Le musée des Beaux-Arts de Virginie expose le travail d’une trentaine d’artistes américains d’origine hongroise qui ont révolutionné le langage photographique du XXe siècle.

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© Courtesy of the George Eastman Museum
« La photographie des Américains nés en Hongrie est une histoire importante, mais très peu racontée », rappelle Alex Nyerges, administrateur et directeur général du Virginia Museum of Fine Arts (VMFA). « En tant que l’un des dix meilleurs musées d’art du pays, l’institution est bien placée, et même appelée, à aider à montrer la voie en la racontant. » C’est par ces mots que se définit cette intéressante exposition, organisée en collaboration avec Károly Kincses, directeur et fondateur du Musée hongrois de la photographie. Elle vient mettre en lumière un chapitre manquant de l’histoire de l’art, examinant « la portée géographique et l’influence considérable » que ces artistes hongrois américains ont eues sur la photographie du XXe siècle.
© Art Institute of Chicago, Purchased with funds provided by an anonymous donor
FIGURES ÉMINENTES
Cet ensemble de plus de 170 oeuvres se concentre en particulier sur l’impact de ces créateurs dans les centres urbains comme New York, Chicago et Los Angeles. Ce corpus photographique montre surtout comment ces émigrés de l’entre-deux-guerres, dont bon nombre ont dû fuir et changer de nom de famille, ont exploré leur nouveau pays. L’espace muséal accueille ainsi des pièces phares, qu’il s’agisse d’André de Dienes (Andor György
Ikafalvi-Dienes) et ses portraits d’icônes du cinéma comme Marilyn Monroe, qui ont alimenté l’âge d’or de Hollywood, de Robert Capa (Endre Ernö Friedmann), pionnier du photojournalisme moderne, ou de László Kondor, qui a documenté la guerre du Vietnam et l’injustice sociale en Amérique.
L’exposition met également en avant le travail du tailleur et photographe John Albok (János Albók) sur les scènes de loisirs à Central Park et à l’Exposition universelle de New York de 1939-1940. Et dans une même mesure, celui de György Kepes, qui reflète la modernité des années 1950 et 1960, et de László Moholy-Nagy (László Weisz), dont le New Bauhaus a influé sur le développement de Chicago comme incubateur du design, de l’art et de la photographie. On se doit de mentionner deux autres représentants notables de cette belle sélection : Martin Munkácsi (Márton Mermelstein), pour ses photos de mode et de publicité, et André Kertész (Andor Kertész), pour ses clichés sur New York. À la fin de sa vie, ce dernier
a photographié la ville au Polaroid depuis la fenêtre de son appartement donnant sur Washington Square.
CRÉATION ARTISTIQUE RICHE
Leur vision à tous a ainsi fortement contribué au développement et à l’essor de la photographie moderne aux États-Unis. Certains ont su introduire les techniques radicales et expérimentales, quand d’autres ont créé des approches révolutionnaires et innovantes dans leurs domaines respectifs.
« La richesse des talents intellectuels et artistiques qui ont quitté la Hongrie entre la fin de la Première Guerre mondiale et la révolution hongroise de 1956 est presque sans précédent en termes d’ampleur et d’impact », rappelle le directeur du musée. On compte en effet d’autres grands noms au-delà du médium photographique, comme le cofondateur de la Paramount Adolph Zukor, le compositeur Béla Bartók, le réalisateur primé Michael Curtiz (Casablanca), l’architecte et designer Marcel Breuer, ou encore le précurseur du journalisme d’investigation Joseph Pulitzer.
Virginia Museum of Fine Arts, Adolph D. and Wilkins C. Williams Fund, 2014
« AMERICAN, BORN HUNGARY: KERTÉSZ, CAPA, AND THE HUNGARIAN
AMERICAN PHOTOGRAPHIC LEGACY »
VIRGINIA MUSEUM OF FINE ARTS (VMFA)
200 N. ARTHUR ASHE BLVD, RICHMOND (ÉTATS-UNIS)
JUSQU’AU 26 JANVIER 2025
VMFA.MUSEUM