Quand l’art et la technologie réinventaient le monde avant Internet

L’exposition « Electric Dreams: Art and Technology Before the Internet » plonge le spectateur dans un voyage captivant au cœur des premières intersections entre art et technologie. De la fin des années 1950 à l’avènement d’Internet dans les années 1990, cette période a vu des artistes explorer des concepts scientifiques et des technologies émergentes pour élargir les horizons créatifs. Des collaborations transdisciplinaires et des expérimentations innovantes ont marqué cette époque, où l’art n’était plus seulement une forme d’expression, mais un moyen d’interagir avec le public et de redéfinir la société.
De grandes figures comme Atsuko Tanaka et sa mythique Electric Dress ont démontré comment l’art pouvait se combiner à la technologie dans une exploration sensorielle. Inspirée par les paysages urbains illuminés du Japon de l’après-guerre, cette œuvre fusionnait sculpture, peinture et performance pour refléter l’impact de l’électricité sur la vie moderne. Ces artistes ont souvent perçu la technologie comme un outil collectif, s’éloignant des intérêts militaires ou corporatifs qui dominaient son développement initial.
Liliane Lijn, The Bride, 1998. © Liliane Lijn
La cybernétique, une science des systèmes et de leurs interactions, a profondément influencé l’art des années 1960. En se concentrant sur des principes tels que l’autorégulation et la communication, cette discipline a offert aux artistes une base théorique pour créer des œuvres interactives. Des groupes, comme le Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV), ont cherché à engager le public de manière active en transformant l’expérience artistique en un dialogue dynamique.
Le développement de nouvelles technologies, telles que les circuits intégrés et les ordinateurs, a permis des approches radicales. Des collectifs tels que Signals à Londres ou le mouvement Zero en Allemagne ont exploré les propriétés du mouvement, de la lumière et des algorithmes pour créer des installations immersives. Leurs œuvres n’étaient pas uniquement destinées à être contemplées : elles nécessitaient la participation du spectateur, brouillant la frontière entre l’artiste et son audience.
Avec l’essor des ordinateurs personnels dans les années 1980, les artistes ont commencé à s’approprier ces outils, ouvrant la voie à des œuvres comme celles de Nam June Paik ou Tatsuo Miyajima. Le paradigme « Do it yourself » a également émergé, invitant les créateurs à expérimenter avec des équipements grand public. Ce mouvement a favorisé l’apparition d’espaces collaboratifs, comme les laboratoires d’art vidéo et les expositions technologiques interactives.
L’exposition se termine sur une note futuriste, avec des œuvres comme Liquid Views de Fleischmann et Strauss, qui explore le narcissisme à travers un miroir digital interactif. En revisitant des mythes anciens au prisme de la lumière des technologies modernes, ces artistes interrogent notre rapport à l’identité et à la virtualité. En faisant découvrir des installations immersives et des expérimentations originales, « Electric Dreams » montre comment l’art a anticipé et influencé la manière dont la technologie façonne notre perception du monde.
« ELECTRIC DREAMS: ART AND TECHNOLOGY BEFORE THE INTERNET »
TATE MODERN
BANKSIDE, LONDON SE1 9TG (ANGLETERRE)
JUSQU’AU 1er JUIN 2025