La Philharmonie de Paris au rythme du disco

L’institution parisienne propose une exposition autour de la fulgurance du disco, genre musical né à New York dans les années 1970. Un espace d’utopie et de révolution ancré dans l’histoire et la culture noires américaines.

©Meryl Meisler_Rejected from Studio 54_1978

Sortez les paillettes et les pattes d’eph, fléchissez les bras et déhanchez-vous comme John Travolta dans Saturday Night Fever :la Philharmonie de Paris se transforme en dancefloor scintillant sous les boules à facettes ! Car 2025 est une année de célébration pour l’institution qui souffle non seulement ses trente ans d’existence, mais aussi les dix ans de la Cité de la musique. Ce double anniversaire s’accompagne ainsi d’une belle exposition autour du disco qui, d’une esthétique aux apparences flamboyantes, est devenu un phénomène planétaire. 

Comme le rappellent Olivier Mantei, directeur général de l’institution, et Marie-Pauline Martin, directrice du Musée de la musique : « Le mouvement a émergé au croisement de différentes luttes pour les droits civiques et accompagne, ou y fait écho, le combat de la minorité africaine-américaine, de la communauté LGBTQ+, comme des mouvements féministes, tous réunis dans un même élan hédoniste. »  

©Kwame Brathwaite_ Untitled_1970 copie.jpg

Let’s dance!

Place ainsi aux divas du disco (Donna Summer, Diana Ross, Gloria Gaynor), aux groupes phénoménaux (Earth, Wind and Fire, The Jackson Five), aux DJ pionniers (David Mancuso), aux labels mythiques (Motown), aux premiers clubs populaires (Paradise Garage, The Saint) et au riche mélange des genres (funk, gospel, percussions latines et africaines).     

Entre musiques et spectacles, histoire et manifeste, art et objets, l’exposition « Disco, I’m coming out » examine toutes les dimensions de ce style de musique. Elle offre une plongée approfondie, scindée en quatre segments, nous propulsant dans la scène downtown du New York des années 1970.  

Les curateurs Jean-Yves Leloup et Marion Challier sondent ses racines musicales puisées dans la soul et le funk, son contexte social et militant, son apparition dans les clubs noirs et gays, ses répercussions mondiales et son empreinte laissée sur l’art contemporain, la décoration, le graphisme, la mode, l’architecture et le cinéma. 

Au cœur de son espace, la Philharmonie présente ainsi une myriade de documents d’époque, de photographies mythiques, d’œuvres contemporaines, de memorabilia. Le tout nourri d’une bande-son inédite mixée par Dimitri From Paris, avec des playlists et des enregistrements vintage.

©Meryl Meisler_Infinity disco_NYC_1978

Bouleversements sociopolitiques

Au-delà du style tape-à-l’œil, l’ère disco reflète surtout le climat de l’époque comme « dernière utopie du XXe siècle », à la fois festive, politique et militante.Les curateurs décryptent au plus près la naissance de la culture LGBTQ+, les émeutes de Stonewall face aux raids de police dans les bars gays ou encore l’éclosion des groupes activistes. Sans oublier la création du premier drapeau arc-en-ciel, imaginé par l’artiste et drag-queen Gilbert Baker en 1978 sous l’impulsion d’Harvey Milk, alors conseiller municipal de San Francisco et figure de la communauté gay. 

Le French disco contribue également à populariser le genre. À commencer par le groupe Village People, créé et produit par deux Français, Jacques Morali et Henri Belolo. S’ensuivent Patrick Juvet, avec ses tubes Où sont les femmes ? et I Love America, et Patrick Hernandez, pour son unique hit Born To Be Alive, détrônant les Américains sur leur propre territoire. 

L’exposition poursuit son analyse au tournant des années 1970 et 1980 avec les mutations du disco par les stars de la pop, du rock et de la variété, comme ABBA, Kiss et Rod Stewart, jusqu’à Madonna. Et plus récemment, Dua Lipa et la génération électro, des Daft Punk à Breakbot. 

Et comme de coutume, la Philharmonie complète cette curation avec des concerts et des spectacles. Notamment ceux du pionnier du disco Cerrone, du DJ et producteur Dabeull, issu de la French Touch, et des danseurs du waacking (cousin du voguing) pour une battle intensive 100 % disco-funk.

©Michael Abramson Série Chicago Southside Nightclub 1974-1977

« DISCO, I’M COMING OUT »
CITÉ DE LA MUSIQUE _ PHILARMONIE DE PARIS
221, AVENUE JEAN-JAURÈS, PARIS 19e 
DU 14 FÉVRIER AU 17 AOÛT 2025

philharmoniedeparis.fr

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