Du 13 au 16 novembre 2025, Paris Photo accueillera un trio de créateurs singuliers : Anastasia Samoylova, Satijn Panyigay et Jaya Pelupessy, réunis par la Galerie Caroline O’Breen. Trois regards, trois écritures, trois manières d’interroger notre rapport au réel et à l’image.


Anastasia Samoylova_Reflection in Black Thunderbird, Palm Beach, FL, 2024
ANASTASIA SAMOYLOVA : L’ATLANTIQUE EN HÉRITAGE
Il y a soixante-dix ans, Berenice Abbott parcourait la mythique Route 1, colonne vertébrale de la côte est américaine. Ses images en noir et blanc immortalisaient un monde en mutation, saisi entre petites villes, paysages maritimes et frémissements d’un futur motorisé. Anastasia Samoylova sillonne aujourd’hui le même chemin, mais en sens inverse, depuis la lumière écrasante de la Floride jusqu’aux confins du Maine. Son projet Atlantic Coast, présenté en avant-première à Paris Photo, est à la fois un hommage et une mise à l’épreuve : que reste-t-il du rêve américain quand le bitume a avalé les rivages et que les promoteurs ont redessiné l’horizon ? Installée à Miami depuis 2016, Samoylova s’est forgé un style où l’observation se mêle à la construction minutieuse de compositions en studio. Ses séries précédentes (FloodZone, Floridas, Image Cities) scrutent le décalage entre image publicitaire et fragilité du monde réel. Avec Atlantic Coast, la couleur devient une arme. Saturée, presque artificielle, elle renvoie aux cartes postales touristiques tout en révélant les fractures écologiques et sociales : le reflet d’un palmier dans la carrosserie d’une Thunderbird noire, un jean suspendu au-dessus d’une rue inondée, une voiture oubliée devant un hangar décrépit…

SATIJN PANYIGAY : LA RESPIRATION DES LIEUX VIDES
Là où Samoylova explore la collision entre nature et culture, Satijn Panyigay préfère les interstices : ces espaces suspendus où rien ne semble passer, sinon le temps. Photographe néerlando-hongroise, elle travaille exclusivement en argentique couleur. Ses images captent l’immobilité des musées entre deux expositions, des logements en chantier, des bureaux désertés. Ces lieux en transition deviennent, sous son regard, des poèmes visuels sur l’absence et la mémoire. Les nuances sourdes, la lumière mesurée, la rigueur des cadrages confèrent à ses photographies une dimension quasi méditative.
Dans sa série Twilight Zone, l’artiste s’est glissée dans les salles de musées contemporains privés d’œuvres, laissant l’architecture et la lumière composer seules. À Paris Photo, ses vues du Grand Palais (arcs et escaliers baignant dans une pénombre bleutée) côtoient d’autres intérieurs nocturnes – façades vitrées, couloirs silencieux, reflets urbains.
JAYA PELUPESSY : L’IMAGE COMME PROCESSUS
Avec Jaya Pelupessy, la photographie cesse d’être un objet figé pour redevenir une expérience. L’artiste néerlandais né en 1989 intègre le déroulement de ses créations à ses œuvres, rendant son processus visible dans le résultat final. Il interroge sans relâche le statut du médium, multipliant les « boucles » où la reproduction engendre de nouvelles images. Sa série Pictorial Fields (2024-2025) prolonge ce travail expérimental : il y applique une technique inédite mêlant sérigraphie et émulsions photosensibles fabriquées par ses soins. Chaque couleur est exposée séparément à la lumière UV, puis superposée.
Le résultat, vibrant et tactile, évoque autant l’abstraction picturale que le pointillisme numérique. Pelupessy s’intéresse aux limites mêmes de la photographie. En s’inspirant des outils de retouche numérique (tampon, pinceau) et en les traduisant dans un geste physique, il ramène l’image dans le champ de l’unique, loin des flux standardisés du numérique.
Paris Photo
Grand Palais
17, avenue du Général Eisenhower, Paris 8e
Du 13 au 16 novembre 2025



SatijnPanyigay_2025_GrandPalais_Arc








