Sur l’île artificielle de Yumeshima, à quelques encablures d’Osaka, l’Expo universelle 2025 prend forme comme une utopie à ciel ouvert. Là, dans un ballet de structures venues du monde entier, l’architecture n’est plus simple enveloppe mais langage, manifeste, geste politique ou poétique. Dans ce théâtre planétaire où plus de 150 pavillons se dressent, certains émergent par leur vision radicale, leur engagement écologique ou leur audace formelle. Focus sur ceux qui façonnent le futur de la construction, et de l’imaginaire collectif.

Au cœur du site, le Grand Ring, imaginé par Sou Fujimoto, agit comme une ombre portée bienveillante. Ce cercle monumental en bois local — cèdre, pin et cyprès — s’étire sur deux kilomètres et s’élève à vingt mètres du sol. Ce n’est pas qu’une prouesse technique ; c’est une déclaration d’intention. Un retour au matériau naturel, une ceinture symbolique reliant les nations dans une marche commune. Dans cette boucle infinie, chaque pas devient méditation sur la coexistence.
Le pavillon de la France, intitulé Théâtre de la Vie, réconcilie la scène et le vivant. Derrière une façade de lames verticales, entre rideau de théâtre et forêt abstraite, l’agence Coldefy et Carlo Ratti Associati signent une ode à la biodiversité. La scénographie invite à un voyage sensoriel dans un monde en transition, où l’architecture se fait écosystème, interface entre culture et biotope. Ici, la France se rêve en laboratoire du vivant, entre arts et sciences.
Autre figure majeure, le Portugal surprend par la légèreté aquatique de son pavillon, œuvre de Kengo Kuma. Tel un souffle maritime pétrifié, l’édifice se compose de milliers de baguettes translucides suspendues, dessinant une vague immobile. L’architecture devient brume, flux, passage. Elle incarne la mémoire du voyage, celle des caravelles comme celle de la pensée écologique, et propose un espace poreux, perméable au vent, au regard, à la lumière.
Le pavillon tchèque, signé Apropos Architects, prend quant à lui la forme d’une spirale ascendante en verre et bois, évoquant un vortex d’énergie. Cette architecture en mouvement perpétuel conduit les visiteurs dans une expérience cinétique et symbolique, miroir de la tradition verrière de la Bohême et de l’élévation technologique du pays. Chaque pas est une montée vers la lumière, un hommage à l’artisanat et à l’ingénierie.
Le Koweït, avec son Visionary Lighthouse, s’impose par une fluidité sculpturale évoquant à la fois la dune et la voile. Ce phare vers l’avenir propose une lecture futuriste de l’architecture du Golfe, où les courbes organiques se conjuguent à des matériaux innovants. Ici, la mémoire du désert croise celle de la mer, dans un geste architectural qui évoque autant la tradition bédouine que les ambitions spatiales de la région.
Dans un registre plus engagé, le Pavillon des Femmes, fruit de la collaboration entre Cartier et l’architecte japonaise Yuko Nagayama, célèbre les récits pluriels du féminin mondial. Sa façade en treillis finement travaillé, inspirée de l’artisanat japonais, abrite des installations immersives sur l’émancipation, la durabilité et l’inclusivité. L’architecture devient manifeste social, intime et universel à la fois.
L’Italie, elle, revient à ses racines avec un pavillon conçu par Mario Cucinella comme une ville idéale en bois. Trois espaces — le théâtre, la cité idéale, le jardin — composent un microcosme sensoriel, hommage à la Renaissance, mais aussi au savoir-faire italien en matière de durabilité. Construite en bois local certifié, la structure reflète l’engagement du pays pour un futur fait de beauté et de conscience écologique.
Enfin, le pavillon du Japon, œuvre de Nikken Sekkei et Oki Sato, prend la forme d’un cercle vivant. Chaque entrée propose une narration propre, reflet de la pensée cyclique japonaise, de la nature à la spiritualité. Cette architecture toute en douceur et en humilité convoque l’impermanence, l’harmonie, et une certaine idée du temps long — si précieuse à l’heure des urgences climatiques.