Nuri Bilge Ceylan, maître de l’image

Avec « Inner Landscapes », le Eye Filmmuseum présente la première exposition aux Pays-Bas consacrée au travail du réalisateur et photographe turc multirécompensé, Nuri Bilge Ceylan. 

En 2014, Nuri Bilge Ceylan repartait du Festival de Cannes avec la Palme d’or pour Winter Sleep. Cetteœuvre dense de plus de trois heures nous plongeait dans le paysage d’Anatolie à perte de vue, entre steppes désertiques et reliefs montagneux.

Une récompense suprême qui faisait suite en terre cannoise aux deux Grands Prix pour Uzak (2003) et Il était une fois en Anatolie (2011), au prix FIPRESCI de la critique internationale pour Les Climats (2006) et au Prix de la mise en scène pour Les Trois Singes (2008).   

Aujourd’hui, le Eye Filmmuseum à Amsterdam consacre sa première exposition à ce grand nom du septième art turc. Rendant hommage à son métier de réalisateur, d’une part, mais aussi et surtout à son travail de photographe plus méconnu.  

L’institution néerlandaise combine ainsi ses films primés à ses clichés de paysages immersifs, où l’éclairage dramatique, les couleurs nuancées et les protagonistes presque imperturbables nous transportent dans des histoires calmes et résonantes.

Environnements contemplatifs

Ce maître de l’image de 66 ans, originaire d’Istanbul, a commencé sa carrière en tant que photographe, mais s’est vite fait connaître au cinéma par ses longs métrages qui sondent la condition humaine, son âme de conteur et son amour pour la littérature. 

Ses œuvres nous plongent ainsi dans des récits visuels méticuleusement composés. Entre ombre et lumière, Nuri Bilge Ceylan capte la beauté envoûtante des paysages turcs et les profondeurs nuancées de ses habitants. L’immobilité poignante qui s’en dégage invite à des voyages intérieurs et introspectifs où nombre de ses personnages incarnent des photographes, des artistes, des enseignants. 

Il fait ainsi de l’arrière-plan une toile de fond de premier plan, contribuant à faire évoluer ses protagonistes dans leurs réflexions existentielles, qu’ils soient plongés dans de longs plans d’intérieur ou de vastes paysages urbains, naturels ou sauvages. « Tous sont des individus authentiques qui naviguent dans des luttes personnelles, recherchent des liens significatifs et apprennent à surmonter la solitude et les défis de communication », explique le musée.  

Essence et matérialité

Les mises en scène de Nuri Bilge Ceylan réaffirment ainsi son sens de la composition, mêlant images en mouvement et plans fixes, quand ses photographies, imprimées sur grand format CinémaScope, ne cessent de dégager une sensibilité cinématographique. 

Dans son processus créatif, les deux se répondent et se confondent, créant au sein de ses scénarios un monde où l’abstrait et le concret se meuvent dans un creusement d’espace temporel. « Ses récits sont ancrés dans l’histoire récente de la Turquie et ses multiples contrastes, entre ville et campagne, religion et laïcité, milieux intellectuels et ouvriers, riches et pauvres, individualisme et collectivisme », poursuit l’institution. 

L’exposition photographique s’accompagne de plusieurs projections de ses longs métrages dont la plupart sont en 35 mm et issus de la collection du musée. Parallèlement, des photographes, des réalisateurs et des créateurs turco-néerlandais viennent analyser son œuvre et la manière dont son travail résonne dans diverses communautés turques. 

La vision artistique nuancée et humaniste de Nuri Bilge Ceylan, souvent influencée par Anton Tchekhov et Ingmar Bergman, continue ainsi d’avoir une forte résonance et une influence sur le cinéma turc contemporain. 

« Nuri Bilge Ceylan – Inner Landscapes »

Eye Filmmuseum

IJpromenade 1, Amsterdam (Pays-Bas)

Jusqu’au 1er juin 2025

eyefilm.nl

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