Avec art, il a créé un vocabulaire esthétique associant architecture, sculpture et design. Le corpus de ses créations fait dialoguer les matières. Le minéral y tient une place de premier choix.

Depuis toujours, Michel Amar est guidé par l’espace, la volumétrie et la tension de la lumière, et il recherche le dialogue entre les matières. Ayant débuté sa carrière comme architecte, il a rapidement été sollicité par ses clients pour l’aménagement de leurs intérieurs, ce qui l’a conduit au design et l’a poussé à créer des objets toujours plus singuliers et artistiques. Perceptible dans toutes ses réalisations, son esthétique suit une règle à laquelle il n’a jamais dérogé : « C’est la réalité constructive qui ancre l’oeuvre dans son environnement. Je travaille donc toutes les matières qui peuvent être sculptées. J’ai une passion pour toutes les matières, mais la pierre a quelque chose de fabuleux : on la sculpte, c’est-à-dire qu’on la travaille en réduisant la matière ».
Quand on sait regarder, on s’aperçoit que chaque bloc est unique, y compris au sein d’une même carrière. Cette singularité du minéral intéresse particulièrement Michel Amar, car elle donne son âme à la matière brute. Pour lui, un travertin aux alvéoles irrégulières est bien plus séduisant qu’un marbre parfaitement poli, bien qu’il utilise néanmoins ce dernier pour des pièces d’exception. Pour cette raison, il a été parmi les premiers à maltraiter la pierre, brossée, sablée ou encore flammée, pour l’architecture comme pour ses créations.
Il ne recherche pas pour autant les effets, chacune de ses réalisations étant très épurée. En témoigne sa nouvelle collection de luminaires, baptisée « Couture » en référence à un autre savoir-faire français. Il y travaille l’albâtre en volume, d’une seule pièce, sans placages ni collages, comme une sculpture adoucie par des arrondis. « Je conserve de l’épaisseur, car j’ai besoin que la profondeur de l’albâtre devienne l’outil de narration de la lumière », explique le designer. Habillée par la pierre translucide, la lumière prend vie. Si les formes sont sophistiquées, serties de bronze ou gainées de cuir, et jouant avec les détails des arrondis et des découpes subtiles, elles sont toujours très stylisées, ce qui les rend intemporelles. Je veux que mes objets vivent après moi et qu’ils aient plusieurs vies », confie le créateur.
Il y a une douzaine d’années, cette prise de conscience l’a engagé dans une nouvelle démarche, comme il le précise aujourd’hui : « Je fais du slow design, dans le processus de création et de fabrication, mais également dans la vocation pérenne de mes pièces. On ne les jette pas, on les garde, on les réemploie et on les transmet. Je recherche la transmission ». Les premières créations nées de cet esprit ont été les tables de la collection Giverny, que Michel Amar considère comme ses premières sculptures : leur plateau minéral, décliné en de multiples variétés de pierres, est présenté sur un piètement de bronze. À la croisée de l’art et de la nature, ses deux principales sources d’inspiration, leur forme fait référence aux nénuphars de Claude Monet. Existant dans différentes tailles, ces tables se combinent entre elles et s’adaptent à l’envi à tous les espaces. Ce principe de pièce à usages multiples se retrouve avec Bûche, un tabouret qui peut devenir de chevet ou de bout de canapé, mais également se transformer en une grande table ou un banc une fois associé à d’autres éléments similaires.
La table à manger en pierre baptisée Vence – réminiscence des paysages de pierre sèche de la Provence dont il est originaire – se divise quant à elle en deux parties indépendantes, comme le font les cellules en biologie. Sa forme libre, favorisant la convivialité en permettant de faire converger les discussions en son centre, illustre un autre principe du design de Michel Amar : créer le dialogue entre l’objet et les émotions des individus. « Avec un intérieur sur mesure, rentrer chez soi devient comme rentrer en soi, c’est synonyme d’apaisement », souligne le designer.
Puisant son inspiration à toutes les sources, de manière transversale, il a mille idées en tête, qui n’attendent que du temps pour être réalisées. Dans le prolongement de sa démarche, il aspire désormais à des créations plus personnelles et artistiques, en créant des oeuvres de ses propres mains à partir de chutes de pierres, de métaux de récupération et de poutres anciennes. Une autre façon de « vivre la matière ».
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