Permanence et versatilité, identité et nature. Quatre grands axes qui structurent le travail de Roni Horn se rencontrent, se mélangent et se confondent dans son oeuvre, qui fait aujourd’hui office de référence dans le monde de l’art contemporain. Une carrière à découvrir ou à redécouvrir au Louisiana Museum, dans le cadre de la première grande exposition solo consacrée à l’artiste dans les pays nordiques, visible jusqu’au 1er septembre 2024.


Acclamée dans nombre d’événements et d’institutions, des Rencontres de la photographie d’Arles à la Collection Pinault, l’artiste Roni Horn s’invite le temps d’une exposition au vénérable Louisiana Museum au Danemark. Il faut dire que le musée est l’heureux propriétaire de quelques oeuvres de l’artiste, comme From some Thames (2000), composée de clichés de la surface de la Tamise, ou encore Untitled (The sensation of longing for an eclipse of the moon), une pièce cylindrique massive de verre – un motif que l’on retrouve à de nombreuses reprises dans l’oeuvre de l’Américaine –,
mais aussi et surtout cette série qui se compose d’une trentaine de photographies où figure l’artiste, prises par différentes personnes au fil du temps. Des clichés où elle est à la fois elle-même et 29 autres individus. Une représentation de la difficulté à exprimer l’identité d’un être, tant celle-ci peut changer. Une versatilité que l’on retrouve dans les fameuses sculptures de Roni Horn, évoquant l’eau et ses changements d’état. Des changements que l’on peut retrouver dans ces blocs de verre exposés délibérément dans l’aile sud du musée et ainsi présentés à la lumière du jour, subissant à ce titre les variations de la lumière, liées à celles du temps.
Autre particularité de cette exposition singulière, la présence d’une série d’extraits de grands classiques du cinéma. « L’inspiration que Roni Horn
tire du cinéma, sa fascination pour l’imagerie cinématographique et le récit des images, constituent un nouveau terrain sur lequel présenter son travail. Les visiteurs du Louisiana se déplaceront dans l’aile sud, croisant les oeuvres de Horn et les séquences de films, qui constituent une partie active et significative du matériau qui a façonné l’artiste », explique Poul Erik Tøjner, directeur du Louisiana Museum. Parmi les films sélectionnés, La Passion de Jeanne d’Arc (1928) de Carl Theodor Dreyer pour le plus ancien, et Melancholia (2011) de Lars Von Trier pour le plus récent.
L’artiste, diplômée de la Rhode Island School of Design et des beauxarts de l’université de Yale, emprunte régulièrement la grammaire et les astuces du monde du septième art, et les intègre dans son processus créatif. « Elle exploite la tension entre le monde extérieur, où prédomine le corps socialement défini, et le monde intérieur de la réalité consciente, où réside le corps, avec ses pulsions et ses désirs. Tout au long de l’exposition, ces extraits de certains des récits cinématographiques les plus célèbres de l’histoire forment un chemin parallèle à l’oeuvre de Horn », nous explique l’équipe du musée danois.
« RONI HORN : THE DETOUR OF IDENTITY »
LOUISIANA MUSEUM OF MODERN ART
GL. STRANDVEJ 13, HUMLEBÆK (DANEMARK)
JUSQU’AU 1ER SEPTEMBRE 2024
LOUISIANA.DK