Huitième film du cinéaste mexicain Michel Franco, Memory est une délicate histoire d’amour new-yorkaise au milieu d’une mémoire endeuillée.
Elle (Jessica Chastain), ancienne alcoolique, tente de surmonter le traumatisme des abus sexuels qu’elle a subis enfant. Lui (Peter Sarsgaard), atteint d’une forme précoce d’Alzheimer, tente de continuer à vivre malgré les absences et les pertes de mémoire quotidiennes. Tous pensaient (à commencer par eux-mêmes) que la vie de couple était derrière eux, pour lui comme pour elle. Ils n’étaient pas destinés à tomber amoureux l’un de l’autre.


On a connu le cinéma de Michel Franco (Chronic, Sundown) âpre, cruel, tragique et sans pitié pour ses personnages. Pourtant, pour ce long métrage américain dont l’action se passe intégralement à New York, le cinéaste nous propose une histoire d’une grande tendresse. Sur le papier, la tragédie ponctue néanmoins le scénario, qui explore diverses problématiques autour de la mémoire : celle des traumatismes les plus violents, qu’on a volontairement enfouis et qu’on s’efforce d’oublier, ou au contraire celle qui est intrinsèquement liée à notre quotidien. Ou encore la mémoire des moments heureux qu’on ne parvient plus à figer dans ses souvenirs, en raison d’un trouble neurologique.

Alors que tout appelait un ton fait de tristesse et de mélancolie, Michel Franco a l’intelligence de faire vivre ses personnages au présent, dans la beauté de leurs émotions immédiates. Une belle histoire d’amour, sublimée aussi par l’interprétation de Chastain et Sarsgaard (récompensé à Venise pour ce rôle). Si la mémoire est embrumée, autant vivre plus fort encore chaque instant.
MEMORY DE MICHEL FRANCO
SORTIE EN SALLES LE 29 MAI 2024