Man Ray en majesté 

Pour le 78e album de sa collection « 100 photos pour la liberté de la presse », Reporters sans frontières (RSF) met à l’honneur Man Ray, l’un des plus grands artistes protéiformes et novateurs du XXe siècle.

« J’essaie simplement d’être le plus libre possible. Personne ne peut me dicter ou me guider dans ma manière de travailler ou dans le choix de mes sujets. On peut me critiquer après coup, mais c’est trop tard. Le travail est accompli. J’ai expérimenté la liberté. » C’est avec ces mots que Man Ray, né Emmanuel Radnitsky (1890-1976), parvient sans doute à résumer le mieux sa vie, sa carrière, son œuvre.Et qui de mieux que l’organisation internationale de la défense de la liberté de la presse pour consacrer une édition à celui qui a refaçonné les frontières de la création et de l’imagination ?Place donc à l’une des figures de proue du surréalisme et du dadaïsme. Juste après l’album sur Martine Franck, avec le soutien de la Fondation Henri Cartier-Bresson, Reporters sans frontières continue ainsi d’enrichir sa collection. L’ONG offre une plongée dans le travail photographique et les expérimentations techniques de ce grand nom de l’avant-garde moderne.  

Effervescence des années folles

C’est à un voyage passionnant entre New York, Hollywood et bien sûr Paris que nous convient ces plus de 140 pages sur l’œuvre de cet exilé américain, né à Philadelphie dans une famille juive d’émigrants russes. Les textes de José-Louis Bocquet (auteur et scénariste), Emmanuelle de l’Ecotais (commissaire d’exposition), Robert McAlmon (éditeur), Maud Simonnot (écrivaine et éditrice) et Whitney Scharer (essayiste et romancière) nous font ainsi revivre l’atmosphère de l’époque. L’album nous plonge dans ses images des années 1915, ses essais techniques, ses photographies de mode et les portraits de ses amis artistes. Tout commence d’ailleurs par son amitié avec Marcel Duchamp, rencontré à New York et qui le convainc de s’établir dans le Paris des poètes, des surréalistes et des années folles, qui fera sa renommée. Un extrait de l’autobiographie de Man Ray, reproduit en avant-propos, nous baigne aussitôt dans l’ambiance, où il évoque ses amis Louis Aragon, Paul Éluard et Salvador Dalí. 

Innovations et icônes intemporelles

De la rayographie (soulignement des contours en forme de halo) à la solarisation (inversement des tons), Man Ray n’a eu de cesse d’expérimenter, souvent inspiré, influencé et guidé par ses compagnes et modèles. Avec Kiki de Montparnasse, il crée entre autres deux de ses chefs-d’œuvre photographiques (Le Violon d’Ingres, 1924 ; Noire et Blanche, 1926). Avec Lee Miller, devenue une grande photographe de guerre après sa rupture avec lui, la relation se fait plus passionnelle et créative. C’est elle qui trouve le principe de solarisation et lui permet de le développer. Portraits, visages, corps, yeux, objets… Cet artisan sans limites a redéfini l’art photographique dans des jeux de formes et de lumières, tout en explorant au fil de sa carrière la peinture, le cinéma et la sculpture. S’il fut contraint de fuir la France et de retourner aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de revenir s’installer à Paris jusqu’à son décès, ses œuvres continuent de marquer l’histoire de l’art et de la photographie, traversant les époques avec inventivité, audace et cet esprit de liberté.

Man Ray

Éditions RSF – Collection « 100 photos pour la liberté de la presse »

Sortie le 6 mars 2025

rsf.org

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