STAR WARS, ARCHITECTE DU FUTUR : POÉSIE ET BRUTALITÉ DES FORMES

Quand George Lucas lance Star Wars en 1977, il ne se contente pas de révolutionner la science-fiction : il redéfinit notre manière d’imaginer le futur.

“Nula” by Irene Haiduk ©Rockbund Art Museum

Jusque-là, le cinéma projetait souvent une vision aseptisée et technocratique du monde à venir, avec des espaces lisses, froids, sans traces de vie humaine. Star Wars rompt radicalement avec cette esthétique, proposant un univers qui continue, à sa manière, d’inspirer l’architecture. 

L’univers proposé par Lucas est beaucoup plus réel : organique, imparfait, impacté par le temps et la vie. Ce réalisme poétique, parfois qualifié de used future (« futur usé »), a profondément influencé les architectes et les designers. Regarder Star Wars, c’est prendre conscience de l’exploitation architecturale comme un langage vivant, entre ruine et modernité, entre mémoire et anticipation.  

Alors que le brutalisme est popularisé par Le Corbusier dans les années 1970, Star Wars appuie cette tendance en concevant une architecture épurée et franche. Les constructions de l’univers de Star Wars se caractérisent notamment par l’usage massif du béton apparent, des formes puissantes, angulaires, géométriques, mais aussi une architecture « honnête » qui expose ses structures, ses textures, ses volumes.

L’une des forces de la réalisation de Lucas réside dans sa capacité à faire dialoguer science et spiritualité. L’univers de Star Wars dépasse la dimension technologique, et l’architecture mêle technique et transcendance : les temples Jedi, ouverts à la lumière naturelle, dégagent une sérénité mystique et minimaliste ; les bases impériales sont froides, rationalistes, avec un caractère totalitaire ; les villes marchandes sont chaotiques, vivantes, regorgeant de récits. 

The Eye ©Mykonos Architects

De nombreux architectes contemporains ont repris cette dualité pour concevoir des espaces où la technologie reste au service de l’humain. Ainsi, les créations de l’architecte mexicain Agustín Hernández font écho à l’architecture futuriste et spirituelle de Star Wars. Fortement influencé par le brutalisme et le modernisme mexicain, il ajoute une mise en scène du vide et de la lumière qui donne un caractère quasi rituel à ses espaces. D’autres, comme Tadao Ando ou Peter Zumthor, explorent la même tension entre béton et lumière, entre matière et silence. L’architecture aime s’inspirer de Star Wars pour le plaisir d’inventer un futur ancré dans la matière, un futur imparfait, poétique, habité, où technologie et spiritualité coexistent harmonieusement. 

Star Wars offre une représentation cinématographique saisissante d’un style futuriste à la fois brutaliste et intemporel. Si les architectes ne s’inspirent pas directement de la saga, ils retrouvent en elle une esthétique qui célèbre la sincérité des formes et la puissance des matériaux. Derrière les surfaces brutes, les imperfections de la matière et les formes impressionnantes se lit une poésie du construit. Ces irrégularités assumées, ces volumes monumentaux et habités nous font voyager au-delà de la réalité, tout en préservant une profonde authenticité.    

Ainsi, Star Wars dépasse le simple cadre d’une épopée galactique : c’est une véritable leçon d’architecture. En mêlant le brutalisme au spirituel, George Lucas et ses équipes ont ouvert la voie à une esthétique qui fait rêver et voyager, un moyen de s’évader de la réalité. L’univers de Star Wars continue d’inspirer les architectes par sa capacité à donner corps à un futur à la fois brut et sensible, ancré dans la réalité tout en la transcendant.

Studio de l’architecte Augustin Hernandèz ©Alexandre Guikinger

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