Le musée d’Art moderne de Paris retrace dans une exposition temporaire l’histoire de l’Âge atomique, qui s’est avéré être un terreau fertile dans le domaine des arts.

© SALVADOR DALÍ, FUNDACIÓ GALA-SALVADOR DALI /ADAGP, PARIS
© ARCHIVO FOTOGRAFICO MUSEO NACIONALCENTRO DE ARTE REINA SOFÍA, MADRID (PHOTO)
On aurait tendance à penser qu’Oppenheimer de Christopher Nolan, sorti en 2023, a ouvert le champ d’exploration à toutes ces expositions qui s’organisent de plus en plus aujourd’hui autour de l’imaginaire de l’atome. D’autant plus que trois quarts de siècle se sont déjà écoulés depuis le lancement de la première bombe atomique en 1945 sur le Japon qui a changé le destin de l’humanité. Le musée d’Art moderne de Paris (MAM) propose ici de revisiter l’histoire de la modernité au XXe siècle avec l’Âge atomique et sa portée sur l’imagerie et la mémoire collectives, réunissant près de 250 oeuvres (peintures, dessins, photographies, vidéos et installations).
Photo © Courtesy Magnolia Editions, Oakland, CA.
DE LA NEUTRALITÉ À LA SPECTACULARISATION
« L’Âge atomique : Les artistes à l’épreuve de l’histoire » veut ainsi montrer, pour la première fois dans une institution française, les visions diverses de ces grands représentants de l’art face aux avancées scientifiques et aux controverses qui en découlent.
De la désintégration de la matière à la nucléarisation du monde en passant par la bombe atomique, c’est à un foisonnement d’oeuvres représentatives que nous convie le MAM, sous le commissariat de Julia Garimorth, conservatrice en chef de l’institution muséale, et de Maria Stavrinaki, professeure en histoire de l’art contemporain à l’Université de Lausanne.
Certaines oeuvres créatives reflètent notre rapport à la technologie, quand d’autres créent des images utopiques d’un futur alimenté par l’atome ou au contraire dépeignent une scène apocalyptique sous la forme d’un immense champignon.
Photo : © Arts Council Collection / Bridgeman Images
L’ÉVOLUTION DES MENTALITÉS
Le parcours propose ainsi des lectures multiples de plus d’une centaine de grands noms, comme Vassily Kandinsky, Francis Bacon, Pierre Huyghe, Jackson Pollock, Salvador Dalí, Bruce Conner, László Moholy-Nagy, Le Corbusier, Hélène de Beauvoir, Barnett Newman, Thomas Schütte…
Les co-commissaires poussent leur réflexion en mettant en rapport des oeuvres qui sondent les répercussions de l’impérialisme américain et de la propagande du bloc communiste, ainsi que les premières représentations du Japon entre réalisme et surréalisme.
Après la tragédie de Tchernobyl en 1986, les consciences évoluent. Si l’engagement devient plus écologique et politique, le vivant s’impose au coeur des préoccupations artistiques grâce aux mouvements pacifistes, antinucléaires, contre-culturels, féministes ou anticolonialistes, qui s’élèvent contre la production nucléaire.
Photo © Navy Art Collection, Naval History and Heritage Command
Cet accrochage propose ainsi une traversée intéressante de l’histoire où l’art, la science et la politique sont désormais devenus indissociables et participent de plus en plus aux débats actuels.
« L’ÂGE ATOMIQUE : LES ARTISTES À L’ÉPREUVE DE L’HISTOIRE »
MUSÉE D’ART MODERNE DE PARIS
11, AVENUE DU PRÉSIDENT-WILSON, PARIS 16E
DU 11 OCTOBRE 2024 AU 9 FÉVRIER 2025
MAM.PARIS.FR