Depuis 2011, Maison Auclert propose une collection de joaillerie précieuse composée de pièces uniques qui ont l’originalité d’être serties d’artefacts anciens. Sans préférence historique, culturelle ou géographique, ces artefacts sont choisis pour leur beauté, leur rareté et leur provenance impeccable : glyptiques (pierres gravées en intailles ou en camées), pièces de monnaie, perles anciennes de pierre, morceaux de bijoux précieux antiques servent ainsi de centres de bagues, boucles d’oreilles, colliers… OPUS

Parmi mes pièces préférées, il y a ce que je nomme les « lacunaires ». Jeune homme, j’ai été frappé par les merveilleux bijoux – dits cammei commessi – exposés au British Museum ou au Cabinet des médailles, constitués de camées fragmentaires dont les manques sont comblés à l’or et les motifs extrapolés et finis par l’artisan de la Renaissance. Comme le fameux camée hellénistique de la collection de Laurent le Magnifique, à Florence, pour lequel Cellini invente chevaux et conducteur dans un éblouissant relief d’or, ou bien le camée de Julie, au voile inventé en or légèrement émaillé.

BAGUE FRAGMENT LION

Bague en or 18 carats (12 g) sertie d’un fragment d’intaille en agate-sardoine. Art romain du Ier siècle av. J.-C. Représentation finement gravée de la partie antérieure d’un lion en mouvement, tenant dans sa gueule une tête de bélier, allégorie du Triomphe de la force. Lacune comblée à l’or et gravée du corps extrapolé du fauve sur une ligne de terre hachurée. Provenance de l’intaille : Christie’s New York, 2010.

Plus tard, j’ai travaillé quelques années au Japon où j’ai découvert le merveilleux artisanat du kintsugi – « jointure en or » en japonais –, méthode par laquelle les céramiques précieuses cassées sont réparées au moyen d’une laque d’or. L’artisan japonais ne cherche pas à cacher les fissures pour les rendre discrètes, voire invisibles, mais il met au contraire en valeur et en lumière les ébréchures par des éclairs d’or, en transcendant et en sublimant la cassure, le temps qui passe, la fragilité des choses, des êtres…

BAGUE FRAGMENT DE CAMÉE

Bague en or 18 carats sertie d’un fragment de camée d’agate romain du Ier siècle apr. J.-C. représentant un satyre conduisant un char tiré par un léopard. Lacune comblée par une interprétation en relief d’or.

Ainsi, en présence de beaux objets anciens cassés, j’ai toujours envie de les compléter pour qu’ils reforment un tout : une intaille lacunaire fera l’objet d’une adjonction d’or mat, gravée à la main d’un dessin extrapolé mais respectueux d’iconographies comparables ; un camée aura cette extrapolation sculptée dans la cire pour être coulée en un relief en or ; un tétradrachme d’argent verra une partie manquante comblée à l’or blanc, voire un pavage de diamants… La restauration n’est plus réparation : elle devient partie intégrante de l’esthétique du bijou et souligne, de sa modernité, la beauté émouvante de l’objet ancien.

MARC AUCLERT
MAISON AUCLERT – 10, RUE DE CASTIGLIONE, PARIS 1ER
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OPUS ANCIEN ARTS – GALERIE JOSEPH
116, RUE DE TURENNE, PARIS 3E – 20-24 SEPTEMBRE 2023
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