LES 100 ANS DU SURRÉALISME AU CENTRE POMPIDOU

SALVADOR DALI, VISAGE DU GRAND MASTURBATEUR, 1929 HUILE SUR TOILE 110 × 150 CM MUSEO NACIONAL CENTRO DE ARTE REINA SOFÍA, MADRID LEGADO SALVADOR DALÍ, 1990 PH © PHOTOGRAPHIC ARCHIVES MUSEO NACIONAL CENTRO DE ARTE REINA SOFÍA
© SALVADOR DALÍ, FUNDACIÓ GALA-SALVADOR DALI / ADAGP, PARIS 2024

L’institution parisienne célèbre le centenaire du surréalisme, né avec la publication du Manifeste d’André Breton, dans une grande exposition qui présente 500 oeuvres venues du monde entier, réunissant peintures, dessins, films, photographies et documents littéraires.

SUZANNE VAN DAMME, COMPOSITION SURRÉALISTE, 1943 HUILE SUR TOILE 90 × 100 CM RAW (REDISCOVERING ART BY WOMEN)
PH © COLLECTION RAW (REDISCOVERING ART BY WOMEN) DROITS RÉSERVÉS


Vingt-deux ans après l’exposition « La Révolution surréaliste », le Centre Pompidou à Paris explore sous un nouveau jour ce mouvement qui s’étend bien au-delà des pionniers toujours crédités comme Salvador Dali, René Magritte, Max Ernst ou encore Paul Éluard. Sobrement intitulée « Surréalisme », cette rétrospective déployée sur 2 200 mètres carrés d’espace retrace ainsi quarante-cinq ans d’effervescence créative, de 1924 à 1969, agrandissant le champ des perspectives à l’échelle mondiale en présentant des artistes de divers pays, qu’ils soient hommes ou femmes. En 2023, l’exposition « Surréalisme au féminin ? » au musée de Montmartre à Paris opérait déjà un premier beau travail de réhabilitation en dévoilant près de 50 créatrices ingénieuses, libres et mésestimées, et ce à travers plusieurs pays. Un mouvement qui a pourtant été le seul « à compter autant de femmes parmi ses membres actifs », comme le rappelle Marie Sarré, co-commissaire de l’exposition et attachée de conservation au service des collections modernes du Centre Pompidou.

LEONORA CARRINGTON, THE GIANTESS (THE GUARDIAN OF THE EGG), 1947 TEMPERA ET HUILE SUR BOIS 119,6 X 69,5 CM COLLECTION PARTICULIÈRE
PH © PIM SCHALKWIJK © ADAGP, PARIS, 2024

MANIFESTE ET IA

Dans le cadre du centenaire, le Centre Pompidou élargit donc le spectre de ce courant artistique et intellectuel, mené par André Breton, qui a bousculé les codes, dépassé les limites des formes de création, diversifié les supports et les techniques d’expression…
La rétrospective, scindée en 13 chapitres accompagnés de l’introduction, est ainsi conçue à la façon d’un labyrinthe avec en son centre le Manifeste du surréalisme original d’André Breton, prêt exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France (BnF). La nouveauté est le travail de reconstitution de la voix de ce fondateur par clonage vocal, à l’aide de l’intelligence artificielle. Elle sert de guide aux visiteurs pour découvrir et comprendre ce manuscrit qui jette les bases du fonctionnement réel de la pensée.
Tout au long du parcours, et comme l’explique Didier Ottinger, co-commissaire et directeur adjoint du musée national d’Art moderne, la pluralité des oeuvres se fonde autour de « deux impératifs » du mouvement selon André Breton, citant respectivement Rimbaud et Marx : « changer la vie » et « transformer le monde ».

DORA MAAR, SANS TITRE [MAIN-COQUILLAGE], 1934 ÉPREUVE GÉLATINO-ARGENTIQUE, 40,1 X 28,9 CM CENTRE POMPIDOU, MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNE, PARIS ACHAT, 1991 PH © CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI/JACQUES FAUJOUR/DIST. RMN-GP
© ADAGP, PARIS, 2024

VISIONS FOISONNANTES

Dans un entremêlement, toutes les oeuvres sondent ainsi trois grandes lignes directrices et fondatrices de ce courant. D’abord, les figures littéraires, comme Lautréamont, Sade et surtout Lewis Carroll à travers son Alice au pays des merveilles qui a souvent servi de porte-étendard. Puis, les thèmes, par le prisme de l’imaginaire poétique des rêves, des mères, de la forêt, de l’artiste-médium, des créatures mythologiques ou encore du cosmos. Et enfin, l’engagement politique, au moyen de textes sur l’anticolonialisme, les grandes guerres, le « Black surrealism » et le consumérisme moderne.


Alliant sculptures, peintures, dessins, films, photographies et documents littéraires, c’est un véritable regard méta, complexe et pléthorique que nous offre le Centre Pompidou sur un mouvement qui a essaimé au-delà des genres, des styles et des approches. Mais aussi au-delà de Paris, de la France, de l’Europe. Parmi les artistes féminines, on retrouve les oeuvres importantes d’Ithell Colquhoun, de Dora Maar, de Dorothea Tanning, de Leonora Carrington. À l’échelle mondiale, on découvre notamment celles de Tatsuo Ikeda (Japon), d’Helen Lundeberg (États-Unis), de Wilhelm Freddie (Danemark) et de Rufino Tamayo (Mexique).

MAX ERNST, NATURE DANS LA LUMIÈRE DE L’AUBE, 1936
HUILE SUR TOILE 25 X 35 CM STÄDEL MUSEUM, FRANCFORT-SUR-LE-MAIN
PH © BPK, BERLIN, DIST. RMN-GRAND PALAIS / IMAGE STÄDEL MUSEUM © ADAGP, PARIS, 2024


Le Centre Pompidou ajoute une autre pierre à l’édifice de cet événement anniversaire en s’émancipant de son cadre institutionnel, avec d’autres musées en Belgique, en Espagne, en Allemagne et aux États-Unis. Dans un principe d’itinérance, l’exposition réinterprète ainsi le mouvement en fonction des contextes culturels et historiques des différents pays.

« SURRÉALISME » CENTRE POMPIDOU
PLACE GEORGES-POMPIDOU, PARIS 4E
DU 4 SEPTEMBRE 2024 AU 13 JANVIER 2025
CENTREPOMPIDOU.FR

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