Acumen présente un édito mode et un court métrage réalisé par François Berthier.

Dans un décor minimaliste, une table, un échiquier aux pions parfaitement alignés, une atmosphère où chaque geste semble pesé et calculé. L’histoire débute avec l’apparition fugitive d’une femme, vêtue d’une somptueuse fourrure issue des archives Yves Salomon. Une silhouette presque spectrale qui donne le coup d’envoi d’une partie silencieuse, où chaque mouvement sur l’échiquier résonne dans l’air glacé qui baigne ce duel étrange. Puis elle disparaît, laissant derrière elle un écho mystérieux et une tension palpable. Face à face, deux figures énigmatiques : un homme et une femme, eux aussi enveloppés de manteaux de fourrure, incarnations d’une puissance fébrile, d’un affrontement feutré mais implacable. Le plateau d’échecs, arène symbolique d’une guerre psychologique, devient leur champ de bataille. Mais ici, la partie n’est pas seulement une question de stratégie. Elle incarne une lutte plus profonde, un combat muet entre deux âmes enchevêtrées dans une relation faite de pouvoir et de vulnérabilité. Chaque coup joué est bien plus qu’un simple déplacement sur le plateau : c’est un geste chargé de sens, une confrontation entre le désir de contrôle et l’acceptation de l’inéluctable. Le jeu s’intensifie, chaque pièce est déplacée avec une concentration inflexible. Mais alors que l’homme perd pied, un geste de trop, un coup irrationnel, et son roi tombe. La perte de contrôle se transforme en une explosion de frustration. Il renverse l’échiquier, éparpillant les pièces en une danse chaotique sur le sol, symbole d’une défaite inévitable, mais aussi d’un rejet de la réalité. Il se lève, abandonne la scène, emporté par le poids de l’échec. La femme, restée seule, observe les pièces tombées. Pas de triomphe, pas de victoire éclatante. Elle pose sa tête entre ses mains, engloutie par un silence lourd, une pensée qui semble s’étirer au-delà de l’affrontement. A-t-elle gagné ? Ou a-t-elle perdu aussi ? Le vide laissé par la fin du jeu se fait plus grand que la victoire elle-même, comme si la conquête d’une partie ne pouvait remplir l’espace de la véritable libération.
Archival fur: Yves Salomon
Conçu comme un édito mode sous la direction artistique de Flora di Carlo, ce court métrage met en lumière les fourrures d’archives Yves Salomon dans une mise en scène saisissante, où chaque pièce devient une extension des émotions des personnages. Symbole de luxe et de protection, la fourrure se fait ici carapace, marque de domination et de désir de contrôle, tout en révélant une fragilité sous-jacente. Le choix du noir et blanc confère à ce film une atmosphère intemporelle, glaciale et austère. La froideur de l’image, l’absence de couleur accentuent la gravité du moment et la distance émotionnelle qui s’installe entre les deux protagonistes. Le contraste entre la lumière et l’ombre crée une tension visuelle qui accompagne le duel muet, transformant chaque geste en une chorégraphie précise et calculée. La bande-son, signée par Simon Delacroix, alias Toxic Avenger, rythme cette danse hypnotique avec une intensité qui souligne le crescendo dramatique de la partie. Les notes, tantôt feutrées, tantôt percutantes, enveloppent la scène d’une aura mystérieuse et envoûtante, traduisant en musique les mouvements des pièces et les battements fébriles des cœurs qui s’affrontent. La dernière image, une pièce brisée jonchant le sol noir et blanc, offre un dernier tableau poignant. La femme, seule, dans une lumière tamisée, perdue dans ses pensées, semble emportée par le poids de cette victoire qui n’a finalement rien de glorieux. La victoire n’est-elle pas parfois une autre forme de défaite ? Un fardeau que l’on porte sans jamais pouvoir s’en débarrasser ?
Échec & Mat n’est pas seulement une histoire de jeu, c’est l’histoire d’un combat silencieux, d’une lutte interne qui se déroule dans les recoins invisibles des relations humaines. Un duel où la véritable question n’est pas de savoir qui a gagné ou perdu, mais de comprendre si le jeu en valait vraiment la chandelle.
Brands: Archival fur: Yves Salomon; Hat: Sugri
CREDITS TEAM Court Métrage
Directed by François Berthier
Co-Direction, Artistic Direction & Styling: Flora di Carlo
Editing & Color Grading: François Berthier
Lighting: Valentin Décoratif & Nicolas Sukhoon
Music: Composed & Produced by The Toxic Avenger
@toxavanger (P) & (C) Enchanté Records @enchanterecords
Makeup Artist : Ludovic Cadeo
Makeup Assistant: Feriel brizini
Hair Stylist: Léonie Chipie
CREDITS
Photographe François Berthier
Artistic Direction & Styling: Flora di Carlo
Lighting: Valentin Décoratif & Nicolas Sukhoon
Music: Composed & Produced by The Toxic Avenger
@toxavanger (P) & (C) Enchanté Records @enchanterecords
Makeup Artist : Ludovic Cadeo
Makeup Assistant: Feriel brizini
Hair Stylist: Léonie Chipier
Production Assistant : Tanja Aksentijević
Models :Héloïse Lebeau, Valentin Villedieu
Model Agency: Cover Management
Magazine: Acumen Magazine
Location: Galerie Joseph