L’architecte et designer Maxime d’Angeac réimagine l’hospitalité itinérante avec deux projets d’envergure : le train Orient-Express et le premier des voiliers Orient Express Silenseas. Tous deux inspirés des années 1920-1930 et nourris des codes du luxe contemporain.

Depuis trente ans, Maxime d’Angeac fait de son métier d’architecte un véritable travail d’orfèvre, à l’image de la boutique Guerlain, avenue des Champs-Élysées. Cet amoureux de la Renaissance italienne, de l’Art déco, de l’architecture palladienne, des récits de Jules Verne ou encore de la bande dessinée Le Transperceneige examine ainsi chacun de ses projets au cas par cas. « Je ne suis pas un architecte du sur-mesure, je travaille à la mesure de mes clients », prône-t-il. Qu’il s’agisse de croquis préparatoires, de décoration d’intérieur, de lumière ou d’achat d’art, Maxime d’Angeac assure la conception du début à la fin et porte un soin particulier au détail. Ces dernières années, l’homme de 62 ans s’investit dans ce qu’il définit comme « le projet d’une vie » avec le train Orient-Express et sa déclinaison maritime, l’un des deux premiers navires Silenseas, prévus à l’horizon 2026.

Un trésor sur rail qui défie le temps
À travers ce vaste programme,l’architecte et décorateur, nommé directeur artistique en janvier 2024, collabore ainsi avec le groupe Accor pour réinterpréter ce mythe sur chemin de fer, fondé en 1883 par Georges Nagelmackers et arrêté en 1977. Si ce joyau a pu ressusciter quelques années pendant la décennie 1980 avec le Nostalgie-Istanbul-Orient-Express, son propriétaire, l’homme d’affaires Albert Glatt, a fini par céder sa création à la marque Orient Express en 2018.
Aujourd’hui, Maxime d’Angeac se charge de redonner vie à la légende, puisant dans la notion du Modulor établie par Le Corbusier en 1945, l’Art déco et les styles Empire et contemporain. Le tout sublimé par le savoir-faire d’artisans français. Les wagons ravivent ainsi le motif « rail » de Suzanne Lalique et les panneaux de marqueterie originaux Morrison et Nelson. La voiture-bar se dévoile dans une tonalité de vert, associant bois de palissandre, marbre couvrant les tables et chapiteaux en bronze. Le comptoir en verre du bar poursuit son hommage à Lalique, au même titre que la voiture-restaurant, par les motifs des tapisseries.
Dans les suites, le designer arrondit les angles et s’amuse des perspectives avec des miroirs sorcière. Le cuir mural se réapproprie de plus belle le motif « rail », les têtes de lit se couvrent de broderies et la salle de bain se pare de marbre. Quant aux couloirs, ces espaces exigus de circulation s’offrent un décor théâtral orné d’une moquette graphique.

Un rêve en mer alliant technologie et confort
Il est temps maintenant de prendre le large avec le Corinthian, premier des deux navires Orient Express Silenseas, conçu en partenariat avec Accor et les Chantiers de l’Atlantique. Ce superbe voilier de 220 mètres de long, avec 4 500 mètres carrés de voilure déployée sur ses trois mâts, devrait atteindre « une vitesse de 17 nœuds, poussée par la seule force du vent ». Il s’inspire de l’âge d’or des croisières luxueuses, avec des itinéraires prévus en Méditerranée, en Adriatique et aux Caraïbes.
À bord, Maxime d’Angeac fait de nouveau honneur au bois, au cuir et au marbre. Les 54 suites, allant de 45 à 230 mètres carrés, sont dotées de baies vitrées panoramiques ou de terrasses privatives. Le voilier compte également cinq restaurants, huit bars dont un speakeasy aux inspirations des années 1930, un pur cabaret parisien de 115 places, un studio d’enregistrement, une salle de cinéma et un spa. La marina, située à la poupe, fait place aux dîners et aux activités nautiques, quand le couloir de nage d’un peu plus de 16 mètres invite les sportifs à s’exercer.
Plus de 140 ans après l’icône ferroviaire de luxe et près d’un siècle après le paquebot Normandie, le Corinthian poursuit l’héritage Orient Express, entamant un nouveau chapitre maritime à l’énergie durable. Mais ce n’est pas tout. Dans ses multiples projets d’hospitalité Orient Express, le groupe Accor a également prévu le lancement du train La Dolce Vita et des premiers hôtels La Minerva à Rome et Palazzo Donà Giovannelli à Venise.









