EXPLORE LES LIENS INTIMES ENTRE SCIENCE-FICTION ET DESIGN
Tous deux enfants de l’ère industrielle, le design et la science-fiction n’ont cessé de s’inspirer l’un l’autre. Une heureuse union sur laquelle revient le vénérable Vitra Design Museum à Weil-am-Rhein en Allemagne, dans l’exposition « Science Fiction Design: From Space Age to Metaverse », à découvrir jusqu’au 11 mai 2025.
C’est au début du XIXe siècle que naît ce que l’on appellera plus tard la science-fiction. Elle apparaît sous la plume de Mary Shelley ou de Jules Verne, en réaction à la révolution industrielle. Ce genre s’interroge alors sur des préoccupations on ne peut plus humaines, comme l’amour, la mort et la guerre, mais à travers le prisme de nouveaux mondes ainsi que celui des risques et opportunités engendrés par les nouvelles technologies. Cet univers singulier va aussi infiltrer un nouvel art, le cinéma, notamment avec le film mythique de Georges Méliès Le Voyage dans la Lune, sorti en 1902. On le retrouve également dans les arts graphiques, la littérature, mais aussi dans le monde de la bande-dessinée, qui gagne alors en popularité. Cette galaxie de l’anticipation devient réalité dans les années 1950, avec l’envoi des premiers satellites dans l’espace, pour alors inspirer les designers de l’après-guerre. Parmi eux, Eero Aarnio, Joe Colombo, Gae Aulenti, mais aussi Verner Panton, qui donnent naissance à des environnements aux silhouettes organiques grâce au plastique rutilant, épousant à l’envi les imaginaires sans limites de ces créatifs. Des looks futuristes, mais également une réinvention totale des modes de vie.
Cette nouvelle grammaire esthétique se retrouve alors sur grand écran. Dans 2001 : L’Odyssée de l’espace (1968), les Djinn d’Olivier Mourgue font leur apparition, les Argyle Chair de Charles Rennie Mackintosh s’invitent dans Blade Runner (1982), on aperçoit la Tomato Chair d’Eero Aarnio dans Men in Black (1997), l’Orgone Chair de Marc Newson se dévoile dans Prometheus (2012), la Ribbon Chair de Pierre Paulin paraît dans Blade Runner 2049 (2017)…
Un nouveau solfège qui se réinvente de nos jours avec le renouveau de l’exploration spatiale. Peut-on parler d’un deuxième Space Age, maintenant que les limites de la création sont repoussées encore plus loin avec le design par ordinateur ou encore l’impression 3D ? En tout cas, ces nouvelles techniques donnent naissance à de nouveaux designs, comme en témoignent l’Aluminum Gradient Chair de Joris Laarman, la toute première chaise en métal imprimé. Autre acteur de poids dans ce microcosme, le métavers « qui, pour une nouvelle génération de jeunes designers, semble évoluer vers ce que le cosmos représentait dans les années 1960 : un nouvel espace de projections et d’expérimentations, un lieu de libre pensée qui peut être rempli d’idées nouvelles et d’expérimentations, notions », explique l’équipe du musée.
Une longue et riche épopée, que se charge de nous raconter le designer argentin Andrés Reisinger, qui a pensé la mise en scène de l’exposition. Cet esprit créatif s’est fait connaître en 2018 pour son fauteuil Hortensia, initialement développé comme NFT avant d’être produit comme un véritable meuble dans le monde physique. En plus de présenter cette réalisation importante pour l’histoire du design, le designer a sélectionné une centaine de pièces, sorties tout droit des collections du musée, et d’autres issues du monde du cinéma, de la littérature, mais aussi de mondes virtuels. Des univers qui laissent libre cours à toutes les expérimentations et projections.
« SCIENCE FICTION DESIGN: FROM SPACE AGE TO METAVERSE »
VITRA DESIGN MUSEUM
CHARLES-EAMES-STR. 2, WEIL-AM-RHEIN (ALLEMAGNE)
JUSQU’AU 11 MAI 2025
DESIGN-MUSEUM.DE