VERTIGO À PORQUEROLLES : LE PAYSAGE AU BORD DE L’ABÎME

À la Villa Carmignac, l’art contemporain épouse la nature pour une expérience sensorielle hors du commun. Avec VERTIGO, la nouvelle exposition estivale, le vertige devient langage.

Adrián Villar Rojas, The most beautiful of all mothers (XII) (The Bison), 2015 © Adrián Villar Rojas | Photo : © Fondation Carmignac / Thibaut Chapotot 

Sur l’île de Porquerolles, là où le vent rencontre les roches et le silence s’insinue dans les interstices de la lumière, la Fondation Carmignac poursuit son œuvre singulière : offrir à voir autrement. Depuis sa création en 2000 par l’entrepreneur Edouard Carmignac, elle n’a cessé de tracer une voie à part, entre collection libre, engagement humanitaire par le photojournalisme, et immersion esthétique. Son écrin — la Villa Carmignac, 2000 m² d’espaces d’exposition semi-enterrés — est une prouesse d’architecture invisible, dissimulée sous les pins, respirant à l’unisson avec la nature environnante.
La collection, patiemment constituée au fil des années, rassemble des œuvres majeures de Warhol, Lichtenstein, Richter ou Basquiat, mais aussi de jeunes artistes ou figures issues de scènes émergentes. Elle s’affranchit des catégories, refuse les dogmes, privilégie les émotions. Dans ce sillage, le Prix Carmignac du photojournalisme, né en 2009, éclaire les crises contemporaines à travers le regard d’auteurs engagés, donnant à l’image la force de l’action.

Un vertige visuel et sensoriel

Intitulée VERTIGO, l’exposition 2025 réinvente la manière de regarder les phénomènes naturels. Loin de la simple contemplation, elle explore la perte de repères, les oscillations de la perception, les impressions d’apesanteur ou d’abandon. Sous le commissariat de Matthieu Poirier, plus de cinquante œuvres déploient un champ d’expériences plastiques et visuelles autour de cinq pôles : aquatique, cosmogonique, aérien, infini et terrestre. Le fil rouge ? Le trouble du regard face à la puissance du vivant.
L’exposition réunit des œuvres emblématiques — comme les bleus vibrants d’Yves Klein, les environnements lumineux de James Turrell, les paysages abstraits de Gerhard Richter — mais aussi des installations immersives conçues pour le lieu, comme celles de Caroline Corbasson, Jeppe Hein ou Ann Veronica Janssens. La couleur devient pulsation, la lumière, matière instable. Tout invite à lâcher prise, à se laisser envahir par le mouvement, à se fondre dans un univers où les frontières du réel se diluent.
Il ne s’agit pas de voir, mais de ressentir. De se laisser désorienter. Le visiteur pénètre un monde où le sol semble flotter, les murs vibrer, les perspectives s’effondrer. Dans cette expérience, l’art agit moins comme représentation que comme sensation pure — une manière d’accéder, enfin, à la profondeur du paysage par-delà l’image.

À Porquerolles, la mer n’est jamais loin. Elle murmure aux œuvres, joue avec les reflets. Le visiteur, quant à lui, traverse une parenthèse. Déconnecté du tumulte, il retrouve un espace pour penser, rêver, ressentir. VERTIGO n’est pas un parcours : c’est une plongée. Une dérive poétique dans les plis du sensible. Et si l’on en ressort un peu troublé, c’est que le monde, après tout, mérite parfois d’être vu la tête à l’envers.

VERTIGO
Villa Carmignac, île de Porquerolles
26 avril 2025 – 2 novembre 2025

fondationcarmignac.com

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