Depuis deux saisons, le chrome s’invite partout : sur les abat-jour sphériques comme sur les pieds de chaise tubulaires. Reflets miroitants et éclats futuristes transforment les salons en boîtes à lumière. Pourquoi ce métal poli fascine-t-il de nouveau et quels créateurs en font leur signature ? Voyage au cœur d’une tendance qui joue avec la brillance pour agrandir l’espace.


Tom Dixon
Les magazines de décoration annoncent le chrome comme la matière phare de 2025 pour qui veut une pièce effortlessly cool. Candélabres miroir, bouts de canapé cylindriques ou poignées d’armoire scintillantes : chaque touche renvoie la lumière comme un petit soleil domestique, rompant avec les finitions mates des années précédentes.
Tom Dixon ouvre la marche. À Milan, la marque de design britannique a présenté Melt et Mirror Ball en version chrome poli, qui projettent une aura sur les murs et plafonds. Le designer anglais Lee Broom lui répond avec Eclipse et Fulcrum : suspensions et appliques aux disques argentés, capables de se fondre dans la pénombre ou d’avoir des effets miroir lorsqu’elles captent un rai de lumière. En Pologne, Oskar Zięta gonfle des feuilles d’acier inoxydable pour créer Rondo ou Tafla : miroirs bombés issus d’une technique de gonflage à haute pression qui fait danser les reflets comme une bulle de mercure. Plus poétique, la Néerlandaise Sabine Marcelis combine résine translucide et surfaces métalliques ultrapolies pour créer des colonnes et bancs qui filtrent la lumière et teintent l’environnement d’un halo coloré.
La lampe chrome résume à elle seule la tendance : légère, elle accroche la lumière diurne, puis se change en boule à facettes une fois allumée. Côté assise, les chaises tubulaires à piètement chromé reviennent en force dans les intérieurs qui cultivent un esprit rétro pop, tandis que les tabourets gonflés de Zięta ou les tables basses miroir signent un parti pris sculptural.
Obtenir un chrome parfait exige plusieurs étapes de polissage pour effacer chaque microrayure, puis un dépôt métallique sans impuretés. Historiquement, on pratique l’électrolyse : une couche de cuivre assure l’adhérence, le nickel apporte la brillance profonde, enfin le chrome scelle l’ensemble et protège de l’oxydation. Pour répondre aux normes environnementales actuelles, de nombreux studios de design choisissent le dépôt physique en phase vapeur, plus connu sous l’acronyme PVD : le métal vaporisé sous vide s’accroche au support, offrant un revêtement dur et moins toxique que le chromage traditionnel, tout en conservant l’effet miroir.
Le chrome joue d’abord avec la lumière : il reflète les couleurs du décor, agrandit les volumes et imprime un rythme métallique aux perspectives. Dans une ère où les intérieurs cherchent la clarté sans renoncer à la personnalité, cette brillance agit comme un filtre Instagram intégré : elle capte l’œil, anime une pièce trop sage et dialogue avec les teintes naturelles du bois ou de la pierre. Les créateurs contemporains y voient aussi un écho aux années 1970, période d’optimisme spatial où le métal, symbole de progrès, habillait fauteuils et luminaires.
Qu’il enveloppe une bulle lumineuse ou qu’il s’enroule en tube autour d’une assise, le chrome confirme son ascension. Techniques plus durables, designers audacieux et soif de reflets portent cette matière au sommet des listes de souhaits déco. Dans nos maisons, le métal miroir ne se contente plus de briller : il raconte une époque qui mise sur la luminosité, la fluidité des formes et l’envie de pièces spectaculaires, sans perdre de vue l’exigence artisanale. Le présent se reflète déjà dans ces surfaces polies, annonçant un avenir où la beauté prendra encore la lumière pour complice.