La National Gallery of Art célèbre l’une des plus grandes révolutions esthétiques afro-américaines avec une exposition inédite sur la photographie et le Black Arts Movement.

Sous la surface des images, l’Histoire affleure. Du 21 septembre 2025 au 11 janvier 2026, la National Gallery of Art, à Washington, présentera la toute première exposition d’envergure consacrée à la place déterminante de la photographie dans le mouvement artistique et politique afro-américain connu sous le nom de Black Arts Movement.
Entre 1955 et 1985, la photographie devient bien plus qu’un outil documentaire : elle incarne un acte de réappropriation, un manifeste visuel et une stratégie d’autodétermination culturelle. Cette exposition, gratuite et ouverte à tous, réunira 150 œuvres majeures, révélant la profondeur et la diversité d’une génération d’artistes qui ont façonné, à travers leur objectif, une nouvelle image de l’identité noire américaine.
Issu des secousses sociales et politiques des années 1960, le Black Arts Movement est indissociable de la lutte pour les droits civiques et l’émancipation culturelle. Ce courant, volontairement pluriel, mêle poésie, musique, théâtre, arts visuels, et bien sûr photographie. Il donne naissance à une esthétique radicale, forgée dans l’urgence, l’affirmation de soi, la beauté noire, la mémoire, et la dignité.
L’exposition restitue cette pulsation collective avec densité. Sur les clichés de figures majeures comme Roy DeCarava, Kwame Brathwaite, Doris Derby, Emory Douglas, Barbara McCullough, ou encore Ming Smith, c’est tout un univers de récits visuels qui surgit. Portraits de rue, scènes communautaires, affiches de mobilisation, mises en scène militantes ou expérimentations plastiques : chaque image devient déclaration.
Comment représenter ce qui a été longtemps invisibilisé ? Cette question relie les œuvres exposées comme un fil rouge. Romare Bearden, Betye Saar, Billy Abernathy ou Barkley Hendricks réinventent une iconographie de la fierté noire. À rebours des stéréotypes dominants, ces artistes écrivent une histoire alternative de l’Amérique, dans laquelle les sujets noirs ne sont plus objets de regard, mais auteurs de leur propre récit.

La photographie devient ici une archive vivante, une mémoire incarnée. Le portrait bouleversant d’Ethel Shariff, en habit de religieuse à la tête d’une nuée de femmes noires formant un V presque sacré, incarne cette tension entre puissance silencieuse et force collective. C’est tout un peuple qui se tient debout derrière elle.
Conçue par Philip Brookman (conservateur associé du département des photographies à la National Gallery of Art) et la brillante Deborah Willis (professeure à l’université de New York, directrice du Center for Black Visual Culture), l’exposition est aussi exigeante qu’accessible. Elle prend place dans le West Building du musée, avec un accrochage sobre, qui met en valeur les tirages dans toute leur matérialité.
Un programme de conférences, dont une rencontre inaugurale le 21 septembre, accompagne l’exposition. Il ne s’agit pas seulement de regarder ces images, mais de les écouter, de dialoguer avec elles, de comprendre ce qu’elles disent encore aujourd’hui.
Après Washington, l’exposition voyagera au J. Paul Getty Museum à Los Angeles, puis au Mississippi Museum of Art. Cette itinérance confirme l’importance du projet, pensé pour inscrire durablement le Black Arts Movement dans le récit muséal américain et mondial.
Soutenue par des institutions engagées telles que la Trellis Fund, la Shared Earth Foundation, et The Robert Mapplethorpe Foundation, cette initiative est accompagnée d’une publication richement illustrée, appuyée par Nion McEvoy et Leslie Berriman.
« Photography and the Black Arts Movement, 1955–1985 » n’est pas une exposition sur le passé. Elle parle d’aujourd’hui, de la manière dont les images peuvent encore réparer, construire, relier. Elle nous tend un miroir, mais érige aussi un pont. Car regarder, c’est déjà commencer à comprendre. Et comprendre, c’est peut-être commencer à changer.
« Photography and the Black Arts Movement, 1955-1985 »
National Gallery of Art
6th Street and Constitution Avenue, Washington
Du 21 septembre 2025 au 11 janvier 2026
nga.gov/exhibitions/photography-and-black-arts-movement-1955-1985


weekly for group sessions with therapy counselors. This woman offered the gospel song “Precious Lord” to the assembled., 1972, gelatin silver print, image: 33 x 21.9 cm (13 x 8 5/8 in.), sheet: 35.5 x 27.7 cm (14 x 10 7/8 in.), mat: 16 x 20 in., frame: 16 7/8 x 20 7/8 in., National Gallery of Art, Alfred H. Moses and Fern M. Schad Fund, 2022.104.2, © Ozier Muhummad
Gordon Parks, Evening Prayer, Muslim Father and Son, New York, 1963, gelatin silver prin, , image: 33.9 x 23 cm (13 3/8 x 9 1/16 in.), mat: 15 x 19 in., frame: 15 7/8 x 19 7/8 in., National Gallery of Art, Corcoran Collection (The Gordon Parks Collection), 2015.19.4632








