce qu’elle a de plus solaire : le souvenir d’un été sans fin, quelque part entre les tableaux de Picasso et les transats rayés de la plage de l’Écrin.
Le soulier, comme toujours chez Blahnik, devient prétexte à l’élan. Escarpins, mules et ballerines s’habillent de rayures bleu marine, rouge coquelicot, ivoire salé. Le raphia s’invite sur des mocassins pour hommes, les espadrilles se font élégantes. Il ne s’agit pas d’éblouir, mais d’évoquer : les pavés brûlants, l’ombre des platanes, les parasols colorés sur les plages… « La joie de vivre », comme le résume le créateur ; et l’on devine derrière ces mots une promesse de légèreté retrouvée.
Merci x Erewhon : minimalisme parisien, âme californienne
Au cœur de Paris, dans l’antre discret de Merci, souffle une brise venue de Venice Beach. Erewhon – supermarché californien haut de gamme devenu phénomène culturel – y fait une halte le temps d’une capsule urbaine et épurée. Le minimalisme rencontre ici l’organique, le coton se mêle aux jus pressés à froid aux multiples couleurs.
Le sac Candide devient totem, porté nonchalamment à l’épaule ou à la main, accompagné de tote bags, sweats anthracites et bonnets blancs. Un vestiaire post-sportif, pour flâner dans le Haut-Marais ou dans les ruelles de Silver Lake. L’adresse : 19, rue de Richelieu. Là, entre deux linéaires, une fontaine de jus verts et un hoodie en coton bio racontent une nouvelle forme d’élégance, où bien-être et esthétique ne font plus qu’un.
Rimowa x Mykita : précision allemande, souffle spatial
Dernière escale, à mi-chemin entre la Luftwaffe et une station orbitale. Quand Rimowa s’allie à Mykita, cela donne une capsule presque chirurgicale, pensée comme un manifeste pour l’ingénierie discrète. Chaque monture semble découpée au laser, ajustée au micron près, pesée pour épouser le regard sans jamais le trahir.
Le métal est roi : aluminium anodisé, titane mat, finitions argentées. Les modèles Aviator, Panto ou Square s’inscrivent dans une esthétique sans époque. Deux gammes : Heritage et Visor, comme deux approches d’un même besoin – voir avec clarté, sans renoncer au style. Ce ne sont plus seulement des lunettes : c’est un outil, un compagnon de voyage, une déclaration silencieuse.
Ces collaborations racontent notre époque avec une grâce inattendue. Elles oscillent entre la mémoire et l’anticipation, entre artisanat et innovation, entre légèreté ludique et rigueur d’ingénieur. Chacune d’elles esquisse un fragment de récit, une perspective, un désir.
En 2025, le sac n’est plus un simple réceptacle, les lunettes ne se limitent plus à un filtre solaire. Ils deviennent les porteurs d’une sensibilité, d’un regard sur le monde.