LA VILLE RÊVÉE DE MICAH ROSENBLATT
Spécialisé dans le mobilier sculptural, le designer originaire de Floride et basé à Brooklyn livre avec « City Block » un véritable hommage à l’architecture et à la ville.
De l’acier, des briques de verre et du tissu d’ameublement. Voilà les trois éléments principaux qui donnent vie aux 16 pièces hors du commun
signées Micah Rosenblatt. En plus d’évoquer sa ville d’adoption, New York, à travers sa skyline et ses éléments architecturaux, le designer se
plaît à explorer les points de contact entre l’ancien et le contemporain, le mythe et le moderne. « Il y a tellement de façades étranges, de
compositions architecturales et de connexions. Je voulais prendre ce paysage dramatique et industriel et l’amener à une échelle domestique
plus petite », explique-t-il.
La collection comprend notamment une causeuse en acier capitonnée, une étagère en forme d’arcade, une chaise en blocs de verre, des lampes sur pied et une table de salle à manger dotée de huit chaises hautes. Si les réalisations de Rosenblatt sont résolument contemporaines, elles affichent çà et là des éléments architecturaux historiques à de nouvelles échelles. L’un des plus remarquables est sans nul doute ce chapiteau de colonne ionique stylisé, que l’on retrouve dans les lampes et les chaises. Difficile aussi de passer à côté des pieds en acier cylindriques de cette imposante table de salle à manger, qui rappellent des silhouettes de building. Autre caractéristique forte de cette collection, l’omniprésence du bloc de verre, qui lui donne d’ailleurs son nom. Encadrés d’acier et affichant des ondulations dans la matière, les blocs de verre rappellent l’architecture de la Floride, dont est originaire Rosenblatt : « Les briques de verre ont toutes ces qualités qui m’attirent […] elles sont belles sur le plan architectural, mais également kitsch. Presque ringardes. Les remixer et les intégrer dans le design m’a permis d’ajouter une touche d’humour aux pièces. »
Autre star de « City Block » : l’acier. Un matériau qui a une place singulière dans l’histoire de l’artiste. Et pour cause, cet ancien étudiant en mysticisme juif, qui avait l’intention de devenir rabbin, a rencontré par hasard son matériau de prédilection, dans un atelier de fabrication de Brooklyn. « J’étais fasciné », se souvient-il, précisant : « Et à ce jour, je suis impressionné par ses capacités, sa force et la manière dont je peux jouer avec son poids visuel. Pour la collection, j’ai surtout voulu jouer avec sa nature délicate […]. J’ai supprimé des volumes et réduit l’acier à de simples lignes, comme s’il s’agissait d’une esquisse. » Si Rosenblatt est aujourd’hui un designer, il n’a pas pour autant totalement abandonné son autre vie. En effet, le mysticisme juif a toujours une place dans sa pratique créative. Autrefois concentré sur des notions conceptuelles et la métaphysique, il s’évertue aujourd’hui à constamment introduire la fiction et l’imagination dans le monde physique. « Lorsque je conçois et fabrique, j’essaie d’imprégner les pièces d’un sentiment de conscience de soi. Avec l’idée que si on leur présentait leur propre “objectité”, elles seraient ravies et curieuses. Elles seraient impressionnées par leur capacité à être bien plus que leur état naturel. »
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