L’Academy Museum of Motion Pictures à Los Angeles propose une exploration chromatique passionnante de plus d’un siècle de cinéma.

C’est sans doute le meilleur moment pour s’arrêter quelques heures au musée de l’Académie du cinéma à Hollywood. La belle rétrospective « Color in Motion » offre une expérience sensorielle, pratique et instructive à travers l’histoire et l’évolution de la couleur. Plus de 110 films d’envergure internationale, des installations cinématographiques dynamiques et près de 150 objets de l’ère du muet à l’ère numérique sont mis en lumière. L’institution californienne explore ainsi 130 ans (1894-2024) de possibilités colorimétriques dans le septième art autour de six thèmes majeurs : la chorégraphie de la couleur, les technologies et les spectacles, l’installation de films monochromes, la couleur comme personnage, l’expérimentation, et l’arcade de couleurs.

Still from Moonlight © 2016 A24 Films

FESTIN VISUEL EN MULTICOLORE

L’exposition, curatée par la commissaire Jessica Niebel, fait ainsi place à une vaste étude en profondeur du rôle de la couleur : des avancées technologiques à son impact psychologique sur le public. Au programme ? Des objets classés selon les couleurs de l’arc-en-ciel. On cite les pantoufles en rubis conçues par Gilbert Adrian pour Le Magicien d’Oz (1939), la robe verte créée par Edith Head pour Kim Novak dans Vertigo (1958), une barre chocolatée Wonka dans Charlie et la Chocolaterie (1971), un ensemble bleu porté par Jamie Foxx dans Django Unchained (2012), la veste en velours rouge de Jack Nicholson dans Shining (1980) ou encore une maquette de la maison jaune de Là-haut (2009).

Le parcours s’ouvre sur « Choreographing Color », illustrant le lien entre la couleur, la musique et le mouvement. Cette galerie présente notamment The Serpentine Dance (vers 1894), l’un des premiers exemples de couleur dans l’histoire du cinéma. Parmi les costumes figurent les chaussons de ballet dans The Red Shoes (1948), fabriqués par Hein Heckroth, et l’ensemble rouge porté par Maggie Cheung dans Hero (2002), imaginé par Emi Wada.

HIGH-TECH ET FEMMES PIONNIÈRES

L’espace suivant est dédié aux « Technologies and Spectacles », présentant des équipements qui couvrent les avancées et la place de plus en plus grandissante des technologies de la couleur (caméra Technicolor, projecteur Kinémacolor, console de colorimétrie numérique, caméra couleur à manivelle 35 mm…).

Cette section met surtout en évidence le rôle essentiel de la gent féminine dans l’évolution des techniques de pointe et du développement des couleurs de films. Avec, pour exemple, Pathé. La société française de production et de distribution, fondée en 1896, est reconnue pour avoir employé des centaines de jeunes femmes. Notamment pour « peindre à la main des films au tournant du siècle, avant de passer à un processus de pochoir plus industrialisé en 1903, avec plus de 200 talents féminins dans sa main-d’oeuvre en 1906 ».

On peut en dire autant du département Ink & Paint de Disney, fondé en 1923 aux États-Unis, qui a été le premier à être constitué entièrement de femmes dans l’industrie de l’animation.

Still from The Wizard of Oz © 1939 Warner Bros. Entertainment

REGARDER, VIVRE ET RESSENTIR

L’exploration continue de plus belle avec « Monochrome Film Installation », qui éveille nos émotions par le regard face à la puissance chromatique. Trois écrans à grande échelle projettent des extraits de films teintés de l’ère du muet, qui montrent « la qualité hallucinatoire, vibrante et parfois surnaturelle des couleurs des films monochromes ».

« Color as Character » se penche plus volontiers sur des études de cas, centrées sur son utilisation par les réalisateurs, les concepteurs de production, les créateurs de costumes et les directeurs de la photographie. À l’aide d’objets, la galerie montre comment la couleur peut être utilisée pour « conduire le récit d’un film, créer du sens, déterminer les traits de caractère et les humeurs, et établir le temps et le lieu ».

Enfin, la section « Color Arcade » repousse les limites et se consacre à l’interactivité. Cet espace participatif plonge les visiteurs dans un design futuriste inspiré du cinéma au néon, qui leur permet de pouvoir interagir physiquement avec la couleur à travers le mouvement de leur corps. Cette magnifique expérience curatoriale se termine par un clin d’oeil au couloir de la porte des étoiles de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick, transportant le public dans un univers coloré.

« COLOR IN MOTION : CHROMATIC EXPLORATIONS OF CINEMA »
ACADEMY MUSEUM OF MOTION PICTURES
6067 WILSHIRE BOULEVARD, LOS ANGELES (ÉTATS-UNIS)
JUSQU’AU 13 JUILLET 2025
ACADEMYMUSEUM.ORG

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