UNSEEN PHOTO FAIR 2024

La 12e édition d’Unseen Photo Fair, foire internationale dédiée aux évolutions de la photographie contemporaine installée au coeur d’Amsterdam, a redoublé de propositions innovantes et de perspectives inattendues, venues d’horizons différents.

Svante Gullichsen, Five Away, 2020 © Courtesy Galerie Heider

François Visser, Viviane Sassen, Michiel Kluiters, Daniel Arsham, Janette Beckman, Terry O’Neill, Fan Ho, Ben Thomas, Svante Gullichsen, Hans van Asch, Dean West… C’est à un large éventail de photographes que nous a conviés cette nouvelle édition d’Unseen. Cette foire internationale d’Amsterdam, fondée en 2012, se consacre à la photographie contemporaine sous toutes ses formes.
Elle est née de la volonté de mettre en exergue de nombreux talents qui développent des projets expérimentaux, que ceux-ci proviennent de premiers travaux d’artistes émergents ou de pièces inédites de noms reconnus. Elle s’est ainsi fait un nom grâce à ses normes de conservation élevées et son atmosphère intime. « Unseen relie le nouveau à l’établi et l’établi à l’innovant, créant une plateforme devenue un aperçu important des derniers développements et des directions que prend le moyen d’expression », explique le fondateur Roderick van der Lee.
Année après année, la foire ne cesse ainsi d’attirer les galeries, les passionnés de photographie, les collectionneurs et les professionnels de l’art à travers le monde.

À L’AVANT-GARDE DE LA DISCIPLINE

Cette 12e itération, qui s’est tenue du 19 au 22 septembre, a de nouveau transformé Westergas, un village d’art et de culture sis dans le parc public Westerpark, en un rendez-vous incontournable de l’image. Le fondateur a choisi d’axer la programmation sur une réflexion globale sur la photographie à l’échelle mondiale, rassemblant des talents établis et émergents. L’événement a ainsi accueilli 71 exposants. Un chiffre moindre au regard de 2023, lié à la stratégie de certaines galeries de vouloir agrandir les stands avec des accrochages spécifiques.
La sélection comprenait également 65 éditeurs du marché du livre, pour toujours plus offrir aux amoureux de l’image de quoi alimenter leur bibliothèque, et 8 projets de la section Unbound, qui sondait et dépassait les limites de l’univers photographique, notamment avec les vidéos de l’artiste israélienne Yael Bartana dont les oeuvres font partie des collections du MoMA, de la Tate Modern et du Centre Pompidou. Son travail s’intéresse aux rituels sociaux qui façonnent les identités individuelles et la mémoire collective.

Nella Ngingo, Brave Beauties, Amaso y’inyana, 2023 – © Courtesy Gallery Motormond

DYNAMIQUE DE VISIBILITÉ

L’approche de la foire est aussi de maintenir le cap dans l’arrivée de nouvelles participations. C’est le cas avec la galerie Einspach de Budapest, qui prenait part à l’événement pour la première fois, consacrant un solo show à Tamas Dezsö. L’artiste pose un regard à la fois beau et sombre sur les paysages pastoraux et les modes de vie oubliés de la Hongrie, de la Roumanie et d’autres régions d’Europe de l’Est.
Ailleurs, Open Doors de Londres abordait la photographie d’un point de vue curatorial, présentant les nouvelles oeuvres de la série Profile de Javier Hirschfeld Moreno. L’artiste espagnol s’intéresse au rôle et à la responsabilité du moyen d’expression dans la représentation de soi et des identités collectives.
Plus loin, l’espace Motormond à Amsterdam se concentrait sur les cultures pandiasporiques, quand la Homecoming gallery, qui a ouvert son premier espace cet été dans la ville néerlandaise, présentait les oeuvres de Mia Weiner. Originaire de Chicago, cette photographe explore l’identité, le genre et la psychologie des relations humaines. Elle fait également partie des lauréates du Prix 2024 de la Fondation V&A Parasol pour les femmes dans la photographie, lancé par le Victoria and Albert Museum.

Viviane Sassen, SWTS, 2017-2023 © Courtesy Galerie Stevenson

COUR DES GRANDS

Unseen a réaffirmé sa position grâce à de nombreuses galeries établies, à l’exemple de celle d’Annet Gelink à Amsterdam qui donne un coup de projecteur sur la photographe documentaire et de mode néerlandaise Bertien van Manen (1935-2024), décédée en mai dernier. Son parcours a notamment été inspiré par la série The Americans de Robert Frank et plusieurs de ses oeuvres ont rejoint les collections du MoMA de New York, de la MEP à Paris, du Rijksmuseum d’Amsterdam et du Musée d’Art Moderne de San Francisco (SFMOMA).
Du côté des habitués, la Steiglitz 19 d’Anvers est restée à l’avant-poste et a choisi cette année de mettre en lumière le travail de Kevin Osepa. Ce natif de Curaçao s’intéresse aux identités des jeunes afro-caribéens.
Quant à la galerie Stevenson, installée entre Cape Town, Johannesburg et Amsterdam, elle présentait un solo show de l’artiste prolifique Viviane Sassen, dont l’oeuvre est également exposée au musée Foam. Car Unseen a aussi fait la part belle à des expositions muséales dans toute la ville d’Amsterdam, comme celles d’Awoiska van der Molen au Huis Marseille et de plusieurs jeunes photographes belges au centre culturel Brakke Grond.

Terry O’Neill, Diana Ross at the Apollo London, 1976 © Courtesy Smith Davidson Gallery

ENTRE PASSÉ ET PRÉSENT

On clôt avec plusieurs accrochages de la section « Past/Present », qui retraçait l’histoire de la photographie. Depth of Field (D.O.F.) à Amsterdam a offert un regard intéressant sur la représentation photographique de l’imagerie textile. La galerie exposait une rare épreuve de 1931 du linceul de Turin par Giuseppe Enrie, autrement appelé « Suaire de Turin » ou « Saint-Suaire », ce fameux drap de lin jauni montrant l’image d’un homme qui présente des traces de blessures apparentées à la crucifixion de Jésus. L’approche de la photographie permet de rendre plus clairement visibles les contours d’un des « artéfacts les plus étudiés de l’histoire ». On retrouvait aussi les premières reproductions photographiques d’oeuvres d’art avec celles d’Adolphe Braun.

Ben Thomas, Split- 43 -, 2017 © Courtesy Project 2.0 Gallery

Changement de registre avec la Blue Lotus Gallery à Hong Kong, qui nous entraînait dans l’effervescence urbaine de la ville chinoise avec Fan Ho (1931-2016), l’un des maîtres de la photographie, et la vision contemporaine de l’étoile montante Romain Jacquet-Lagrèze.
On ferme la section et cette édition d’Unseen avec la SmithDavidson gallery, basée à Amsterdam, Mexico et Miami, qui proposait un joli dialogue entre deux photographes iconiques britanniques, Terry O’Neill et Janette Beckman.

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