LE LIVRE QUI RACONTE L’HEUREUSE UNION DE L’ARCHITECTURE BRUTALISTE ET DE LA NATURE
Publié aux éditions Hoxton Mini Press, Brutalist Plants, d’Olivia Broome, nous plonge dans un univers fantastique où la brutalité du béton s’accorde à merveille avec la douceur de la chlorophylle.
Courant mal-aimé de certains, ou tout au contraire adoré par d’autres, l’architecture brutaliste laisse peu de monde indifférent. Parmi ses admirateurs, Olivia Broome, qui en 2018 lance le compte Instagram « Brutalist Plants ». Un compte né de « l’intérêt pour la conservation d’images [qu’elle] ne [trouvait] pas compilées ailleurs », explique dans l’ouvrage celle qui, née en Suisse, vit désormais à Londres. Elle raconte sa passion pour ces « angles gris saillants qui rencontrent des feuilles vertes, ce contraste [qui l’a] fascinée. Des bâtiments dystopiques opposés à la nature, avec si peu de présence humaine visible ». En plus de satisfaire les besoins esthétiques d’Olivia Broome, ce compte a donné naissance à une véritable communauté, formée par des horticulteurs, mais aussi des architectes ainsi que des explorateurs urbains et autres créatifs, sans oublier les followers et les photographes. Des photographes qui, précise l’auteur, ont donné leur « autorisation qui [lui a] permis de republier leurs photographies au fil des années ». Collaboratif, l’ouvrage est aussi pour sa créatrice une façon « d’honorer ces “monstruosités” controversées avant qu’elles ne soient réduites en ruines ou, mieux encore, abandonnées à la merci des vignes rampantes à travers les fissures du béton ».
Si la folie brutaliste sur Instagram nous avait habitués à des bâtisses agressives, peu avenantes voire effrayantes, l’ouvrage de Broome nous prouve qu’il existe un brutalisme qui incarne tout le contraire. Car une fois habillés et rehaussés de verdure, ces édifices semblent prendre leur place, et on voit se dessiner les havres de paix qu’ils étaient à leur conception. Parmi ces lieux étonnants se trouve évidemment le Barbican Estate, figure tutélaire de ce mouvement architectural. Autre lieu surprenant compilé dans l’ouvrage, Les Étoiles d’Ivry des architectes Jean Renaudie et Renée Gailhoustet. Véritable solution aux verticales de béton, il affiche une silhouette en rayons. Une silhouette ici rehaussée, toujours et encore, par la végétation. Également en France, et plus particulièrement à La Vallée, en Basse-Normandie, on trouve également une sculpture de Karsten Födinger. Intrigante, elle se résume à une dalle de béton, qui semble avoir été emboîtée sur quatre pins parfaitement alignés. L’ex-Yougoslavie est aussi représentée, notamment avec le Haludovo Palace par Boris Magaš en Croatie, qui ravira les amateurs d’urbex, ou encore avec le Monument à la Révolution de Dušan Džamonja en Bosnie-Herzégovine.
Si le livre n’évite pas les traditionnelles scènes d’abandon, où la pierre et la vie humaine – qui semble disparue – laissent place à la végétation (on peut d’ailleurs s’interroger sur la fascination que de telles scènes suscitent), Brutalist Plants a le mérite d’ouvrir de nouvelles perspectives sur le brutalisme. Loin d’être une fantaisie d’architecte, son esthétique dramatique et monumentale s’accorde à la perfection avec le monde végétal, et devient ainsi bien plus accueillante. Une occasion de plus de souligner les liens heureux et nécessaires entre pierre et verdure.
BRUTALIST PLANTS D’OLIVIA BROOME – HOXTON MINI PRESS, AVRIL 2024
HOXTONMINIPRESS.COM